• Zacharias ne se releva pas comme l'aurait cru son visiteur. Bouche bée il restait assis. Choqué. Beaucoup trop pour avoir la moindre réaction.

    - Mort, murmura-t-il. Il est... mort.
    - Il a succombé à ses blessures cette nuit, acquiesça Harry. Et son gardien aimerait te parler. Je lui ais dit que c'était une mauvaise idée, que tu n'étais pas en état mais il... il insiste.
    - De quel droit te permets-tu de dire ce genre de choses ?

    Le blond fusilla le brun du regard. Il secoua la tête de droite à gauche, grimaça et l'observa. Son dégoût était parfaitement visible.

    - Auror de pacotille, grinça-t-il. Tu sais ce qu'est Sheep ! Tu sais ce qu'il est !
    - Dis-moi donc... parce que mis à part un assassin : je me demande ce qu'il peut être.

    L'ancien blaireau leva les yeux au ciel. Après avoir inspiré un grand coup, il planta son regard dans celui de son supérieur.

    - Un être humain. Celui qui aura vu Theodore en vie en dernier. Il était... s'il n'avait pas si mal tourné il aurait fait un auror génial. Un leader parfait contrairement à toi.
    - Zacharias, menaça Harry.
    - Zacharias rien du tout ! Liam Sheep ne t'arrivait pas à la cheville.

    -_-_

    Liam s'était glissé jusqu'à la porte et avait passé sa main entre les barreaux. John se baissa et l'attrapa afin de la serrer et s'installa contre le mur, tout proche du prisonnier.

    - Vous lui direz ? Demanda celui-ci, pitoyablement.
    - Je te le promet.

    L'inversion de leur deux manières de parler étaient flagrante. Le tutoiement de Sheep était désormais chez Adamson quand son vouvoiement avait rejoint la bouche de Liam. John n'hésitait plus autant à communiquer avec l'assassin : sa fin était proche, de toutes manières.

    - Si je pouvais je reviendrais en arrière et ne le tuerais pas. Ne le blesserais même jamais. Il n'avait rien à voir dans l'histoire c'était entre Smith et moi : un combat à mort mais entre nous deux uniquement. Là nous l'avons terminé mais il n'y a aucun vainqueur. Ni lui, ni moi. Et c'est pour ça que Theodore aurait dû rester vivant.
    - Car une vraie victoire aurait existée, murmura John en serrant un peu plus fort la main du prisonnier qui lui broyait les doigts. Et donc une vraie défaite... Là tu gardes un goût amer.

    Liam acquiesça doucement, les yeux à moitié fermé et la tête posée sur les barreaux gelés, il respirait lentement. Une main se posa sur sa joue. Au prix de quelques efforts, le prisonnier observa son gardien et émit un fin sourire.

    - Et les autres ? Demanda John.
    - Les autres n'étaient que des pions sur l'échiquier. Nott était le roi blanc. Un roi qui avait envie de vivre et de s'en sortir, souffla Sheep. Putain je l'admirais ce mec, presque autant que Smith. Il se savait foutu mais aura tout tenté pour me donner du fil à retordre. Je... comprends comment ils pouvaient s'aimer : ils étaient de la même trempe.

    Il marqua un bref silence.

    - Tuer Theodore c'est ce qui a causé ma perte mais je m'en fou. Au fond ce n'est que justice. Mais Smith a gagné et ne peut même pas savourer cette victoire : je lui ais prit tout son plaisir.
    - Mais n'est ce pas ce que tu voulais ? Tout lui prendre. Gagner même dans la défaite.
    - Je ne pensais pas que la victoire aurait ce goût là... amertume et dégoût.
    - Dégoût ?
    - Tout avait un but, un sens... on pourrait dire que sa mort en avait plus que toutes les autres réunies.

    Liam se tût de nouveau et regarda John Adamson, pendu à ses lèvres. Le premier soupira, secoua la tête et ferma les yeux.

    - Contentez-vous de dire à Smith de se battre, retourner bosser et vivre, eut-il le courage de sourire avant d'ajouter tout bas. Qu'il redevienne l'homme que j'admirais.
    - Pourquoi ne pas lui dire tout ce que tu viens de dire ?
    - Je préfère qu'il garde comme image de moi... l'image d'un parfait connard.

    Une dernière fois, le prisonnier tourna la tête vers le gardien. Celui-ci n'était pas d'accord avec ce qu'il disait et ça se lisait sur son visage. Il n'était pas d'accord pour que Smith garde une aussi piètre image de sa personne.

    Pourquoi avait-il tant parlé. S'il avait tellement tenu à ce qu'Adamson ne dise qu'une simple chose "Battez vous, retournez bosser, vivez" pourquoi tout lui avoir dit. Alors qu'il savait que le gardien avait apprit à l'apprécier.

    Pour qu'il ne désobéisse à sa volonté et ne dise tout, malgré tout, à Smith. Mais pour cela encore fallait-il que John accepte de ne pas tenir la promesse qu'il avait faite.

    - Je suis désolé, Liam, murmura l'homme de l'autre côté de la grille. Mais... Non.


    -_-_-

    - Ce qu'il n'était pas, murmura Adamson sans oser regarder l'auror blond.
    - Je sais, souffla celui-ci.

    Le gardien, comprenant que l'autre homme souhaitait rester seul dans la morgue un moment. Rester seul aux côtés de Sheep. Car quelque chose les liait et il était certain que ce n'était pas la complicité d'un meurtre, que Smith n'avait rien à voir dans les crimes du prisonnier. Mais il y avait quelque chose.

    - Adamson ? Le retint-il tout de même.

    John se retourna. Zacharias l'observait, la bouche entrouverte mais sans parler. Il devina ce qu'allait dire l'autre...

    - Je l'admirais aussi.

    Ses doutes furent confirmés.

     

    Fin ... sauf qu'il sera possible qu'une troisième partie apparaisse plus tard : et ce chapitre serait alors à ne pas prendre en compte


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  • Zacharias plongea, tête la première, dans la pensine. Pas besoin de réfléchir longtemps : oui c'était une mauvaise idée... mais une idée qui était également absolument merveilleuse.

    -_-_

    - Theo ?
    - Va te faire foutre Smith. Tu m'emmerdes.
    - Theo ! Il se... on a... mais écoute moi à la fin. S'il te plait.
    - J'ai pas envie, souffla le brun. Ou plus envie... au choix.

    Il se tourna, aussi théâtral qu'à l'ordinaire. Le serpent fixait le blaireau puis secoua la tête et soupira.

    - J'en ai assez de jouer, Zach. De souffrir. J'en peut plus.

    -_-_

    Les mains crispées sur le bord de la table, il respirait avec peine. La douleur était trop présente mais les souvenirs lui avaient parus si lointain. Ils semblaient presque venir d'une autre époque.

    -_-_

    - Non mais Zach-euuuuuuuuuh ! J'vais t'en coller une tu vas rien comprendre à ta vie !
    - T'oserais pas...

    Le jeune serpent sourit en coin, l'air de rien. Il leva la main et l'abattit sur son blondinet de petit-ami.

    - T'oserais, se reprit le blond en se massant.
    - Ouuuuuuuuuupps.

    Le grand sourire innocent qu'il avait et cette étincelle dans son regard... stoppèrent net Zacharias dans son désir de vengeance.

    -_-_

    Ses jambes cédèrent et l'auror se roula en boule au pied de la table où reposait la pensine. La tête entre les jambes que ses bras serraient, il pleurait.

    Et derrière, un pauvre elfe de maison qui ne savait pas comment réagir face à tant de détresse chez le Maître Zacharias Smith.
    Pauvre, pauvre maître.

    ______

    Adamson observait Liam allongé dans son lit depuis un moment déjà. Le meurtrier ne bougeait pratiquement pas. Le meurtrier ne bougeait pas. Le gardien hésitait à pénétrer dans la cellule.

    Si Sheep n'avait jamais semblé violent, s'il n'avait jamais occasionné le moindre doute dans son esprit : il ne fallait pas qu'il oublie qu'il avait une petite dizaine de meurtre à son actif. Dont celui d'un auror.

    L'homme était malin et rusé. Smith avait spécifié dans ses notes, avant le décès de son petit ami, que Liam était un homme qui se fondait dans la masse grâce à son apparence mais les choses devaient s'arrêter là. Il était réfléchit et logique, rien de ce qu'il faisait n'était fait à la légère.

    Cadwallader. Zabini. Granger. Nott. Si les premiers meurtres n'avaient eu de communs que leur meurtrier, ces quatre derniers étaient liés tel un noeud gordien que Smith avait tranché. Mais à quel prix.

    A ce qu'on disait l'auror avait complétement perdu les pédales.

    - Adamson, chuchota Liam. Vous... vous pourrez dire à Smith que... je regrette d'avoir tué Nott.
    - Que vous regrettez d'avoir tué ces gens ?

    Le prisonnier gémit alors qu'il se redressait sur son avant bras et se tournait de manière à voir le gardien. John fronça les sourcils. Il n'avait pas été chargé de faire sortir l'assassin de sa cellule pour qu'il prenne l'air... ni de le faire rentrer. A ce moment là il avait dû aller gérer une bagarre à l'opposé de la prison.

    S'il avait su que Liam avait de nouveau fait office de punching-ball à Nott, il n'avait pas cru que ce soit à ce point. Ses mots prenaient tout leur sens. Il avait peur pour sa vie et était convaincu qu'il ne reverrait plus son auror favoris.

    - Non. Juste Nott.
    - A cause de ce que son père te fait ?

    Le voilà repassé au tutoiement. Mais Sheep semblait tellement faible, tellement mal, tellement... humain. Il lui fallait vraiment prendre sur lui pour ne pas entrer dans cette cellule et lui prodiguer les soins les plus rudimentaires.

    - Non, souffla le prisonnier. J'aurais pas dû le tuer. Je voulais... ce que je voulais c'était... ridicule et inutile. Lui montrer que j'étais le plus fort ou me montrer que j'étais le plus fort. Au fond peu importe.
    - Pourquoi ?
    - Puisque j'ai tout de même perdu. Mais quitte à tout perdre... j'aurais aimé conserver l'admiration de Smith, plutôt que ne garder que son dégoût.

    Un vieux gardien qu'il avait connu à ses débuts avait coutume de dire "Les morts sont bavards, petit."... et ce n'était que maintenant qu'il comprenait cette phrase. Son sens.

    - Je resterais ici, Liam, promit-il et insistant sur son prénom.

    ______

    Harry avait laissé quelques jours à Zacharias. Qu'il s'habitue et accepte l'idée d'une nouvelle coéquipière. Qu'il ne comprenne que Mary n'allait lui laisser aucune chance et lui faire aucune faveur et que le moindre mot de travers qu'il lui dirait et Theodore risquait d'être mêlé à la conversation.

    Pourtant le blond n'était pas réapparut au bureau. Pas une seule fois. Même pour l'insulter. Ce qui n'était pas normal puisqu'il avait passé l'étape où il l'ignorait superbement pour entrer à pieds joints dans la suivante "Potter tu vas regretter d'être encore en vie"

    - Le maître est dans sa chambre, couina Dips.

    A grandes enjambées il alla jusqu'aux escaliers et quatre à quatre il monta les marches. Que Smith ait continué d'habiter au Manoir Nott était un mystère pour lui, tout devait lui rappeler Theodore.

    - Zach ? C'est Potter.
    - Potter le saint sauveur, lança un être sarcastique de l'autre côté de la porte. Dégage !
    - Ca concerne Sheep.

    Chose que ne comprendrait jamais l'homme à lunettes : la porte s'ouvrit à la volée sur une furie blonde. Les cheveux en bataille et une barbe de plusieurs jours, ses vêtements étaient tout froissés : comme s'il avait dormit avec.

    Au vu de ses pieds nus, du peu de bruit fait lorsqu'il avait traversé la pièce et du lit défait : c'était probablement le cas.

    - Qu'est ce qu'il a fait ? Qu'est ce qu'il a dit !


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  • Sur le canapé, les jambes à la place de la tête et la tête à la place des pieds. Zacharias portait une attention toute particulière aux jambes courtes et maigrelettes de l'elfe de maison qui courrait à droite et à gauche du salon. Sans jamais s'interrompe. Toujours à travailler. Le moindre petit grain de poussière était chassé.

    Après que Liam ne s'en soit une première fois prit à Theodore, à la librairie, les ordres de Zacharias s'étaient fait plus stricts encore. Et c'était resté ainsi.

    - Dips ? Tu veux qu'on fasse une partie d'échec ?

    La petite créature sursauta et, d'un habile demi-tour, se figea dans la direction de son maître. Une bouteille de bière au beurre vide dans la main, deux autres dans le même état posées à même le sol, le jeune homme faisait de la peine à Dips.

    -_-_

    On tira la chaise en face de Theodore qui travaillait dans la bibliothèque depuis plusieurs heures déjà.

    - C'est bien plus simple d'humilier, de dégrader, de se foutre de la gueule de quelqu'un... que d'admettre que tu l'aimes.

    Le brun leva les yeux en direction du nouvel arrivant. En reconnaissant la chevelure blonde du blaireau Zacharias Smith, il se renfrogna. Son visage se ferma et sa main se crispa sur sa plume.

    - Je ne suis pas un conseille matrimonial, Smith, claqua-t-il. Avant de gérer la vie sentimentale des autres, il faudrait que je sache m'occuper de la mienne. Et puis je m'en fiche de tes déboires.

    L'autre soupira et prit la main du reptile pour poser sa plume sur le bord de son encrier. Ce dernier fixait le premier, bouche bée.

    - C'est bien plus simple d'humilier, de dégrader, de se foutre de la gueule de quelqu'un, que d'admettre que tu l'aimes, répéta-t-il.
    - Je pense avoir comprit, murmura le brun.

    Zacharias leva la main qu'il approcha de la joue de Theodore, mais s'arrêta à quelques centimètres de celle-ci. Nott l'observait, les yeux grands ouverts et silencieux.

    - Tu n'as rien compris, abruti, murmura le blond.


    -_-_

    - Tout le monde meurt un jour, souffla Theodore. Plus ou moins jeune. Plus ou moins vieux. Plus ou moins douloureusement. Plus ou moins glorieusement. On choisit rarement où, quand, comment nous mourrons. Donc si : on s'en fou, Zach. La mort : c'est à la fois la seule chose que nous sommes surs d'atteindre dans la vie et la chose que nul ne veux connaitre.

    Zacharias l'avait écouté. Simplement... écouté.


    -_-_

    - Les meilleurs partent les premiers.
    - J'ai donc raison d'avoir peur pour toi ?

    Theodore sourit et ce simple fait valait tout l'or du monde. Zacharias en était plus que persuadé. Et même ! Même pour tout l'or du monde, et plus encore, il n'aurait pas changé ce moment. Il venait enfin de sourire. Il ne l'insultait plus.

    - Je suis là Zach, bafouilla-t-il. Si besoin. Si tu... si tu veux parler.

    Il était si maladroit dans ses mots que le blond en sourit à son tour.

    - Tu sais aussi où est notre salle commune. Si besoin tu n'auras qu'à demander au tableau de me faire appeler... même tard.
    - Merci, murmura le blond.
    - Qu'est ce que je n'aurais pas donné pour voir Zacharias Smith dans cet état... pourtant je n'en retire aucune joie. Aucun plaisir.

    Malgré lui, le blond sourit à son tour. Triste sourire. Sourire discret. Sourire. Smith se mordit la lèvre et resta silencieux, comme Nott.

    - Teddy ? Pardonne moi.
    - C'est impossible. Plus possible. Dès l'instant où tu t'es tourné vers moi... quand tu as accepté de me montrer ce que tu ressentais et que tu avais besoin de moi et que tu voulais de moi.


    -_-_-

    Liam, à même le sol, cracha du sang sur les chaussures de son bourreau. Ce dernier, furax, leva le pied et le flanqua dans la figure du malheureux.

    - Tu lui a fait ça, à mon fils ? hurla Theophile en tirant le brun par les cheveux. Tu l'as fait souffrir ?
    - Non, couina-t-il. Non je... non.

    Des larmes de douleur coulaient sur le visage tuméifié du prisonnier. Ses doigts se serrèrent dans la terre de la cour tandis que le plus vieux le tirait par les pieds vers l'arrière.

    Il glissa sur le sol. Le sol irrégulier, les bosses, les cailloux.

    - Arrêtez, demanda-t-il, pathétique. Stop. J'ai... j'ai mal.

    Sheep leva, tant bien que mal, ses bras pour essayer de se protéger le visage. Le coeur au bord des lèvres, la tête lui tournait et il n'avait qu'une envie : que tout cela ne cesse.

    - Sheep, siffla le vieux Nott. Il t'a aussi dit qu'il avait mal et demandé d'arrêter ? Il m'appartenait ! C'était à moi de le tuer ! Il était à moi !

    L'autre prisonnier n'ajouta rien. Theodore était le noeud du problème. On ne lui reprochait pas d'avoir tué le jeune homme mais d'avoir empêché son propre père de le faire.

    Il priait pour qu'un gardien n'arrive et ne mette fin à son calvaire. Pour qu'on éloigne Nott de sa personne. Qu'on les sépare. Qu'on le sauve. Si ça continuait ainsi... il ne donnait pas cher de sa peau.

    Etait-ce ce qu'avait ressenti Theodore lors de l'explosion de la librairie ? Lorsqu'il avait comprit que Sheep l'avait à sa merci ? Lorsque le couteau s'était présenté à sa gorge.

    - Theodore était mon fils ! Tu n'avais pas le droit, Sheep.
    - Quand vous dites ça on pourrait penser que vous êtes un père normal. Alors que vous êtes fou. Fou à lier.


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  • Zacharias examinait la baguette de la victime. Harry lui avait pourtant conseillé d'aller sur le terrain et de laisser le soin à Mary de se pencher sur le bout de bois, ce qu'il avait catégoriquement refusé. A présent il le regrettait amèrement et se demandait si son chef n'avait pas souhaité lui épargner ces conclusions.

    - Potter, alla-t-il l'embêter. C'est... tu peux regarder pour moi ? J'ai dû faire une erreur.
    - Non Smith, soupira l'homme aux lunettes rondes. Nous venons bel et bien de retrouver la baguette de John. Lorsqu'elle ne sera plus une pièce à conviction, j'essaierais d'aller la restituer à sa famille.

    Le blaireau, le visage fermé, fixait le monde extérieur. Le ciel nuageux lui semblait inconnu, comme s'il venait tout droit d'un autre monde.

    Ou peut être était-ce lui qui arrivait d'ailleurs.

    _____

    Liam, assis au bout de sa cellule, à même le sol, regardait Adamson parler à un de ses collègues. Il les écoutait même très attentivement depuis qu'il avait reconnu son nom, mêlé à celui de Smith et Nott.

    Lequel des deux, en revanche, ne l'avait pas intéressé. Il n'avait été cité qu'au début, lorsque son attention était encore attirée par cette mouche qui voletait dans la cellule.

    - Il est cinglé, insista le garde inconnu, ce qui n'aidait pas Sheep pour savoir qui était le sujet de leur conversation (bien qu'il puisse sans doute retirer Theodore Nott de la liste de suspects). Cet homme n'a pas toute sa tête je te dis ! A sa place je remercierais Nott plutôt que soigner Sheep. Je commence à penser que... ce qu'on dit est vrai.
    - Et que dit-on ? Demanda Joh, parfaitement au courant.
    - Qu'il a dû passer un marché avec Sheep.

    Il avait parlé à voix basse. L'inconnu le regarda ensuite du coin de l'oeil, comme pour vérifier qu'il ne les écoutaient pas.

    - Cadwallader était un collègue qui aurait pu lui faire de l'ombre ou le démasquer, poursuivit-il. Granger ? Il la détestait tout simplement. Zabini était un ami de Nott, comme par hasard. Et Nott. Les quatre dernières victimes sont des connaissances de Smith. Et Nott, encore une fois... c'est.
    - Précisez que vous parlez de Theodore, se moqua Liam. Et dites vous que si Smith me déteste... il déteste plus encore Theophile.

    Adamson esquissa un sourire ; alors que son collègue grimaçait, conscient d'en avoir bien trop dit dans un lieu non sécurisé. Sheep pouvait prévenir Smith de ce que l'on disait à son propos. Si une part de vérité existait alors... nul ne pourrait le savoir.

    - Et Smith veut des réponses, murmura Liam. A n'importe quel prix.

    _____

    Une main pendait, lamentablement, dans le vide quand l'autre bras s'étendait sur le bureau et accueillait sa tête. Les yeux clos et la bouche légèrement entrouverte : Zacharias se donnait corps et âme à son travail. Lorsque Mary était revenue et l'avait trouvé ainsi, elle avait voulu le réveiller avant que leur chef ne le trouve ainsi et ne lui fasse une réflexion. Pourtant, ce dernier posa une main sur son épaule et l'en empêcha.

    - Quelque chose me dit qu'il n'a pas aussi bien dormi depuis longtemps, se justifia-t-il à voix basse. Il mérite un peu de repos et... au moins pendant ce temps là : il ne nous embêtera pas.

    Elle acquiesça et reporta pourtant son attention sur la forme endormie. Avant d'aller s'asseoir auprès de Harry, qui avait prit place autour de la table de débriefing. De la poche intérieur de sa veste, Mary Valentys sortit son calepin.

    Les chaises et les bureaux n'étaient pas les endroits les plus confortables pour dormir, au contraire. Habitué, pourtant, le manque de confort ne gênait plus l'endormi qui venait de bouger.

    - Je pense que le bon temps est terminé, plaisanta le brun.
    - Entendre ta voix dès le réveil, Potter... tu souhaites ma mort, avoues.

    L'homme à la cicatrice sourit, puis décala sa chaise sur la gauche afin de laisser de la place à Zacharias. Celui-ci arriva en roulant, toujours assis sur son fauteuil à roulette. Sans attendre qu'on ne l'y autorise, il prit les notes de Valentys, à peine posées sur la table et les lues en diagonales.

    - Mis à part l'écriture facile à déchiffrer... je n'ai rien de bien à en tirer, conclut-il à voix lente. C'est inintéressant, creux, vide et on se demande ce que tu as foutu pendant que je dormais.

    Elle reçu les remarques en pleine figure, telle une paire de claque. Elle lui aurait volontier rappelé sa sieste, mais il s'en était chargé à sa place, lui coupant ainsi l'herbe sous le pied. A l'allure de l'ancien blaireau, son sourire en coin et ses yeux qui hurlaient "victoire" tout en faisant la danse de la joie : elle ne savait que dire pour se défendre.

    Rien ne saurait l'atteindre.

    - Que t'ai-je dis au sujet de ce regard ? Pas à moi.
    - Ton Theodore... tu le retenais contre son grès ou était-il simplement stupide ?

    Harry, par mesure de sécurité, recula sa chaise de la table. S'il ne quitta pas la pièce s'était uniquement pour être près à intervenir si le besoin se faisait sentir. Mary n'avait pas misé sur le bon cheval. Atteindre Zacharias : d'accord, il n'était pas contre. Tirer sur cette corde sensible, en revanche.

    Il n'y eut pourtant pas la moindre confrontations. Sans un mot, Zacharias posa les notes de sa nouvelle collègue sur la table puis se leva pour prendre congé.

    - Bon courage pour tirer quelque chose du travail de cette incompétente, lança-t-il à l'adresse de son supérieur. Si besoin, je serais chez Tom.

    Puis il disparut. La jeune femme avait perdu son air victorieux, qui n'avait pas su s'éterniser. Elle mesurait le poids de ses mots et les regrettait déjà.

    - Il va au chaudron baveur, traduisit Harry face à son regard inquisiteur. Il va encore se bourrer la gueule.


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  • - C'est moi qui n'ai pas voulu lancer les recherches immédiatement, expliqua Potter à haute et intelligible voix. Qui ait voulu attendre les quarante huit heures réglementaires.
    - Il l'aurait tué quand même, marmonna Smith. Il a attendu qu'on arrive pour...
    - Ca tu n'en sais rien, le coupa sèchement le survivant.
    - Je vais parler à Sheep pour essayer de comprendre ! Si. Il a attendu le dernier moment.

    L'homme à la cicatrice regardait l'autre, les sourcils froncés. Jusqu'où irait-il pour avoir ses réponses ? Rendre visite tous les jours à Liam Sheep n'était pas une  des meilleures idées qu'il ait eu, c'était peut être même la pire.

    Devrait-il interdire à Smith l'accès à Azkaban, le temps que l'homme n'ait son jugement et ne soit condamné au baiser ? Jusqu'à ce qu'il n'ai reçu ce fameux baiser ? Ne pas lui interdire d'y aller ? Même avec ça, Zacharias serait encore capable de s'y rendre, de voir Sheep et de le soigner en échange de quelques réponses.

    - Tu ne peux pas le soigner, Zach. C'est...
    - Contraire au protocole, termina-t-il. D'autant plus que je suis concerné de près et blablabla. Mais je te trouve bien mal placé, Potter, pour me dire qu'un règlement est fait pour être respecté.

    Mary Valentys avait reprit sa place à son bureau, l'air de rien, et recommencé à rédiger ses rapports. Pour le moment elle n'avait travaillé sur aucune grosse enquête, juste quelques délits mineurs et sa paperasse serait vite terminée. Elle savait, en revanche, que lorsque les affaires se corseraient, le retard ne serait plus permis. D'autant plus que la mémoire humaine à ses limites.

    Dès le premier jour, Harry Potter l'avait mis en garde. Lorsque Zacharias, cet agaçant personnage, daignerait revenir au bureau : mieux vaudrait faire profil bas. Elle n'avait su s'y résoudre. Le laisser avoir le dessus sur elle n'était pas dans ses plans et s'il lui fallait s'affirmer autant le faire dès le début. Si elle commençait par se laisser marcher dessus : elle ne pourrait aller bien loin.

    - Sans cesse aller voir Sheep ne va pas t'aider à oublier Theodore.

    Le blaireau frappa du poing sur la table. Si cela avait été possible, de la fumée serait sortie de ses oreilles et Potter serait mort fusillé sous ses regards assassins. Mais cela n'était bon que dans les dessins animés moldus donc mieux valait ne pas y penser.

    - Je te demande d'oublier Black ? D'oublier Lupin ? D'oublier Dumbledore ? D'oublier Granger ? Enuméra Zacharias. Je te demande d'oublier tes parents ?
    - Ce n'est pas comparable.

    _____

    Adamson avait laissé Sheep faire la conversation seul. Perdu dans ses pensées, il essayait à la fois de comprendre Liam et de trouver des réponses logique au comportement de l'auror Smith. Qu'est ce qui pourrait conduire un agent des forces de l'ordre à prendre en pitié un assassin ? Qui plus est celui qui avait tué un collègue ainsi que son petit ami et quantité d'autres sorciers.

    Selon les bruits de couloirs, que ne pouvait s'empêcher d'écouter Adamson même s'il n'aimait guère s'y fier : l'homme avait un comportement étrange ces temps-ci.

    Certains diront qu'il peine à se remettre. Colère et culpabilité était trop fortes. D'autres qu'il y a anguille sous roche et qu'il a quelque chose à voir dans ces décès et plus qu'on ne le soupçonne.

    Pourtant, lorsqu'il l'avait vu la veille, et une fois encore en fin de matinée : John ne s'imaginait pas l'homme coupable du moindre meurtres. Pas plus qu'il ne croirait Sheep capable de la barbarie dont il était accusé.

    Soit : juger n'était pas son fort.

    - Tu peux au moins faire semblant de m'écouter, Adams", s'agaça le prisonnier. J'en ai tué pour moins que ça, tu sais.
    - Je sais. Simplement pour atteindre Smith, par exemple.

    Liam baissa les yeux et regarda ses pieds à la place. Le gardien identifierait presque du remord dans cette réaction. Mais pas chez Sheep. Cet homme ne savait pas ce que signifiait ce mot.

    - Je l'aurais plus touché si je n'avais pas tué Theodore, expliqua-t-il. Enfin... je l'ai trop touché là et c'est pas bon.

    Adamson soupira. En effet : pas de regrets. Enfin si mais pas un regret louable. Avoir prit la vie d'une quantité d'innocent ne l'affectait pas. Avoir mal calculé son coup de couteau, par contre.

    - Pourquoi Smith est-il ainsi avec toi ? Demanda finalement le gardien. Après ce que tu as fait.
    - Ca... c'est une longue histoire, sourit le brun en l'observant. Très, très longue histoire.

    Le gardien regarda le prisonnier.
    Il essayait de le comprendre mais n'y parvenait pas.
    Il essayait de ne pas s'intéresser à lui mais n'y parvenait pas.
    Il essayait de le détester pour les crimes commis mais n'y parvenait pas.
    Sheep ne pouvait pas être ignoré. Sheep ne pouvait pas être détesté malgré les atrocités commises. Parce que Sheep avait un charisme monstre et aurait su vendre une maison à ses propriétaires.

    - J'ai tout mon temps.

    Adossé contre le mur du fond, les bras croisés et un sourire moqueur sur la figure, Liam fixait attentivement Adamson.

    - Que voulez vous savoir ?
    - Pourquoi Smith s'intéresse tant à vous.
    - Et vous ? Pourquoi vous intéressez vous tant à moi ?


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