• " - Zach, appella-t-on doucement. Tu veux que j'te dise un truc que tu sais pas ?
    - Vas-y, tente ta chance.
    - Tu fais pitié.

    Dans un éclat de rire, Theodore sauta par dessus le dossier du canapé et se cacha derrière tandis que son susceptible de petit ami cherchait dans le salon des munitions. C'était une après-midi pluvieuse et douloureuse pour le premier qui cherchait à se décontracter de son mieux... même si c'était le blond qui devait en pâtir. Il fallait bien qu'il ne serve à quelque chose, non ?

    - Vous paierez cher votre affront, monsieur Nott."

    Il se réveilla en sursaut et alluma sa lampe de chevet pour admirer le vide à ses côtés. Pourquoi changer ses nouvelles habitudes. L'auror avait parfaitement su gérer le décès de ses parents, lors de la guerre contre Voldemort. Su passer outre de son sentiment d'injustice, quand Bryan, son cadet, avait lui aussi perdu la vie. En revanche pour Theodore... le sentiment de culpabilité qui s'installait en lui était si présent, si frais, si puissant qu'il doutait jamais savoir s'en séparer.

    Quoi qu'en ai jamais dit et pensé Theodore : il n'avait jamais su se conduire correctement avec lui. Les derniers évènements parlaient en sa faveur : il n'avait su empêcher Sheep de tuer Theodore, de même qu'il n'avait su prévoir et arrêter Liam, encore une fois, dans son attentat à la librairie. Pourquoi n'avait-il pas été capable de lui mettre la main dessus avant que le criminel ne décide d'en faire,  son tour, une histoire personnelle ?

    " - Tout le monde meurt un jour. Plus ou moins jeune. Plus ou moins vieux. Plus ou moins douloureusement. Plus ou moins glorieusement. On choisit rarement où, quand, comment nous mourrons. La mort... c'est la seule chose de la vie que nous sommes sur d'atteindre un jour.

    Zacharias l'avait écouté, simplement écouté."

    - Maître Smith va bien ? Dips s'inquiétait de ne pas voir Monsieur Smith descendre. Maître Smith a besoin de quelques choses ?

    Le sorcier sursauta et manqua de tomber en bas du lit. Perdu, une fois de plus, dans ses souvenirs, il n'avait eu conscience du temps qui passait et de l'heure qu'il était. Dips était au petit soin avec lui, comme il l'avait toujours été vis à vis de Theodore.

    - Dips, tu as connu Theodore à partir de quand ?
    - Tout enfant, maître Zacharias, répondit la créature, surprise.

    Pendant que le jeune auror demandait comment Theodore avait réagit au décès de sa mère, à Azkaban la situation commençait à s'obscurcir. Theophile et Liam venaient de se rencontrer.

    Dos au mur, le jeune homme aux cheveux bruns tenait tête à celui plus âgé qui tentait de l'intimider. Si d'apparence Liam souhaitait faire croire à son interlocuteur qu'il n'était nullement inquiet, c'était quelque peu raté.

    - Sheep c'est ça ?

    Il acquiesça, n'ayant nullement honte de qui il était. Malheur lui en prit. C'est à la suite de ce petit hochement de tête que les malheurs commencèrent. Un poing atterit dans son nez, faisant couler lentement du liquide rouge sur le bas du visage. S'en suivit un violent coup dans l'estomac qui le mit à genou, au sens propre comme figuré. Et une dizaine d'autres, si bien qu'il cessa de compter. Tout compte fait, ce n'était peut être pas une si bonne idée que ça de dire son nom.

    - Retiens bien mon nom : Theophile Nott.

    Pas bonne du tout.

    Aussitôt eut-il fait cette constatation, que les coups reprirent de plus belle. Plus fort, plus nombreux, plus douloureux.

    " - Les meilleurs partent les premiers.
    - J'ai donc à avoir peur pour toi ?

    Theodore sourit et ce simple fait valait tout l'or du monde. Zacharias en était plus que persuadé. Et même ! Même pour tout l'or, et plus encore, il n'aurait pas changé ce moment. Il venait enfin de sourire, il ne l'insultait plus.

    - Je... je suis là, Zach. Si besoin, bafouilla-t-il ensuite, maladroitement. Tu sais ça... et tu sais aussi où est notre salle commune. Si besoin, même tard, demande Blaise ou moi au tableau.
    - Merci.
    - Qu'est ce que je ne donnerais pas... qu'est ce que je ne serais pas prêt à faire pour voir Zacharias Smith dans cet état.

    Malgré lui, le blond sourit à son tour. Triste sourire. Sourire discret. Sourire.

