• Chapitre 04

     

    10 Juin 2000


    Liam et Zacharias surent que le moment de réveiller Theodore était venu lorsque celui-ci commença à gesticuler dans le lit. A tâtons, il se mit à chercher la main du blond et ne put s'en emparer qu'une fois que celui-ci n'eut daigné la mettre à sa portée. Au cours d'une bonne partie de la sieste de Nott, Smith s'était lancé une folle mission qui consistait à remettre un semblant d'ordre dans la pièce et le tout... silencieusement, s'il vous plait !

    Le serpent avait eu l'air tellement convaincu de ses dires lorsqu'il avait fait remarquer que le blaireau ne devait pas être capable de ranger silencieusement une pièce... qu'il souhaitait lui démontrer par A + B qu'il avait eu tort de penser ainsi. C'était bien l'unique raison qui faisait que le lit du brun, qui était encore encombré de vêtements, de fioles et de livres en tout genre une heure plus tôt, était désormais utilisable et pleinement opérationnel.

    Lorsque Sheep avait pointé le bout de son nez et de son plateau : celui qui était réveillé venait tout juste de s'accorder une petite pause qu'il jugeait on ne peut plus méritée. Enfin ça... c'est ce qu'il avait prévu de répondre si jamais on lui posait la question. Car l'amas d'objets accumulés sur le matelas de son ami n'était, certes, plus dessus mais n'en demeurait pas moins existant. Zacharias n'avait fait que déménager le tout du lit jusqu'au fauteuil où sa chemise avait été jetée la veille.

    Liam, bien décidé à tenir compagnie à Smith et à aider ce dernier à réveiller le brun n'avait pas quitté la pièce. Et l'arrêt temporaire était devenu définitif ; il ne fallait quand même pas que Theodore soit trop surpris à son réveil, il pourrait ne pas le supporter après tout.

    Un regard entre Poufsouffle et Serdaigle suffit pour que, quelques secondes plus tard, ils ne prennent chacun place. Le blond s'approcha, lentement, de son ami qui gigotait tandis que le roux partait s'appuyer contre le mur opposé, essayant de se faire tout petit mais de rester alerte... et disposé à se servir de la baguette qu'il avait en main.

    - Theodore, murmura Smith, sur le qui-vive et lui aussi prêt à faire usage de son bout de bois si le besoin s'en faisait sentir. Theo.

    Les réactions du jeune Nott au réveil avaient le mérite d'être toutes aussi imprévisibles que celles de son ami blaireau... si ce n'était même plus encore. A peine la main du blond se fût-elle posée sur son épaule afin de doucement le secouer que le brun sursauta. Effaré et perdu, il regardait autour de lui et quelques secondes lui furent nécessaire pour reprendre suffisamment ses esprits et se souvenir qu'il était, enfin, rentré.

    Reconnaître la chambre était une chose, voir qu'elle avait été partiellement rangée en était une autre... mais pour l'heure la seule qui importait véritablement c'était qu'il avait repérer Zacharias et qu'il ne le quittait plus des yeux. Smith était un élément stable, sur et fiable, quoi qu'on en dise. Et s'il était là alors tout allait bien.

    Alors que la situation ne s'y prêtait pas réellement (elle s'y prêtait même rarement, il fallait l'avouer), un large sourire apparu sur le visage parsemé de tâches de rousseur de Liam, toujours dans son coin. La complicité Nott-Smith était une des choses qui, bien que connue, ne cessait de le surprendre même après près de deux années passées à leurs côtés. Une des choses qui, également, lui faisaient garder le sourire.

    C'était si peu.
    C'était déjà tant.

    Ils avaient tellement confiance l'un en l'autre que ça en était presque troublant. Il fallait voir avec quelle aisance chacun d'eux était capable de se laisser aller en présence de son ami pour le comprendre. Savoir que Theodore était le seul à pouvoir magiquement soigner Zacharias était une chose ; ou que ce dernier était l'un des rares à pouvoir se vanter d'avoir un jour pu voir le brun laisser paraître ses sentiments.

    Theodore qui paraissait froid et distant ; que l'on prenait pour un être dépourvu de tout sentiments ou émotions purement humaines. Peu bavard et peu enclin à laisser percevoir ses faiblesses, de peur qu'on en use et abuse, il s'ouvrait comme par enchantement aux côtés de Smith.

