• Chapitre 12

    L'auror regarda tristement son ami. Il l'écouta lui faire ses reproches, plus ou moins fondés. Il voulait se défendre, lui montrer qu'il était injuste envers lui mais ne pouvait. Aucun mot n'acceptait de quitter sa bouche.

    - J'ai perdu mon job par ta faute, finit par dire Theodore. J'ai galéré pour m'en sortir puisque mon père a tout fait pour bousiller notre nom... et que j'avais plus de boulot. J'ai fait comme j'ai pu.
    - Et c'est génial ça, Ted, su enfin parler Zacharias. D'avoir pu t'en sortir seul. Même si tu sais que tu pouvais me demander de l'aide, tu as voulu t'en sortir seul et.
    - Et rien du tout ! L'arrêta le brun. J'aurais mieux fait de ne rien faire ! Essayer de m'en sortir, c'est ça la plus grosse erreur de ma vie.

    Smith fronça les sourcils. Il ne comprenait pas où voulait en venir son ami. Il ne comprenait rien à ce qu'il lui disait. Ni à ce qu'il faisait. Pourquoi était-il entré dans sa chambre pour en ressortir avec un carnet ? Pourquoi maintenant ?

    - Tu ne me connais pas, Zach. Si tu savais qui j'étais tu ne serais pas là, tu ne dirais pas tout ça.
    - On a toujours été ami, Ted.
    - Tout à une fin, claqua Nott en lui lançant l'objet qu'il avait en main. Même ça.

    Puis il transplana.

    _____

    Zacharias resta de longues minutes accroupi devant le feu de cheminée qu'il avait allumé. Il avait, dans un premier temps, songé à se débarrasser immédiatement du carnet. Les mots de Theodore en tête, il s'était dit que s'il continuait à ignorer son contenu : cela ne pourrait l'éloigner de son ami.

    Pourtant, la curiosité l'avait poussé à l'ouvrir. Il avait alors pensé qu'il ne ferait que le lire en diagonale. Qu'une fois qu'il saurait l'idée principale, il n'aurait pas envie d'en savoir plus mais qu'il pourrait quand même aider Theodore.

    Puis son regard s'était arrêté sur certains mots. "Tué" "Prix" "Couteau". Sur certains noms "Sheep" "Scott" "Marchebank" "Borage". Il avait donc lu plus attentivement pour en arriver à "Sheffer" "Changé d'avis" "Remboursé".

    Et perdre les rares couleurs qui lui restaient à la lecture de "Un auror. Le chef d'unité d'un des bureaux d'aurors. Je pensais qu'il voudrait que je ne m'occupe d'un des suspects qu'il n'avait pas pu coffrer. Jamais je ne m'étais autant trompé. Ce n'était pas la tête d'un suspect qui venait d'être mise à prix mais celle d'un autre auror".

    Qui ? Quel chef d'unité avait été faire ça ?

    "Zacharias Smith. Quand il a commencé à faire glisser une photo de Zach devant moi, j'ai regretté de ne pas avoir tué cette ordure lorsqu'il y avait un contrat sur sa tête."

    Un seul nom, dans la liste qu'avait tenue Theodore, correspondait aussi à celui d'un auror. D'un chef d'unité. De son chef d'unité.

    "Plutôt finir à Azkaban, dépourvu de mon âme, que tuer Zacharias. Mais il pourrait être accusé de complicité puisqu'il est mon ami et qu'il est auror. Je suis foutu."

    Pourquoi lui avait-il dit tout ça, pourquoi avait-il été si agressif et froid, si en réalité : leur amitié lui importait ?

    "A trop jouer avec le feu, on finit par s'y brûler."

    Oh oui... Zacharias mourrait d'envie de faire, malencontreusement, tomber le carnet de Theodore dans le feu. Il y relatait chacun de ses crimes. Il y avouait tout.

    Y figurait des détails jamais rendus publics. Des détails que le blond était certain de ne pas avoir évoqué devant son ami. Des détails que seul le coupable aurait pu savoir.

    Qu'il pouvait détester Theodore de l'avoir contraint à se poser cette question. Contraint à faire un choix. Il ne pouvait rien faire. Il était dans une véritable impasse.

    Son amitié pour Theodore ou son travail.

    - Ted, mais qu'est ce que t'as foutu...

    Il s'en voulait. Parce qu'il aurait dû le voir. Il aurait dû se douter que quelque chose n'allait pas. Que Theodore n'allait pas bien. Il avait passé des années à le coller, à refuser qu'il ne s'enferme dans sa solitude, à l'obliger à sortir et voir du monde. Il connaissait Theodore.

    Mieux que quiconque.
    Mieux que Theodore lui-même.
    Mieux qu'il ne se connaissait lui.

    Il lacha le carnet dans les flammes et ne se releva pas tant que celui-ci ne fût pas entièrement consumé.

    - Imbécile, murmura-t-il en éteignant le feu d'un coup de baguette.

    Il l'avait fait son choix.
    C'était probablement le mauvais.
    Mais il ne regrettait pas.


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