• Chapitre 06

    13 Juin 2000

    Les couloirs de l'imposante école de sorcellerie étaient calmes, vides, tranquilles. Trop calmes, trop vides et trop tranquilles même. Désertés de toute population, ils étaient plus tristes et plus misérables que jamais. Pire encore que lorsque ses habitants déambulaient entre leurs murs. Au moins avait-on alors l'impression qu'une certaine forme de vie existait toujours à Poudlard.

    Bon nombre de sorciers étaient allés trouver refuge dans le parc, au bord du lac. Ils essayaient, tant bien que mal, de se changer les idées : profiter du beau temps en compagnie de leur famille, de leurs amis était un moyen comme un autre de se vider l'esprit. Profiter de leur présence tant qu'ils étaient toujours là.

    Se forcer à sourire, à rire, à plaisanter. S'obliger à apprécier la vie. Donner l'illusion de. Faire comme si tout allait bien.

    Car tous étaient cloîtrés dans un petit monde d'illusions et de faux semblants. Dans un univers bien à eux, dans un pays où c'était à celui qui saurait le mieux dissimuler peine, peur et douleur.

    Stephen, lui, par contre, était à la recherche de Theodore. Lorsqu'il avait aperçu Zacharias installé au bord du lac en compagnie de Liam et quelques autres personnes qu'il n'avait pas cherché à identifier : l'ancien Serdaigle avait décidé de sauter sur l'occasion afin d'aller parler avec le Serpentard seul à seul... ce qui ne serait pas du luxe.

    Après avoir passé en revue tous les endroits où il avait cru que son ancien partenaire de cours était susceptible de se trouver (à savoir : la Grande Salle, la salle d'entraînement, les cachots, l'infirmerie, les cuisines et la bibliothèque), Cornfoot avait finit par se diriger vers la chambre qu'occupait Theodore lorsqu'il n'était pas au manoir Malefoy.

    En règle générale, il évitait soigneusement cette chambre lorsqu'il n'y avait que Smith qui s'y trouvait. Malgré tout, il savait que l'endroit pouvait être affreusement dérangé lorsqu'il n'y avait que le blaireau dans la pièce. A l'heure actuelle, pourtant, rien ne traînait... pas même une chaussette célibataire.

    Confortablement installé dans un fauteuil situé en face du lit qu'il occupait en temps normal, Theodore avait un coude posé sur l'accoudoir et sa tête reposait dans sa main. Sa jambe gauche était remontée contre lui et, sans réelles surprises pour Cornfoot, avait un livre sous le nez. Un peu plus encore et Stephen s'en serait voulu de le déranger... pour une fois que le serpent pouvait aspirer à un peu de tranquillité, loin des mangemorts et du bruit que faisait Zacharias.

    - Nott, appela-t-il cependant, ayant rapidement perdus ses quelques scrupules. On peut... parler ?

    Le second sorcier sortit, un bref instant seulement, le nez de son passionnant bouquin et fixa froidement le premier. Il avait difficilement réussit à virer Zacharias de la chambre afin de rester seul quelques heures afin de lire en paix... et voilà que cet imbécile de Serdaigle décidait de venir le déranger pour une obscure raison.

    Enfin... le connaissant ça allait certainement se rapporter, de près ou de loin, à Smith. Theodore serait prêt à mettre sa main à couper que le sujet de discussion serait celui qu'il craignait. Et c'était loin de l'enchanter.
    - Nous pouvons effectivement parler, confirma le brun, ne le regardant déjà plus. Mis à part si c'est pour te plaindre de Zacharias d'une manière ou d'une autre. Si telle était ton but... fais moi économiser du temps et prends la porte dès maintenant.

    L'ancien aigle hocha doucement la tête de droite à gauche, souhaitant ainsi faire comprendre à Nott qu'il se méprenait sur ses intentions et qu'il ne comptait pas faire demi-tour aussi vite. A la place, il s'installa tranquillement sur le bord du lit de Theodore qui fronça les sourcils en le voyant faire. Ce dernier ne devait pas se rendre compte d'à quel point il était facile deviner ses pensées rien qu'en le regardant... car en plus des sourcils, ses lèvres se pincèrent et son corps tout entier sembla se tendre et se tenir prêt à bondir pour le faire sortir.

    Néanmoins, sur le coup, il n'émit aucunes protestation.

    Stephen laissa s'écouler quelques minutes avant d'enfin reprendre la parole. Il espérait, au fond, que le Serpentard lui aurait posé une question afin de savoir de quoi il en retournait... et dans l'espoir qu'il ne quitte plus vite la chambre : mais il n'en fit rien. Pendant ces quelques instants de silence, Cornfoot recommença à regarder la chambre, s'attardant un peu plus sur ce qu'elle contenait.

    Lorsqu'il était de surveillance, il lui arrivait fréquemment de détailler les pièces où les sorciers dormaient. Ces endroits lui permettaient d'en apprendre davantage sur leurs occupants. Alors qu'une personne pouvait mentir sur ses intentions, sur ses sentiments et sur ses pensées, il était bien plus difficile de faire mentir une pièce. De tout dissimuler.

    Le lit du premier était, sans réelles surprises, parfaitement fait tandis que les draps du second étaient en boule sur le matelas. Cela correspondait à l'idée qu'on se faisait de ces deux là. Un Theodore qui n'appréciait pas le désordre et un Zacharias qui laissait ses affaires en plan. Il trouvait étrange que le premier n'ait pas décidé de refaire le lit du second... mais soit. Pourquoi pas.

    Sur la table de chevet du serpent se trouvait une quantité impressionnante de petites fioles. La majorité était pleine, mais certaines d'entre elles semblaient être entamées. Celle de Smith, en revanche, regorgeait d'objets en tout genre... allant de fausses baguettes en réglisses aux restes de bougies totalement fondues, en passant bien évidemment par des bandages toujours soigneusement enroulés.

    - Comment peux-tu supporter Smith ? Questionna-t-il finalement, fuyant le regard de son interlocuteur.
    - Cornfoot, il me semblait t'avoir dit que, commença à siffler Theodore. Fou le camp !
    - Non non ! Se hâta à dire le premier. C'est simplement que... c'est juste de la curiosité, j't'assure. Vous êtes tellement différents... Votre entente dépasse la logique.

    L'ancien Serpentard plaça un morceau de parchemin dans l'épais livre qui était toujours sur ses genoux. Sans doutes aurait-il réussit à retenir sa page sans cela, mais il préférait rester prudent. Une fois ceci fait, il le ferma enfin, mais le garda sur ses genoux. Son regard était rivé sur le sorcier qui était toujours assit sur son lit et qui donnait l'impression de ne pas vouloir en bouger tant qu'il n'aurait pas reçu un minimum de réponses à ses questions.

    - Zacharias n'as pas toujours été comme ça, murmura Nott. Je sais pas si tu te souviens de lui quand on était encore étudiants mais... il était capable de sourire, de rire, de vivre à l'époque. Il était même capable de faire confiance, c'est dire.
    - Il te fait confiance, rappela l'autre. Si c'est pas de la confiance, j'sais pas ce que c'est.
    - Sans doutes, accepta le premier. Sans doutes mais... il faisait plus facilement confiance que maintenant c'est ça que je voulais dire. Trop facilement confiance car certaines personnes ne la méritaient pas. C'est là que se trouve le nœud du problème. C'est ça qui l'a... changé.

    Assit bien droit sur le lit, Cornfoot n'interrompit pas Theodore. Pas pour l'instant. Il préférait que le serpent aille un peu plus loin dans ses explications avant de reprendre la parole pour faire ses remarques.

    - Zach n'a pas un mauvais fond, il se protège simplement par peur de souffrir de nouveau. C'est une chose qu'on a coutume de nous reprocher, à nous autres, Serpentard, mais c'est une chose que l'on fait tous, y compris les Gryffondor... y compris toi, se permit-il de dire, un petit sourire moqueur sur le coin des lèvres. Tout le monde se protège, même si tous n'en sont pas conscient.

    Stephen ne semblait pas convaincu et ne s'en cacha pas.

    - Tu dois te souvenir, j'espère, de John Cadwallader...
    - C'était un Poufsouffle, non ? Répondit l'aigle sans voir l'intérêt de la question. Il s'est fait tuer y a deux ans... ou un truc comme ça.