    - Theo.. pardonne moi.
    - Ca... c'est impossible, enfin... plus. C'est fait dès l'instant où c'est vers moi que tu t'es tourné... quand tu as montré que tu avais besoin de moi.
    - Tu ne vaux pas plus que moi, Theo, ricana Zacharias. Espèce de...
    - C'est pas moi qui suis un blaireau, c'est toi qui est un serpent, contra aussitôt le brun. Blaireau."

    Liam fût soulevé par un auror tandis que deux autres maintenaient Theophile Nott éloignés. Il fût lévité jusqu'à sa cellule, tandis que son agresseur était menotté puis placé en cellule d'isolement.

    On soigna, d'une manière rudimentaire, le blessé avant d'aller questionner Nott. Nott n'était pas un prisonnier réputé violent. Il était ici pour avoir été un mangemort de la première heure, certe... mais il n'était pas violent envers les autres... prisonniers, cela s'entend.

    Au vu du casier de Sheep, ils auraient même pu être "amis" (si les assassins avaient des amis). Multiples meurtres, tortures, séquestration. Mis à part le profil de leurs victimes et leur arrestation... rares étaient les différences.

    L'un s'en prenait uniquement aux sorciers, des personnes qui pourraient se défendre à armes égales avant qu'il ne les attaque et ne les désarme. L'autre avait toujours privilégié les moldus et les nés moldus. Sacré point noir, tout de même.
    Ensuite, le premier avait été arrêté suite à un dernier "coup d'éclat" en tuant un auror au passage, tandis que le second ne devait son arrestation qu'à un malheureux hasard : il s'était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment... dans un bar en même temps que l'auror Smith.

    Sheep avait aussi été arrêté par Smith. Ou presque. Smith y avait contribué mais n'avait pas directement passé les menottes à l'homme... occupé qu'il était à trembler devant le corps de la dernière victime : Theodore Nott.

    Tout s'expliquait. Du début à la fin. De A à Z. Il avait tué son fils unique, n'importe quel père en voudrait à mort...

    Même Theophile Nott ?

    Non décidément... il devait y avoir autre chose. Mais quoi ? Peu de personnes sauraient répondre. Une. Deux. Eventuellement trois. Mais autant aller au plus simple et interroger l'agresseur.


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  • Dips observait, une fois de plus, Zacharias en train de dormir. L'homme s'agitait, murmurait des excuses à l'égards de Theodore, il semblait en plein rêve... ou plutôt cauchemar.

    "Theodore était en train de marcher, seul comme à son habitude, quand une main le retint. Méprisant, il regarda le propriétaire des cinq doigts et le tua, ensuite, du regard.

    - Lâches moi Smith, ordonna-t-il en articulant parfaitement. Tu m'emmerdes là, à toujours me suivre.
    - Theo... il se... on a... mais écoutes moi à la fin ! S'il te plaît, ajouta précipitemment Zacharias en voyant la main du brun glisser vers la poche qui abritait sa baguette. Theo.
    - Tu vois, là... j'ai pas vraiment envie... non en fait : j'ai plus envie, Zach.

    D'un mouvement brusque, il se dégagea de la poigne de son camarade et reprit sa route, l'air de rien. Il laissa le blond seul au milieu du couloir, qui ne pouvait s'empêcher de le regarder partir.

    - Smith, souffla à son oreille un autre serpent. Si on peut se permettre, Draco et moi... il faudrait que tu lui laisses du temps.
    - T'es bien placé pour donner des conseils de couples, Zabini.
    - De couple peut être pas ... mais te dire comment approcher Theodore, crois-moi ... je suis le mieux placé."

    __

    Liam ouvrit les yeux dirigea aussitôt sa main vers sa tête. Il avait mal partout. Nott avait de bon reste et cognait encore rudement fort pour son âge. L'assassin sourit. Ce qu'il avait pu être idiot, tout de même.

    Theodore avait oeuvré pour le "bien", son père pour le "mal". Mais ils n'en restaient pas moins effroyablement proches et semblables. Ils ne se supportaient pas, physiquement ils étaient deux sosies avec plusieurs décennies d'écart. Ils étaient chiants, tous les deux ... et leur statue en imposait.

    Enfin, Theodore en imposait quand il était debout et capable de marcher ; nettement moins quand il était en fauteuil ou pire.

    __

    Zacharias reçu un coup de cheminé, rapide et sans entrer dans des détails insignifiants, de la part de Harry. Potter avait jugé utile de l'informer de l'agression de Sheep. Merlin mais qu'en avait-il à faire. Sheep pouvait bien crever qu'il s'en fichait.

    Non il ne s'en fichait pas. si Sheep crevait, il offrait une médaille à son tueur et l'aiderait même à fuir Azkaban. C'était tout ce que méritait l'autre enfoiré. Il avait tué trop de monde.

    - Maître Zacharias a besoin de quelque chose ?
    - Ma veste, s'il te plaît.

    Une manie qu'il avait attrapé de Theodore. Demander poliment, ponctuer ses ordres de formules de politesses. Le brun n'était pas un sorcier banal. C'était sans doute pour cela qu'il lui avait tapé dans l'oeil... à Poudlard déjà.

    " Blaise, le jour où je voudrais me teindre les cheveux en blond, t'en fais pas ... tu seras le premier à le savoir.
    - Mais ça serait classe ! Comme Draco !
    - Blaise. Smith à la classe. Draco a juste l'air ridicule avec ses cheveux blancs. Et si j'en crois ton sourire débile ... l'un des deux blond se trouve derrière moi."

    Suivit le premier échange de parole qu'il eut avec le Serpentard. Et les deux côtés furent surpris. L'autre n'était pas aussi stupide, agaçant et idiot que ne le laissait croire son image, sa maison ou ses fréquentations.

    " Blaise ! Tu ramasses ce que tu as fait tomber, ordonna Theodore en pointant sa baguette sur son ami. Sinon gare à toi."

    Ce jour-là, Zacharias avait réellement comprit à quel point Theodore savait se faire écouter. Il menaçait sans avoir à mettre à exécution la dites menace. Personne de censé n'ayant la bêtise de tenter le diable.

    Parce que... il le ferait le bougre. Oh que oui ! Il n'hésiterait pas un instant à ensorceller celui ayant osé lui désobéir.

    " Zacharias Smith, tu reviens dans cette pièce et tu t'excuses... immédiatement !
    - Mais c'est qu'un elfe ! Tu vas pas te la jouer Granger non plus.

    Le brun le fusilla du regard. Et parole de Poufsouffle ... Zacharias n'avait véritablement pas vu venir la carafe d'eau qui se déversa sur sa tête.

    - J'ai été gentil avec toi, Zacharias, ne m'oblige pas à être méchant. Tu t'excuses auprès de Dips sinon...
    - Sinon ?
    - Je vais dormir chez Blaise. Et pas pendant un jour ou deux."

    - Votre veste, maître Zacharias.
    - Merci, Dips, sourit le blond en se touchant machinalement les cheveux.

    Qu'espérait-il ? Les sentir mouiller ?

    __

    Liam se leva enfin, il dû s'appuyer contre le mur quelques minutes avant de retrouver une vision claire, limpide... mais il la retrouva. Vache, il se méfierait de Nott maintenant.

    Mais avant il voulait voir Smith. Zacharias. La seule personne en qui il avait confiance. Etrange. Il avait tout fait pour le tuer à petit feu, il y était parvenu en achevant Theodore ... et voilà où il en arrivait !

    - Liam, mon grand ... Azkaban ne te réussit vraiment pas, se dit-il à voix haute. Hey Gardien ! Vous pouvez appeler l'auror Smith pour moi.
    - Il a probablement mieux à faire que parler avec une petite pourriture dans ton genre, Sheep. Alors rallonges toi et laisses tes blessures se soigner.
    - Je ne me rallongerais que si on appelle Smith.

    Le gardien haussa les épaules et se détourna du prisonnier dont il était chargé de surveiller l'état.

    John Adamson travaillait à Azkaban depuis plus de quinze ans. Il en avait vu passer des assassins, des tueurs en série, des mages noirs du dimanche, des mangemorts. Des pourritures, il en avait vu, ça oui. Il était toujours resté de marbre face à eux, le sourire de dément, leur regard de timbré, leur tête d'allumé. Mais Sheep... Sheep c'était autre chose.

    Le brun semblait normal. On l'aurait croisé dans la rue, à aucun moment nous n'aurions jugé utile de nous méfier de lui. Et pourtant. John préférait être affecté auprès des mangemorts qu'auprès de Sheep. Au moins, les mangemorts ... ce n'était que des ordures de pacotilles, des suiveurs.

    Sheep était un génie.

    De nouveau il se tourna vers le prisonnier.

    - Sheep, comment t'as pu te laisser surprendre par Nott.
    - C'est une bonne question, Adamson, très bonne question, commenta Liam en lui souriant. Mais je ne dirais rien. Les efforts doivent aller dans les deux sens. Tu appelles Smith, et je te réponds.

    Merlin. Il avait envie de le tuer.

    __

    - Theophile, on te le demande une dernière fois ... pourquoi cet excès de violence.
    - Il a tué mon fils, marmonna enfin le vieil homme. Il a tué mon fils !

    Les gardiens, qui essayaient de faire parler le mangemort depuis de longues minutes, restèrent pantois. Y avait-il anguille sous roche ?

    - C'était à moi de le faire, ajouta Theophile entre ses dents. A moi de le tuer. A moi ! PAS A CETTE ESPECE DE GUGUS !

    A présent ils comprenaient mieux ... et ils étaient presque rassurés : Nott restait Nott.


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  • - Pourquoi, répéta Liam. Je voulais que tu te souviennes de moi, pourquoi... tu en as de bonne. Mais parce que.
    - Pourquoi Theodore ?
    - Il a eu le malheur d'être la personne qui comptait le plus pour toi. Le malheur de compter. J'avoue que j'ai un peu regretté de le tuer.

    La tête de Zacharias se redressa comme si elle avait été posée sur un ressort. Venait-il bien de dire ce qu'il pensait qu'il avait dit ?

    - Il est intéressant ; vous avez bon goût au moins. J'avouerais même que parfois... il m'a surprit.

    Le blond ne détournait plus son regard de Liam qui le regardait à présent un peu perplexe. Précipitamment, le premier se releva et fit demi-tour. Arrivé à la porte, il s'arrêta et se tourna.

    Liam n'avait pas bougé. Toujours aussi nonchalant sur sa chaise, toujours de dos, c'était comme s'il ne venait pas de bouger, ou que le prisonnier n'avait rien remarqué : impossible. Sheep avait sans doute compris qu'il allait partir avant même que lui ne se décide à le faire : il était stupéfiant.

    - Tu repasseras Zacharias, assura Liam, souriant. Bien plus vite que tu ne le penses. Tu ne veux pas voir Potter mais tu meurs d'envie de me voir. Tu ne veux pas lui parler, à Potter... mais tu bois mes paroles comme du petit vin. Tu sais que j'ai tué Theodore mais tu m'en veux moins qu'à Potter.

    Il se tourna enfin, avec fracas, surprenant l'auror qui n'était pas en service.

    - Il n'est responsable de rien. Je l'aurais tué de toute manière. Au moment où j'ai enlevé Theodore au nez et à la barbe des médicommages... il était condamné.
    - Je sais.

    Il leva la main, prêt à vraiment mettre les voiles cette fois.

    - Evite de boire, Zach. Ca ne te va pas. La boisson te rend bête.
    - Vous ne me connaissez pas, Sheep.
    - Je te connais. Mieux qui quiconque. Enfin... Theodore devait me surpasser mais puisqu'il est mort : il ne compte plus, termina-t-il, narquois.

    La porte claqua aussitôt après, Liam avait réussi à toucher Zacharias au point qu'il ne puisse plus le cacher, quel bonheur, quelle agréable sentiment. Même derrière les barreaux, même quand il était un occupant d'Azkaban, il pouvait encore atteindre Smith. Il n'aurait pourtant pas mit sa main au feu.

    Dos à la porte, l'auror n'avançait pas. De l'autre côté du mur se trouvait Liam Sheep, la personne qu'il aurait dû détester mais il n'y parvenait pas. Avec Potter c'était facile : il est inintéressant et tout le monde l'aime, facile de le détester. Avec Granger aussi, la meilleure amie du survivant et une salope de première. Mais lui... lui aussi ça devrait être facile : il avait tué Theodore ! Et Blaise ! Et John. Il devrait le détester... mais non.

    Qu'est ce qui pouvait bien clocher chez lui ? Mis à part un tas de truc qui n'avaient rien à voir.

    - Tout va bien m'sieur ? Vous voulez un médico'?

    Aucune réponse ne quitta ses lèvres. Se sentait-il bien ? La réponse était un non ferme, catégorique, définitif : comment le pourrait-il ? Mais jamais il ne pourrait le dire à ce gardien. Ce parfait inconnu. Il ne pourrait comprendre.

    Il ne comprendrait pas comment un auror pouvait autant tenir, autant aimer un fils de mangemort, même s'il ne l'était pas lui-même : c'était fermé d'esprit ce genre de personnes, les gardiens... pas plus bornés qu'eux.

    Pas plus qu'il ne saurait comprendre l'obsession qui naissait en Zacharias vis à vis de Sheep. Ce dernier avait voulu tout savoir de lui, le connaitre de son mieux pour mieux frapper : c'était à son tour à présent, sauf qu'il ne tenterait rien. Aucune attaque. Rien d'illégal. Il voulait juste le comprendre.

