• Chapitre 01

    Il était clair, aux yeux du monde, qu'avec une famille telle que la mienne je ne pouvais pas avoir eu une enfance malheureuse. Beaucoup, avant de me rencontrer, se permettaient même de me qualifier d'enfant pourrit gâté et affirmaient que jamais je ne saurais m'en sortir seul, trop choyé que j'étais.

    Ils n'y étaient pas du tout ! Mon père n'était pas un homme très démonstratif et, s'il était capable d'éprouver n'importe quel sentiment(ce dont je doute) il se gardait bien de le montrer au grand jour, préférant tout garder pour soi. Ma mère était décédée alors que j'étais encore très jeune et c'était à peine si je pouvais me souvenir d'elle.

    Mangemort depuis ses toutes jeunes années, Theophile Nott, l'homme qui se faisait appeler mon père, passait rarement plus de deux jours de suite chez nous. C'est triste à dire mais ce n'était sans doute pas plus mal. Lorsqu'il est absent, la vie au manoir est morne... mais elle l'est encore plus lorsqu'il est présent.

    Je passais donc le plus clair de mon temps avec James Paterson,1 un homme que mon père payait une petite fortune afin qu'il ne m'apprenne les bases. Écrire, compter, parler... réfléchir également, savoir resté calmement assit sur une chaise pendant des heures à faire semblant de m'intéresser à ce qu'il me racontait.

    Lui et moi ne nous entendions pas... et c'était le moins que je puisse dire.

    A seulement huit ans, j'avais déjà réussi à faire renvoyer une petite dizaine de précepteurs, tous plus sévères les uns par rapports aux autres. En règle général il s'agissait de vieux bonhommes avec des allures de Père Noël mais qui ne l'étaient aucunement. Leur voix était soporifique, leurs cours inintéressants et leur autorité quasi-inexistante...

    D'autant plus que j'avais su, quelques années plus tôt, me mettre notre elfe de maison dans la poche. Celui-ci n'hésitait pas à m'aider à les faire renvoyer si je le lui demandais (immanquablement je le retrouvais ensuite avec les oreilles et les doigts bandés... mais c'était son choix, jamais je ne l'avais obligé à se punir),

    Bien entendu, mon père n'était pas dupe. Il voyait bien qu'aucun ne faisait long feu alors qu'ils lui avaient été chaudement recommandés au ministère. C'est sans doute pour ça qu'il embaucha le fils d'un vieil ami à lui, décédé quelques années plus tôt... James est ainsi arrivé au manoir Nott pour ne plus en partir.

    J'eus beau faire des pieds et des mains pour le faire renvoyer, ou le pousser à bout, rien n'y faisait. Encore un peu et j'aurais pu croire que cet inconnu était plus apprécié aux yeux de mon paternel que je ne l'étais moi-même. Chacun de mes mensonges, chacune de mes idées ayant pour but de le faire tomber en disgrâce furent des échecs. Et croyez-moi... il en a pourtant bavé.

    Paterson n'avait que dix ans de plus que moi et achevait à peine ses études quand il fût embauché. Major de sa promotion à Durmstrang3, il se montrait particulièrement exigeant avec moi et n'hésitait pas à me punir parfois assez... cruellement d'ailleurs.

    Je me souviens parfaitement du jour où j'ai reçu ma première lettre de Poudlard, je n'avais encore que dix ans (mais allais en avoir onze dix jours plus tard4). J'avais été à la fois tellement surpris et excité que la leçon de James en était tombée à l'eau. Que son arithmétique aille au diable, par Merlin ! J'allais aller à Poudlard ! Et surtout... surtout je n'aurais plus à le supporter lui, tous les jours, toutes les semaines, tous les mois. Enfin j'allais avoir d'autres professeurs, des sorciers qualifiés qui plus est ! De ce fait, bon nombre de singeries se glissèrent dans mes exercices et, lorsque je m'en rendis compte, je ne su m'empêcher de ricaner bêtement. Étrangement ce ne fût pas du goût de mon satané précepteur qui, étant trop bon termes avec mon père, se permettait bien des choses.

    Imaginez un peu ! Il osa se mettre à me hurler dessus, commença à m'attribuer tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables et à menacer de raconter à mon père comment je me comportais afin que... afin que quoi ? Je n'en sais rien. Guère habitué à me laisser insulter de la sorte, je commençais à en faire de même.

    Grossière erreur, j'vous l'dis. Que peut faire un garçon de dix ans (même s'il en a presque onze) face à un sorcier d'une vingtaine d'année ? La réponse est simple : rien du tout. Je ne pouvais rien faire... et c'est pourquoi sa main vint si facilement rencontrer ma joue en un grand « clac » bien sonore.

    Aussi étonnés l'un que l'autre, nous avons écarquillé les yeux et nous nous sommes regardés. Je ne m'attendais pas à une réaction aussi violente de sa part... et lui non plus je pense bien.

    La certitude de tenir là une bonne carte pour le faire définitivement quitter le manoir me fit presque oublier la douleur qu'avait provoquée son coup.

    Je ne laissai pas une chance à Paterson de s'excuser pour son geste et je pris la fuite... ne songeant pas un instant que celui-ci me suivrait jusqu'à la bibliothèque où j'avais trouvé refuge. Encore moins qu'il se mettrait à taper des poings dessus, sachant que sa magie ne pourrait rien faire pour lui.

    Après que je sois resté bloqué quelques heures dans cette pièce à cause de ma magie instinctive (sur le coup je ne vous cacherais pas que j'ai sérieusement maudit cette dernière), mon père avait décidé d'installer un système empêchant la magie de faire effet. D'autant plus qu'ainsi, il n'avait qu'à mettre le verrou quand il voulait lire tranquillement dans la pièce... et moi également quand je voulais m'y enfermer pour fuir James.

    Celui-ci était en train de vociférer mille et une menaces. Avec lui, en une seule journée j'avais mon quota pour dix ans. J'étais de plus en plus convaincu qu'il vivait ses dernières heures au manoir et que bientôt : sa présence ne serait plus qu'un mauvais souvenir.

    Me cacher semblait être une bonne idée. S'en était une... dans ma tête. Je ratais le retour de mon père et manqua ainsi l'occasion de lui raconter ma version des faits. Fondamentalement elle n'était pas beaucoup plus différente de celle de James (un mensonge tient mieux la route s'il est associé à une bonne dose de vérité) mais j'aurais pu arranger les derniers événements à ma sauce.

    Du haut de mes presque onze ans, j'avoue que j'avais parfois (et seulement parfois) un sale caractère. J'avais deux côtés, un air gentil et angélique que j'offrais aux inconnus, et un autre plus capricieux, plus colérique, qui était quand à lui réservé à mes précepteurs (ou à d'autres... mais moins, quand même).

    La leçon que je pu tirer de cette histoire ? James est indétrônable, que mon père avait trouvé chaussure à mon pied en terme de professeur particulier et qu'il y avait de forte chance pour que Paterson ne reste au manoir même si j'étais à Poudlard (lieu où il n'avait, d'ailleurs, jamais mit un seul pied. C'est une honte!)

    " Un Nott ne se contente pas d'être bon... Un Nott se doit d'être le meilleur "


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