• Chapitre 13

    Sur le canapé, les jambes à la place de la tête et la tête à la place des pieds. Zacharias portait une attention toute particulière aux jambes courtes et maigrelettes de l'elfe de maison qui courrait à droite et à gauche du salon. Sans jamais s'interrompe. Toujours à travailler. Le moindre petit grain de poussière était chassé.

    Après que Liam ne s'en soit une première fois prit à Theodore, à la librairie, les ordres de Zacharias s'étaient fait plus stricts encore. Et c'était resté ainsi.

    - Dips ? Tu veux qu'on fasse une partie d'échec ?

    La petite créature sursauta et, d'un habile demi-tour, se figea dans la direction de son maître. Une bouteille de bière au beurre vide dans la main, deux autres dans le même état posées à même le sol, le jeune homme faisait de la peine à Dips.

    -_-_

    On tira la chaise en face de Theodore qui travaillait dans la bibliothèque depuis plusieurs heures déjà.

    - C'est bien plus simple d'humilier, de dégrader, de se foutre de la gueule de quelqu'un... que d'admettre que tu l'aimes.

    Le brun leva les yeux en direction du nouvel arrivant. En reconnaissant la chevelure blonde du blaireau Zacharias Smith, il se renfrogna. Son visage se ferma et sa main se crispa sur sa plume.

    - Je ne suis pas un conseille matrimonial, Smith, claqua-t-il. Avant de gérer la vie sentimentale des autres, il faudrait que je sache m'occuper de la mienne. Et puis je m'en fiche de tes déboires.

    L'autre soupira et prit la main du reptile pour poser sa plume sur le bord de son encrier. Ce dernier fixait le premier, bouche bée.

    - C'est bien plus simple d'humilier, de dégrader, de se foutre de la gueule de quelqu'un, que d'admettre que tu l'aimes, répéta-t-il.
    - Je pense avoir comprit, murmura le brun.

    Zacharias leva la main qu'il approcha de la joue de Theodore, mais s'arrêta à quelques centimètres de celle-ci. Nott l'observait, les yeux grands ouverts et silencieux.

    - Tu n'as rien compris, abruti, murmura le blond.


    -_-_

    - Tout le monde meurt un jour, souffla Theodore. Plus ou moins jeune. Plus ou moins vieux. Plus ou moins douloureusement. Plus ou moins glorieusement. On choisit rarement où, quand, comment nous mourrons. Donc si : on s'en fou, Zach. La mort : c'est à la fois la seule chose que nous sommes surs d'atteindre dans la vie et la chose que nul ne veux connaitre.

    Zacharias l'avait écouté. Simplement... écouté.


    -_-_

    - Les meilleurs partent les premiers.
    - J'ai donc raison d'avoir peur pour toi ?

    Theodore sourit et ce simple fait valait tout l'or du monde. Zacharias en était plus que persuadé. Et même ! Même pour tout l'or du monde, et plus encore, il n'aurait pas changé ce moment. Il venait enfin de sourire. Il ne l'insultait plus.

    - Je suis là Zach, bafouilla-t-il. Si besoin. Si tu... si tu veux parler.

    Il était si maladroit dans ses mots que le blond en sourit à son tour.

    - Tu sais aussi où est notre salle commune. Si besoin tu n'auras qu'à demander au tableau de me faire appeler... même tard.
    - Merci, murmura le blond.
    - Qu'est ce que je n'aurais pas donné pour voir Zacharias Smith dans cet état... pourtant je n'en retire aucune joie. Aucun plaisir.

    Malgré lui, le blond sourit à son tour. Triste sourire. Sourire discret. Sourire. Smith se mordit la lèvre et resta silencieux, comme Nott.

    - Teddy ? Pardonne moi.
    - C'est impossible. Plus possible. Dès l'instant où tu t'es tourné vers moi... quand tu as accepté de me montrer ce que tu ressentais et que tu avais besoin de moi et que tu voulais de moi.


    -_-_-

    Liam, à même le sol, cracha du sang sur les chaussures de son bourreau. Ce dernier, furax, leva le pied et le flanqua dans la figure du malheureux.

    - Tu lui a fait ça, à mon fils ? hurla Theophile en tirant le brun par les cheveux. Tu l'as fait souffrir ?
    - Non, couina-t-il. Non je... non.

    Des larmes de douleur coulaient sur le visage tuméifié du prisonnier. Ses doigts se serrèrent dans la terre de la cour tandis que le plus vieux le tirait par les pieds vers l'arrière.

    Il glissa sur le sol. Le sol irrégulier, les bosses, les cailloux.

    - Arrêtez, demanda-t-il, pathétique. Stop. J'ai... j'ai mal.

    Sheep leva, tant bien que mal, ses bras pour essayer de se protéger le visage. Le coeur au bord des lèvres, la tête lui tournait et il n'avait qu'une envie : que tout cela ne cesse.

    - Sheep, siffla le vieux Nott. Il t'a aussi dit qu'il avait mal et demandé d'arrêter ? Il m'appartenait ! C'était à moi de le tuer ! Il était à moi !

    L'autre prisonnier n'ajouta rien. Theodore était le noeud du problème. On ne lui reprochait pas d'avoir tué le jeune homme mais d'avoir empêché son propre père de le faire.

    Il priait pour qu'un gardien n'arrive et ne mette fin à son calvaire. Pour qu'on éloigne Nott de sa personne. Qu'on les sépare. Qu'on le sauve. Si ça continuait ainsi... il ne donnait pas cher de sa peau.

    Etait-ce ce qu'avait ressenti Theodore lors de l'explosion de la librairie ? Lorsqu'il avait comprit que Sheep l'avait à sa merci ? Lorsque le couteau s'était présenté à sa gorge.

    - Theodore était mon fils ! Tu n'avais pas le droit, Sheep.
    - Quand vous dites ça on pourrait penser que vous êtes un père normal. Alors que vous êtes fou. Fou à lier.


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