    S'aidant de la main tendue, il se releva et dépoussiera ses vêtements. Azkaban était peut être devenu plus facile à vivre, il n'était pourtant pas devenu un lieu brillant de propreté.

    - Il faudrait que je vois Monsieur Nott.
    - Euh... je vous l'amène de suite.
    - Non non ; je veux aller le voir.

    Il haussa les épaules et fit comprendre à l'auror de le suivre. Pourquoi faire des histoires ? Pourquoi tenir tête à l'un des hommes qui remplissait la prison et qui lui fournissait un travail ?

    Un frisson dans le dos, il suivit l'homme. Les couloirs, anarchiques, se ressemblaient tous. Les couloirs, anarchiques, ne se ressemblaient pourtant pas. Theophile Nott était-il au courant ? Et s'il ne l'était pas ... devait-il le lui dire ? Après tout, Sheep était à quelques cellules de lui seulement et que le vieil homme n'ai la soudaine envie de tuer l'assassin de son fils ne serait une première. Son fils ? Le considérait-il encore comme tel à présent ? Après tout ce qu'il avait fait, ou pas fait.

    - Qui voilà donc, grinça l'homme qu'il venait justement voir. On vient m'annoncer quoi ? Votre mariage futur ? Je peux être présent ? Merlin non, je préfère encore rester entre ces murs.
    - Theodore est mort.

    L'homme aux cheveux grisonnant (et grisonné même) se recula des barreaux. Ce bon à rien d'auror disait n'importe quoi. Le morveux ne pouvait l'être. Ils s'étaient simplement séparés en d'assez mauvais termes. Ô joie. Enfin un peu de bonheur dans ce triste monde.

    Un sourire aux lèvres, le prisonnier regardait l'auror. Le senior fixait le junior. Etait-il à la recherche d'un sourire qui pourrait montrer que ce n'était pas politiquement vrai ce qu'il venait de dire ? Il ne trouva rien.

    - Votre fils est mort, répéta Zacharias, effaré par ce sourire. Votre unique fils. Je sais que vous ne le portiez pas dans votre coeur mais... même.

    Le gardien s'était mit en retrait, considérant à raison qu'il n'était concerné par cet échange. Néanmoins il ne partait pas : Nott avait beau être derrière les barreaux, l'auror semblait si mal en point qu'il sentait qu'il était de son devoir de ne pas trop s'éloigner.

    - Sérieux ? finit enfin par demander Theophile, toutes traces de sourire désormais disparu. Il... comment ?

    Adossé au mur, juste en face des barreaux, Zacharias peinait à rester tel qu'il était : calme. Le mangemort, condamné, semblait plus regretter de ne pas l'avoir tué lui-même que le savoir mort. C'était Theophile Nott, à quoi c'était-il donc attendu.

    - C'est le nouveau ? Insista l'homme grisonnant. Euh ...Sheep ?
    - J'en ai fini avec lui.

    Le gardien hocha la tête et s'approcha de nouveau. Ce fût plus fort que lui mais il resta un peu en retrait, près à rattraper l'auror s'il venait à se trouver mal. Ce qu'il pouvait être pâle et gauche dans ses gestes.

    - Merci. A bientôt je pense.

    Le blond salua l'homme qui répondit au geste, puis prit la porte. Ne lui restait plus qu'à attendre la prochaine barque et elle avait intérêt à être rapide. C'est qu'il faisait froid sur cet îlot perdu au milieu de nul part. *

    - Tiens tiens, Zacharias.

    Et merde.


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  • Comment était-il habillé ? Avec des vêtements trop grands pour lui, noirs, neufs... ceux de Theodore. Rien que cela pouvait témoigner de sa détresse. Et tout le reste, en y regardant à deux fois. Une journée, ou même moins avec lui le prouvait bien assez.

    Tous les matins, il se préparait dans le noir, se lavait le plus silencieusement possible. Tous les matins, il demandait à Dips de commencer à préparer un chocolat chaud pour Theodore, et tous les matins il avait droit à un hochement de tête de l'elfe qui s'en allait le préparer. Maitre Theodore n'était plus, monsieur Smith était bouleversé par ce fait... alors lui faisait son maximum pour que les choses ne changent pas... pas trop vite au moins. Puis, tous les matins, Zacharias partait alors que la créature achevait sa préparation. Il parait vagabonder, errer sans but... mais ne partait certainement pas travailler : voir Potter ? Merci. Mais non merci.

    Tous les midis il allait faire un saut à Fleury & Bott. Tous les midis il rencontrait Liam Pace. Tous les midis, il serrait les poings pour ne pas blesser cet innocent qui n'avait de mal que le prénom et une ressemblance physique assez maigre. Tous les midis... il réalisait que c'était vrai.

    Alors tous les après-midi, s'il ne la passait pas dans le canapé... à dormir tant bien que mal ; dans leur lit... à se pencher sur des souvenirs ; dans la cuisine à regarder Dips ne rien faire... s'il ne faisait cela alors il s'installait dans le fauteuil de Theodore et allait et venait inlassablement entre son côté du lit et l'escalier.

    En fait, c'était cet escalier l'assassin. C'était lui ! Qui avait précipité le brun à St Mangouste. C'était lui ! Qui avait été aidé Sheep à lui mettre la main dessus. Lui !

    - Monsieur Smith a eu de la visite ? Questionna l'elfe en trottinant vers le blond. Voulez vous un remontant ?
    - Je veux juste Theo...
    - Dips sait, monsieur. Dips aussi voudrait... maître Theodore.
    - J'ai... j'ai l'impression que c'était hier, poursuivit-il, imperturbable. Mais non. J'ai l'impression que c'est qu'un... un affreux cauchemar mais... Theo m'aurait déjà réveillé, se contredit-il aussitôt. Dis-moi, Dips, honnêtement... tu le reconnais ton "monsieur Smith" dans la loque qui est sous ton nez ?

    L'elfe hoché négativement la tête. Le sorcier lui avait précisé d'être honnête. Il le fait. L'homme, face à lui, n'en était plus un. Il le savait. Lui, petit elfe de maison, n'avait fait que confirmer. Rien de fondamentalement grave, bien au contraire. Si ça pouvait l'aider à remonter à la surface.

    " - Zach ? Je peux te poser une question ? Le brun n'attendit pas la réponse pour se lancer. Qu'est ce que tu fais allonger en bas des escaliers ?
    - Je suis tombé ; ça ne t’arrive jamais ?
    - Non. J'suis trop parfait pour ça."

    Si seulement il avait pu avoir raison. Si seulement ça avait été vrai. Si seulement il avait été véritablement trop "parfait" pour ne jamais tomber. Si seulement.

    Soudain, il se leva et se précipita à l'étage. Sans regarder autour de lui, sans admirer le carnage qu'il avait fait dans la pièce, il ouvrit son placard et attrapa ses propres vêtements. Le blond courut ensuite vers la salle de bain et se prépara en quatrième vitesse. Il avait besoin de faire quelque chose. De voir quelqu'un et ne pourrait pas attendre le procès.

    Harry n'approuverait pas son envie subite de voir Liam, mais au diable le Potter ! James non plus d'ailleurs, déjà ça calmait ses ardeurs... non. Il devait y aller et il irait.

    Zacharias  n'eut aucun mal à réussir à aller à Azkaban, en général c'était en partir qui était plus difficile. Il suffisait de monter dans une barque, mais encore fallait-il qu'il n'y en ait. Assis sur l'embarcation précaire et en bois, Smith était le seul sorcier qui ne parlait pas et il était pourtant le plus habitué à ce trajet donc normalement celui qui aurait dû être le plus rassuré. Loin de là.

    Il avait peur. Peur de Liam. Peur de sa réaction. Peur de le revoir. Mais il y avait ce besoin, irrépressible besoin de le revoir. C'était devenu une nécessité.

    On lui demanda de s'asseoir sur une chaise branlante et cassée. Il dû ensuite attendre qu'on ne le fouille et remontra son insigne pour qu'on lui fiche la paix tout en gardant sur lui sa baguette. Simple précaution.

    Enfin, arriva Liam. Les deux semaines derrières les barreaux ne l'avaient pas changé. Il restait toujours aussi droit, toujours aussi sur de lui. Le visage fermé, c'était comme s'il ne souffrait pas, comme s'il n'avait pas peur. Il devrait pourtant, lorsque son procès serait fini... il y avait de fortes chances qu'il ne soit condamné au baiser du détraqueurs en raison du meurtre de Cadwallader. Ca ne pardonne pas le meurtre d'un auror. S'il s'en était tenu à Granger ou à Blaise ou à Theodore, ou aux trois même, il aurait simplement écopé d'une peine de prison à perpétuité. Comme si la vie de simples civils valait moins que celle d'un auror.

    - Zacharias, salua le prisonnier comme s'ils étaient deux vieux amis. Comment vas-tu ? Tu... tu as maigris non ?

    Les mains sur les jambes, les ongles s'enfonçant dans sa peau, il prenait sur lui pour ne pas le frapper. Il le méritait, non ? Liam était en train de le provoquer, d'essayer délibérément de le faire sortir de ses gonds. Il lui fallait se montrer plus malin et faire honneur à Theodore : masquer ses émotions

    - Ne me réponds pas, Zach, sourit Liam en s'asseyant en face. Je sais très bien que la réponse est "oui", tu as maigris et ça se voit. J'ajouterais même que tu te laisses aller ces derniers jours mais que tu t'es fais tout beau pour moi... tu me flattes.

    Les yeux de l'assassin s'arrêtèrent sur les phalanges un peu rouges de son unique visiteur.

    - Qui as-tu frappé ? A mon avis c'est Potter.
    - Pourquoi ? Souffla Zacharias, n'écoutant plus les divagations de Liam, apparemment il n'était plus tout à fait le même.
    - C’n’est pas moi qui l’aie frappé hein, tu es sans doute mieux placé pour me répondre. Mais à mon avis... tu le tiens responsable de la mort de Theodore. J'ignore pourquoi puisque c'est moi qui tenait le couteau.
    - Je parle pas de ça Sheep, coupa, enfin, sèchement Smith.

    Liam recula sa chaise et s'affala un peu plus dessus. Le visage calme, l'attitude posée, il soupira et admira Zacharias.

    - Je vais t'avouer que je vais te regretter. J'ai bien aimé cette année passée à te narguer.
    - Tout comme j'aurais pu aimer celle passée à vous pourchasser si elle ne s'était pas terminée ainsi.
    - C'était inévitable, il me fallait taper un grand coup. Il fallait que tu te souviennes de moi.
    - Pourquoi ?
     


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  • Zacharias était assis sur le canapé qu'il avait ramené de son appartement au moment de son installation chez Theodore. Il était assis dessus et regardait avec intérêt une bouteille posée juste devant lui, sur la table basse. Par moment, ses yeux louchaient vers le verre debout juste à côté, il savait que ce n'était pas une solution, que l'idée était mauvaise et pourtant. Il n'y avait qu'après qu'il parvenait à dormir. Qu'après qu'il ne voyait plus Theodore.

    " - Tu ne vas pas ramener cette horreur chez moi, quand même ! C'était indigné Theodore en voyant le meuble sur lequel il était actuellement assis. C'est une faute totale de goût. Il est immonde ce canapé. Juste bon à...
    - C'était celui de mes parents, avait-il soufflé, la gorge nouée.
    - Ah. On... on va le mettre dans le salon si tu veux. Dips ! Tu peux montrer à Zach s'il te plait ?
    "

    Theodore avait toujours détesté ce canapé mais l'avait accepté quand il avait connu sa provenance. Au jour d'aujourd'hui, l'homme aux cheveux paille le détestait lui aussi : il devait porter la poisse, il ne pouvait s'agir que de cela. Sans attendre une minute de plus, Zacharias se pencha quelque peu et attrapa d'une main certaine la bouteille. A une incroyable vitesse, il dévissa le bouchon et se remplit un verre. Un. Rapidement suivit de trois autres.

    " - Zacharias Smith ! Venez ici immédiatement !

    Face à ce cri, qui ne laissait place à aucunes remarques, il s'était approché de Theodore, tête baissée. Le brun lui avait ordonné à relever la tête, souhaitant vivement qu'il ne le regarde, qu'il ne fasse face à ses erreurs. Le propriétaire de la maison avait entre les mains une bouteille de whisky pur feu, ouverte.

    - Puis-je savoir ce que c'est ?
    - Bien sur maman, c'est une bouteille d'alcool.
    - Et puis-je savoir pourquoi elle est à moitié vide ? Reprit-il sur un ton de reproche.
    - Pourquoi voir les choses aussi négativement... tu peux te dire qu'elle est à moitié pleine.

    Il le vit sourire et abandonner la bataille. C'était toujours ainsi entre eux : quand l'un s'énervait, souvent pour rien, contre l'autre, il suffisait de sortir une idiotie et tout rentrait dans l'ordre. Ils l'avaient tous deux bien vite compris.

    - Si t'as besoin de parler : parle. Mais parle moi, évites de parler avec la bouteille : ce serait un vrai dialogue de muet.
    "

    Il se leva un peu trop vite et tomba à genoux alors qu'il n'avait pas fait trois pas. Sa tête heurta la table basse et il sentit quelques gouttes de sang couler. Il ne broncha même pas. La douleur n'existait pas. Ou alors il ne la ressentait pas. Plus.

    Trop fatigué physiquement. Trop fatigué émotionnellement. Il n'en pouvait plus. Depuis deux semaines qu'il se trainait à droite et à gauche de la maison sans envie, sans entrain. Il était vivant mais mort. Il était mort mais vivant. Quel paradoxe.

    Il ne se redressa pas, toujours au sol, l'auror prit un coussin qui était à portée de bras et l'amena à lui. Enfin, il s'endormit.

    Ce n'est que le lendemain matin qu'il se réveilla, après une longue nuit de sommeil qui ne fût pourtant pas réparatrice du tout. Ca ou rien c'était exactement la même chose.

    On frappait à la porte depuis quelques minutes. L'absence de réponse aurait dû le pousser à partir mais non. Au fond de lui, le blond commença à craindre l'arrivée de Potter. Non. Il n'oserait pas pointer le bout de son infâme nez. Pas si vite.

    Face à l'insistance de son visiteur, il daigna se relever. Alors qu'il allait quitter le salon, Zacharias se rappela la bouteille et le verre. Il fit demi-tour.

    Il y avait quand même de forte chance pour que ça ne soit Potter derrière la porte et ce n'était pas pour le ravir. Le balafré pourrait bien attendre quelques minutes encore derrière la porte, voilà qui lui ferait les pieds. Zacharias était certain qu'habituellement on accourait quand c'était "Le survivaaaaaant" à la porte, il ne s'agissait pas de le faire attendre. En fait : il était en train de lui rendre service.

    Zacharias se resservit un verre, un sourire satisfait sur le visage. Enquiquiner Potter le faisait sourire, si son parrain savait il en éclaterait de rire. Le premier sourire qu'il faisait en quinze jours de temps et c'était dans un moment pareil.

    Il le vida cul sec et décida d'aller enfin ouvrir à son invité, sans se mettre à faire autre chose entre temps. Ses jambes le portaient mais tremblaient, pas sous son poids, il devait avoir un peu perdu en plus, mais à cause de l'alcool qu'il avait dans le sang. Oh et puis ce n'était pas un délit d'avoir un peu trop bu quand on est chez soi et que notre supérieur avait provoqué la mort de l'être qui nous est le plus cher.

    Foutu Potter !

    Foutu Potter ! Pourquoi fallait-il qu'il n'ait raison ? N'aurait-il pas pu laisser attendre un quart d'heure une autre personne ? Non ! Forcément ! Forcément la personne qu'il pensait emmerder. C'était bien sa veine ça.

    L'homme aux cheveux bruns, aux yeux verts, à la cicatrice en forme d'éclair ne dit rien. Il resta plutôt bouche bée devant le blond. Ca ne pouvait être Smith. Pas son cher agent Smith. Pas ce désagréable Zacharias Smith. Il ressemblait, physiquement, plus à la version blonde de Theodore qu'à un Zacharias Smith. Sa perte de poids. Son visage pâle. Ses vêtements.

    - Ce ne sont pas les tiens, constata simplement le visiteur en guise de salut.

    Il n'eut aucun retour, pas même un de ces adorables regards noirs qu'avait apprit à faire Smith à force de côtoyer Theodore. La ressemblance entre les deux regards assassins était flagrante, n'importe qui l'aurait remarqué, nul besoin d'être auror.

    Depuis le décès de Theodore, deux semaines plus tôt, Zacharias n'était plus rien. Qu'une ombre. Qu'une triste mécanique rouillée et sans âme. Plus personne n'était en mesure de le reconnaître. Son physique, ses vêtements, ses pensées, sa manière d'être... il était à deux doigts de dire son caractère aussi. Parce que tout, absolument tout, avait changé.

    - Mais parle-moi, supplia Harry. Réponds-moi ! Insulte-moi !
    - Cela te ferait plaisir. Je veux tout... sauf ça, dit-il enfin, la voix rauque, dénuée de sentiment. Tu ne vaux pas la peine d'être insulté.
    - Tu l'as fait pour Sheep. Et c'est lui qui a tué Theodore, pas moi !

    Il reçut le poing de son ancien collègue dans le nez. Il n'avait rien vu venir, pas même la rage éclairant à présent le regard de son agent.

    - Ne parle pas de lui, articula-t-il lentement, la voix pleine de menaces qui promettait d'être sans pitié. Jamais.

    Et sans même daigner laisser au Survivant le temps de répondre, il lui claqua la porte au nez. Du côté intérieur, il colla son dos contre le mur et se laissa doucement glisser, entrainer vers le bas. Et ce n'était pas qu'une métaphore. Il sombrait... réellement et totalement.
     


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