    De l'autre côté c'était différent. A l'inverse du serpent, le blaireau n'avait érigé aucunes murailles entre sa personne et le reste du monde... il se contentait d'une petite porte fermée à clé et qui restait désespérément close sauf pour son camarade dont l'ancien blason représentait un serpent.
    Lorsqu'il n'avait pas son compère à ses côtés, il était impossible de dire que Zacharias était une personne facile à vivre et agréable... tout en le pensant.

    - T'es à Poudlard, murmura-t-il tout en souriant légèrement en voyant son trouble. Tout va bien, Theo. Tout va très bien, même.

    Installé dans l'ancien bureau occupé par les directeurs successifs de l'école de sorcellerie, une petite partie de l'Ordre du phénix était assise autour de l'imposant meuble posé en son centre. Au décès du vénérable Albus Dumbledore, toutes ses affaires étaient restées en place, rien n'avait bougé, pas le moindre livre ou objets... la pièce était intacte et ce : malgré les incessants allers-venus.

    En tout, c'était une dizaine de sorcier qui attendait que l'un de leurs espions, qu'ils savaient revenus en début d'après-midi, ne vienne leur faire son rapport et leur donner les dernières nouvelles. Liam les avait contacté à l'aide de parchemins ensorcelés made in Weasley pour leur dire que Theodore était réveillé et qu'il ne devrait plus tarder à se rendre au bureau avec Zacharias.

    Ils veillaient toujours à laisser quelques heures de repos à ces jeunes gens afin qu'ils puissent dormir, c'était une première chose, mais également laisser tomber la pression accumulée au cours des quelques jours passés à l'extérieur... pour mieux la faire revenir ensuite.

    Chaque information qui leur était donné par ce biais était un bâton de plus qui était mit dans les rouages de l'organisation de Voldemort ; chacune d'elle représentait aussi un certain danger et un danger certain. En parlant des plans auxquels ils avaient été invités à participer, en parlant de ce qu'ils avaient entendus en laissant traîner leurs oreilles là où il fallait... ils trahissaient le terrible mage noir et ce n'était pas un fait à prendre à la légère.

    - Theodore ! S'exclama-t-on sitôt la porte du bureau fût-elle poussée. Mon petit !

    Personne ne pouvait se dire surprit par le fait que Molly Weasley ne fût à l'origine de cette exclamation qui, assurément, venait du coeur. La petite femme rousse et rondelette bondit aussitôt hors de son siège, l'envoyant quelques mètres plus loin et faisant pouffer son mari, pour fondre sur le grand dadais aux cheveux bruns... telle la mère poule qu'elle était.

    Les traits toujours tirés et d'effroyables cernes sous les yeux, l'ancien serpent lui apparaissait comme épuisé et, à son sens, aurait dû rester dans sa chambre dormir quelques heures de plus. Zacharias ne faisait que confirmer ses pensées : se tenant juste à côté de son ami, il semblait prêt à rattraper Theodore si besoin... et certainement pas parce qu'il pensait qu'il était susceptible de se prendre les pieds dans un tapis ou de s'emmêler les jambes.

    Le brun faisait pourtant de son mieux pour donner le change ; car Nott s'ouvrait à Smith mais c'était tout. Jamais il n'irait se laisser aller en compagnie d'autres personnes et ce : quand bien même furent-ils des personnes à qui il avait accordé sa confiance.

    - Molly, se força-t-il à sourire. Vous... vous m'étouffez.

    La femme d'Arthur Weasley relâcha sa prise pour se mettre à la détailler de haut en bas. Elle ignorait qu'elle était en train de faire comme le jeune Smith un peu plus tôt alors qu'elle se mettait à détailler Theodore de haut en bas afin de s'enquérir de son état.

    Lorsqu'elle eut finit d'inspecter le serpent sous toutes les coutures et remarquer qu'il avait « Encore su perdre du poids ! Es-tu sur que tu n'as pas perdu un os en cours de route ? », Molly entraîna les deux derniers arrivants vers les deux places libres et, bien entendu, côte à côte.

    - Comme c'est aimable de ta part, Smith, de nous honorer de ta présence, siffla Stephen, voisin de Theodore qui leva les yeux au ciel en entendant ces mots. Trop aimable, même.
    - Ce serait aimable de ton côté, Corny, de nous honorer de ton silence.

    Theodore, assis entre eux, se laissa glisser sur sa chaise afin de se faire plus petit. Remus et Kingsley se lancèrent un regard fatigués mais ne dirent rien. Rémy Hopkins regarda Molly, secouant la tête de droite à gauche. Les autres restèrent presque immobiles, attendant que la tempête ne se calme... à l'exception de l'ancien professeur de potion et de Défense Contre les Forces du Mal.