    Le serpent confirma ce que venait de dire son ancien camarade. Un sourire triste sur le visage, on eut pu croire qu'il était en train de se replonger dans un souvenir particulièrement douloureux. Ce qui était le cas. John avait été un ami de Zacharias. John avait été son ami.

    - Megan Jones, reprit Theodore, la voix tremblotante. Zach et elle... ils étaient proches, vraiment proches. Tout comme John et Zach, ou Zach et moi, ajouta-t-il pensif. Mais il l'a tué. Il a dû tuer une de ses plus anciennes amies dans un acte de légitime défense.
    - Quel rapport avec Cadmallader ?
    - John Cadwallader, le corrigea le premier plus agressif qu'il ne l'aurait voulu. Avant d'essayer de tuer Zach, elle s'en est prise à lui. Il n'a pas eu la chance d'en réchapper, lui. Zach a eu du mal à supporter ces deux pertes successives.

    A présent, vert et bleu se regardaient. Muets.

    - Il fait des cauchemars. Il a peur que quelqu'un, à l'intérieur du château, ne vienne le tuer dans son sommeil. C'est à ça que servent les bougies, que servent les baguettes... il espère qu'ainsi il aura le temps de se défendre. Tu pourrais savoir tout ça, Stephen, si tu n'étais pas aussi occupé à le détester, lui reprocha-t-il. Tu pourrais savoir ça si tu faisais ton boulot pendant tes gardes... et si tu daignais passer dans cette chambre même en mon absence.
    - Nous avons tous nos démons, commença à voix basse le second. Des choses horribles sur la conscience, des choses dont nous ne sommes absolument pas fiers et que jamais nous ne saurons oublier et encore moins nous pardonner. Et pourtant, sommes-nous tous devenus comme lui ? A repousser et se méfier de tout le monde !
    - Nous avons tous une approche différente des événements, Cornfoot. J'aimerais voir comment tu réagirais si vos rôles étaient inversés... si tu avais dû tuer une personne qui t'étais chère.

    Stephen se leva enfin du lit sur lequel il était resté assit tout du long. Il fit quelques pas en direction de l'ancien Serpent, qui fût un de ses partenaires de cours. Ce dernier ne se méfia pas, ne voyant là rien d'anormal, et resta sur son fauteuil à fixer son locuteur.

    -  Il ne s'est jamais vraiment remit de la mort de John et de la trahison de Megan... il a peur d'être de nouveau déçu par ses proches et les garde donc éloignés... tu ferais pareil. J'en suis convaincu.

    Il pensait n'avoir rien à craindre du comportement du Serdaigle jusqu'à ce que celui-ci ne lui attrape le poignet et ne remonte, de force, sa manche. La marque des ténèbres qui s'y trouvait apparut alors.

    - Maintenant permet moi de te poser une autre question, murmura-t-il à son oreille. Comment se fait-il que ce soit toi qui ait la confiance de Smith... alors que tout le monde sait que tu es marqué. Comment peut-il te faire confiance et te supporter sachant que tu es un des leurs ?
    - Ce n'est pas le moment, Cornfoot, cracha Theodore en se dégageant de sa prise et rabaissant sa manche. C'est pas le moment pour ce genre de conneries, bon sang !

    Le Serdaigle essaya de lui reprendre le bras afin de le confronter à ce qu'il était avant d'être membre de l'Ordre ; mais sa victime l'évita de justesse et le fusilla du regard.

    - Je veux savoir si je peux te faire confiance. Savoir si ON peut te faire confiance. Savoir comment certains peuvent te faire confiance.
    - Va demander à Severus, siffla Nott. Il sera ravi de te répondre, j'en suis certain. Maintenant dégage si tu ne veux pas que je te dégage moi-même.


  • Commentaires

    1
    Moi
    Jeudi 17 Janvier 2013 à 13:55
    Stephen est con il ne comprends pas l'amour qui unit Zach & THeo ! Qu'il aille se pendre. AU BUCHEEEEEER ! Nan en faite je l'aime bien mais j'sais pas pourquoi. il est zarbi... J'suis sûr c'est un p'tit con.
      • Snapou Black Profil de Snapou Black
        Vendredi 18 Janvier 2013 à 07:05
        Comment ça un petit con ? Mais j'l'aime bien aussi Stephen...
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