    Severus Rogue, voisin de Zacharias, écouta les autres soupirer, observa leurs réactions et s'était attendu à ce que l'un d'eux n'ait le courage de faire taire les deux jeunes avant qu'ils ne se décident à en venir à la baguette. Il pouvait toujours mélanger son chaudron avec une plume en sucre pour que ça arrive

    - Cornfoot, tais-toi, prévint Liam alors que le concerné avait à peine ouvert la bouche. Sinon tu prends la porte.
    - Et Smith ? Demanda effrontément Stephen.
    - Sa présence est nécessaire, trancha le premier. Alors qu'on se passerait volontiers de la tienne si c'est pour vous entendre, Zacharias et toi, vous chamailler comme les deux sales gosses que vous êtes quand vous vous y mettez.

    Pendant près de deux semaines, Theodore n'avait pas remit un seul pied à Poudlard. Il avait dû, tout ce temps, rester au manoir Malefoy... au grand damne de Zacharias mais aussi, et surtout, du sien. Qu'il pouvait haïr cet endroit, ce lieux ou Voldemort et ses sbires avaient établis leurs quartiers. Cet endroit dont il était pourtant obligé de régulièrement arpenter les couloirs afin de tenir son rôle.

    Tout était froid, austère. Que ce soit le sol, les murs, la décoration en générale, l'ambiance et les sorciers qui se trouvaient entre ces murs. Tant d'horreurs se passaient entre ces hauts murs, derrières ces grilles immenses en fer forgé. Tant d'horreurs étaient préparées aussi.

    C'est pourquoi, en règle générale, ils faisaient en sorte que leurs espions aient les moyens de revenir au moins une fois par semaine. Avant cela, passait toutefois leur sécurité et il ne fallait pas que leur couverture ne soit menacée. Ils préféraient de courtes absences mais fréquentes, plutôt que des longues. Ce n'était pas uniquement dans le but d'avoir un compte rendu régulier des dernières décisions qu'avaient prit l'autoproclamé Lord... c'était aussi, et surtout, afin de leur offrir un repos qu'ils savaient bien mérité.

    - Il commence à se douter de quelque chose, annonça distinctement Theodore, afin de couper court à la discussion qui aurait pu s'allonger un peu plus encore. Il ne sait pas qui ou comment, mais il se doute qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Il est à mon sens primordial que nous ne redoublions de prudence mais également que... que l'Ordre ne ralentisse ses actions. J'ai conscience que ça peut aller à l'encontre de vos certitudes, que ça va à leur encontre ; soyez certains que j'ai conscience que ça sera difficile à vivre pour vous mais... il ne faut pas que toutes leurs actions échouent, c'est trop flagrant. Il faut que certaines soient menées à bien,,,

    Brusquement, Zacharias tourna la tête en direction de son ami et le regarda on ne peut plus horrifié. Beaucoup de regards avaient convergé vers le jeune serpent tantôt outré par ses propos, tantôt simplement surprit, tantôt inquiet pour la sécurité du concerné n'ayant pas perdu de vue le début de sa phrase.

    Inquiet : tous l'étaient d'une manière différente ; tous l'étaient aussi pour une raison différente. Si la couverture de Theodore tombait, ils perdraient un élément utile au groupe ; les autres agents doubles auraient alors une couverture bien plus fragile. Si la couverture de Theodore, ou d'un autre, tombait... ils ne donnaient pas cher de leur peau à tous.

    De droite à gauche, le blond secoua la tête. Silencieusement, il suppliait son camarade de renoncer à cette folie. Dès l'instant où tout ceci avait débuté, Zacharias avait su, au fond de lui, que tout finirait en queue de poisson... douté que tout déraperait... car tout dérapait toujours.

    - T'es sur de ça, Nott ? Interrogea Cornfoot, s'en prenant au serpent à la surprise de tous. Tu peux le dire que tu as la frousse, hein. Venant d'un ancien Serpentard... je pense qu'on ne sera pas beaucoup à être étonné. Mais il est aussi vrai que ce n'est pas l'honnêteté qui vous étouffe, à Serpenta...
    - Cornfoot, vous sortez, coupa sèchement Severus. Immédiatement. Si vous m'obligez à utiliser la manière forte ce n'est pas par la porte que vous passerez.
    - Sont-ce des menaces, Rogue ?
    - Je dirais plutôt... un avertissement, monsieur Cornfoot.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :