• Les deux amis ne se saluèrent pas plus. Le fait que le professeur de défense contre les forces du mal n’ait rien fait pour arrêter son ancien ami, le stopper, était suffisamment parlant. Sirius n'hésita donc plus.

    L'homme aux cheveux sales et emmêlés, qui avait perdu toute sa superbe d'antan, arracha le rat qui était resté caché jusqu'alors dans l'étroite poigne du rouquin. Le garçon eut beau protester afin que l'animal ne lui soit restitué : ses appels restèrent sans réponses. Theodore tendit ensuite la baguette de Ronald, qu'il avait su discrètement subtiliser à son propriétaire. Black l'accepta, le remercia d'un signe de tête puis leva l'animal au niveau de ses yeux.

    - Tu es fait comme un rat, Peter, sourit-il. Tu connais déjà tout le monde, non ? Remus et moi : tes amis. Teddy que tu as enlevé. Ron dont tu as profité, ainsi que des Weasley. Harry et...

    Il regarda quelques secondes la dernière personne de la pièce. La seule présence féminine de la cabane. Sirius Black sourit, fit un clin d'œil peu discret à Theodore puis reprit.

    - Hermione.

    Theodore, comme la personne concernée, n'aurait pas cru que Sirius ne se souvienne de son prénom. Il l'avait rapidement évoqué au cours de l'été, avait dû la citer une ou deux fois dans une lettre.

    - Theo, à partir de maintenant je me méfierais de toi, plaisanta Ron. T'as un sacré talent pour voler les choses.

    Le serpent égaré se força à sourire. L'envie n'y était pas. Harry pointait toujours sa baguette sur Sirius, qui saurait sans doutes se défendre mais quand même. La jambe de Ron n'était pas des plus jolies à regarder. Il aurait de loin préféré qu’Hermione ne soit pas présente. La présence de Pettigrow le mettait mal à l'aise. Il était fatigué, avait faim et froid, voulait dormir dans un lit bien chaud.

    Retrouver Blaise et ses plaisanteries vaseuses. Seamus et ses hurlements incessants. Dean et son incapacité à tenir le blond en laisse. Même voir et subir Zacharias Smith le comblerait de joie : pourvue qu'une distance minimum de sécurité ne soit mise entre la cabane hurlante (bientôt sanglante il le sentait) et lui.

    Ron n'aurait pas dû être blessé. Il avait beau savoir que Sirius n'avait pas voulu lui faire de mal, qu'il avait fait de son mieux... une pointe de rancœur était présente. Le garçon aux cheveux couleur carotte n'aurait pas dû connaître cette histoire, jamais il n'aurait dû y être confronté. Tout comme Hermione. Comme lui. Comme Harry. Même le professeur Lupin n'avait rien à voir.

    Cela ne concernait que Sirius et Pettigrow. Que Pettigrow et les Potter. Les Potter et Voldemort.

    Cela les concernait tous.

    - Black, j'étais certain de te trouver. Mais certainement pas en cette... compagnie.

    Le susnommé baissa la baguette de Ronald, qui était restée jusque là appuyée sur le ventre rebondi de l'horrible animal. L'évadé d'Azkaban ne se retourna pas. Tout comme pour Remus, il savait à qui il aurait à faire face. Exactement le second choix.

    - Rogue, salua-t-il froidement. Quel bon vent t'amènes par ici ?

    Le professeur de potion ne resta pas debout et conscient bien longtemps. Remus venait de l'assommer avec une vieille lampe qui avait eu le malheur et la bêtise de se trouver à portée de bras.

    - Professeur Lupin, s'épouvanta Harry. Vous... non !
    - Rooh c'est bon Harry, s'impatienta Sirius. Caches ta joie hein. Fais pas croire qu'on puisse apprécier ce... truc.
    - Sirius, soupira Theodore.

    Remus ne quittait plus des yeux l'étrange duo que les deux formaient. Le Black et le Nott. Les deux traîtres. L'entente ne pouvait que sembler logique. Et paraître surprenante. Incompréhensible.

    Comment s'étaient-ils rencontrés ? Comment avaient-ils pu sympathiser ? Comment Theodore avait-il pu accepter d'accorder sa confiance à Sirius Black, criminel notoire ? Quelle influence avaient-ils l'un sur l'autre ?

    Theodore donnait le sentiment à Sirius d'avoir des responsabilités. Une personne sur qui veiller. Une personne à qui faire attention. Et le premier le craignait : quand Harry serait aussi cette personne, il n'aurait alors plus qu'à se mettre sur le banc de touche et regarder le match se poursuivre sans lui.
    Sirius était un père que Theodore n'avait plus. Une personne sur qui compter et à qui faire confiance. Une personne comme bientôt il n'en aurait plus.

    - Je sais, t'as rien contre lui mais... tu comptes pas toi, ajouta l'animagus tout sourire.
    - Surtout dites le moi si je dérange hein.

    Harry rappelait sa présence, oubliée un peu trop facilement. Black n'était pas censé lui fournir des explications, des raisons de le croire innocent ?

    Il attendait toujours.

    Le rat, toujours maintenu par la peau du cou, s'agitait petit à petit. Ses couinements pathétiques amusaient Sirius qui le secouait dans tous les sens. La baguette toujours prête au cas où.

    - La patience de ton père et l'amabilité de ta mère, constata Sirius. Tu as hérité de tous leurs vices.
    - Ne parlez pas de mes parents ! JAMAIS !
    - Pour t'expliquer ce que tu veux que je t’explique... il le faudra bien pourtant.

    Aucune information sur le couple Potter ne filtra, pourtant.

    Un éclair quitta soudainement le bout de bois dont Ronald était propriétaire et frappa de plein fouet l'animal. Sirius lâcha le rongeur d'une manière brutale. Tellement qu'il alla cogner le mur opposé.

    De ses petites pattes, avec un doigt amputé, le nuisible essaya de prendre la fuite. Mais déjà il grossissait. Déjà il se métamorphosait. Déjà il se préparait à finir en chaire à pâtée.


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  • Si Theodore avait jugé bon de rendre sa baguette à Hermione, Harry pouvait toujours courir pour récupérer la sienne. Le garçon à lunettes semblait l'avoir comprit, au vu de son doigt qui tapotait de manière régulière le tissus de sa robe de sorcier.

    - Nott, souffla Potter. Me force pas à te taper : rends-moi ma baguette.
    - Si tu penses que tes coups me font peur, Harry. Ils ne sont que caresse comparés au reste. Alors non : je ne te la rendrais pas.

    Sirius préféra ne pas se mêler des affaires des deux bruns, qui s'affrontaient du regard. Plus personne ne parlait. Hermione s'était approchée de Ron, et lui serrait la main. Le rouquin tenait de l'autre son rat qui paraissait tétanisé. Les deux duellistes ne bougeaient pas et si leurs yeux avaient pu tuer : ils y seraient restés tous deux.

    Pourtant, quand l'unique adulte de la pièce comprit que la situation pourrait encore durer longtemps entre les deux mômes : il toussota.

    - Allez Theo, rends lui sa baguette. Qu'on en finisse.

    A contre cœur, le jeune Nott rendit l'arme à son propriétaire légitime qui la récupéra sans même le gratifier d'un merci.

    - Merci, sourit Sirius à son jeune ami, en lui serrant l'épaule. Vas t'allonger pour te calmer.
    - Je vais bien, marmonna-t-il.
    - Tu es énervé, tu es à bout... tu vas t'allonger et tu te calmes.
    - Mais il est là ! Sous notre nez ! Juste ici ! SIRIUS !

    Sans lui laisser plus le choix, l'évadé l'avait passé sur son épaule et rallongé sur le lit. Sans surprise : le lion se redressa furax.

    - Alors Nott, Black t'a aussi trahis, tu t'attendais à quoi de la part d'un homme pareil ?
    - Harry, soit sympa : et tais-toi.

    Theodore se releva. Il prit le temps de regarder Sirius, droit dans les yeux, le défiant de l'empêcher de bouger. L'animagus baissa les bras : à quoi bon essayer quoi que ce soit avec un Nott.

    Harry ne pouvait pas ne pas regarder l'autre. Il s'était inquiété de sa disparition, certes, mais le retrouver ne l'enchantait guère. Surtout en compagnie de Black. Surtout ami avec Black. Si complice avec l'assassin de ses parents.

    Le garçon à lunettes ne tint pas plus longtemps. Il glissa sa baguette dans sa manche, puis se jeta sur l'autre sans que personne ne puisse rien comprendre. Après un coup de poing dans lequel le survivant avait mit le plus gros de sa force : il fit demi-tour, l'air de rien.

    Theodore ne commenta pas l'acte. Un bras serrant son ventre douloureux, il regardait, hébété, le brun qui en était responsable. Toujours présent, l'homme chien prit le premier dans ses bras, réconfortant, voire paternel.

    - Ca va aller Theo ?
    - Oui, grimaça le benjamin. Théophile est pire.

    Le prisonnier hocha la tête et le relâcha.

    - Harry, laisse-moi-t’expliquer... sans cogner Theodore. S'il te plaît.
    - M'expliquer quoi ? Comment vous avez trahis mes parents, tué vos amis, abandonné tout ce en quoi vous disiez croire.
    - Si je suis coupable d'une chose, Harry... c'est de ne pas m'être méfié de la bonne personne.

    Harry grimaça et, dédaigneusement, se tourna vers son soi disant ami. Le regard vert planté sur Theodore, qui avait les yeux baissés et évitait tout contact, il lui cracha aussi haineux que possible.

    - Tu savais Nott... que Black était pas loin et t'as rien fait, rien dit.
    - Pour faire quoi Harry ? Questionna Theodore, sincère. Renvoyer un innocent au trou ?

    Sirius soupira. Harry était le digne fils de son père : fermé à toutes discussions. Et avait le tempérament de feu de sa mère.  L'évadé dû, en effet, contenir son filleul qui allait se jeter une fois de plus sur son ami.

    Ou peut être plus ami, justement.

    - Harry, tu le touches une fois encore et je te jure que je te tue.
    - Vous voyez ! Tu vois Nott ! Il ne veut qu'une chose : ma mort.
    - Je veux la mort de quelqu'un : mais certainement pas la tienne.
    - Alors qui ! Hurla Potter. QUI !
    - Peter Pettigrow.

    La bombe était lancée.

    Le brun se figea, tiraillé entre deux choix, deux envies. D'un côté il ne pouvait et ne voulait pas croire l'autre homme. Douze ans derrière les barreaux d'Azkaban, cela ne pouvait pas être immérité. Et Dumbledore y croyait, d'après ce qu'il avait surprit au chaudron baveur.

    D'un autre, Black était sa famille. Son parrain. S'il était innocent, s'il avait su apprivoiser Nott : il tenait peut être là l'occasion de quitter les Dursley. Et puis... n'avait-il pas lu le nom du défunt sur la carte, avant d'avoir à la donner au professeur Lupin.

    - Bien, finit-il par céder. Expliquez-moi. Vous avez cinq minutes pour me convaincre.

    Sirius sourit et allait s'y essayer quand la porte de la cabane s'ouvrit... une fois encore. N'étaient-ils pas déjà suffisamment nombreux dans la misérable cabane ?

    - Sirius.

    Le fuyard tourna, doucement, les talons. Deux personnes uniquement auraient pu venir l'interrompre. Seule une aurait été bien accueillie et aurait utilisé son prénom. L'autre aurait craché un "Black", rempli de haine, de colère et de pitié (oui probablement).

    Il savait qui il allait voir. Et souriait d'avance. Parce que Sirius souriait toujours d'avance, tant qu'il y avait lieux de sourire.

    - Remus, souffla-t-il.
    - Monsieur Black est bien imprudent.


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  • - Mais comment je m’approche de ton rouquin ? J'le bouffe ?
    - T'aviseras en temps voulu. Selon la situation. Tu sais faire ça : agir sans réfléchir ?

    Sirius sourit, et accepta l'idée d'un hochement vigoureux de la tête. Il était partant, il acceptait de partir chercher Ronald sans plans de prévu. Et même si c'était son idée : Theodore n'en était pas rassuré.

    Tout ça pour Harry.

    - Il y a un problème, Theodore ?
    - Lequel ?
    - Non mais... tu as un problème c'est ça que je veux dire. J'ignore juste lequel.

    Le jeune lion se contenta de rejeter d'un revers de main l'idée du problème. Non, tout allait bien. Juste la peur, la fatigue et le stress qui prenaient le dessus.
    Et la jalousie. La peur de perdre Sirius. Mais il se garda bien de le dire.

    - Je te ramène à Poudlard et j'essaie de les faire venir.
    - Laisses-moi ici, et fait les venir ici, conseilla Theodore. C'est l'endroit le plus sur pour toi et, si on est deux, ça aura déjà plus d'impact.
    - Tu penses que je prendrais le risque de te laisser ici alors qu'un dangereux psychopathe cours toujours ?
    - Il est juste en face de moi, ton psychopathe, et il me tient dans ses bras.

    Faisant mine d'être vexé, l'animagus le relâcha et le rallongea. Bien que cela ne soit pas des plus utile, c'était plutôt symbolique en fait, Sirius retira sa veste trouée de toute part et la posa sur le plus jeune.

    - Je reviens dans une heure, maximum, lui murmura-t-il en lui ébouriffant de nouveau les cheveux. Avec ou sans eux.

    Theodore sursauta et, de nouveau, se retrouva collé au mur à trembler. Le gémissement parfaitement audible aurait dû le mettre sur la piste de la vérité mais il n'y fit pas attention. Quand la porte s'ouvrit, le brun était en train de se mettre en boule dans son coin comme s'il espérait se rendre invisible en agissant ainsi. Pourtant ce fût Sirius qui entra, portant quelqu'un.

    Et ce n'était ni Peter, ni un rat-Peter.

    - Ron !
    - Theo !

    Le rouquin perdit son air effrayé pour se réjouir à la place. Bon, mis à part qu'ils étaient tous deux les prisonniers d'un assassin plutôt malin puisqu'il avait su s'enfuir d'Azkaban... tout allait merveilleusement bien. Theodore allait bien, ne semblait pas trop amoché, juste fatigué.

    Nott allait peut être même un peu trop bien et n'avait pas l'air inquiet d'être face à l'homme qui avait pourtant une allure peu rassurante. Le plus âgé du trio posa le rouquin sur le bord du lit et le laissa bien vite de côté pour s'intéresser à Theodore.

    - Harry arrive, sourit-il juste. T'avais raison.

    Le garçon le plus proche du survivant ouvrit de grands yeux horrifiés. Le retour de la peur. Theodore ne pouvait les avoir vendu au fou. Il était leur ami. Ils s'étaient tous éloignés depuis Noël. Depuis que Harry avait apprit pour Black, en fait. Etait-ce lié ? La réponse tellement évidente, Ron serra un peu plus encore Croûtard contre lui, le privant du moindre mouvement.

    - Par ici, Hermione.

    Nott se leva d'un bon. Cet imbécile de Potter n'avait pas pu entraîner Hermione à sa suite. Il ne pouvait pas être aussi stupide. S’il pouvait. Et sans grands efforts. Les yeux fermés, une moue ronchonne sur la figure, le serpent égaré nouvelle génération se relaissa tomber sur le lit. Il ne manquait plus que Smith pour que le tableau ne soit complet et qu'il ne court se pendre.

    - Ca va aller, Teddy, promit Sirius, mettant sans le vouloir le Weasley encore plus mal à l'aise. Tout sera bientôt fini.
    - Si tout n'est pas en train de commencer.
    - Aussi pessimiste que Lunard.

    Le garçon aux cheveux roux et aux tâches de rousseur tiqua à l'entente du pseudonyme. Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue. Le premier venait de quitter les lèvres de l'assassin. Se pourrait-il que les quatre personnes à l'origine de la carte ne soient des amis de Sirius Black ?

    Qui dit amis de Sirius Black dit alors James Potter. Dit Peter Pettigrow et, aux dires du garçon à lunettes... de Remus Lupin en personne.

    Leur professeur de Défense Contre les Forces du Mal serait-il le quatrième maraudeur. Le dernier, Black à part, encore en vie. Pourquoi lui d'ailleurs ? Serait-il, comme Rogue le laissait entendre à plusieurs reprises, un complice ?

    - Ron, s'enthousiasma une voix enjouée, pour vite devenir grave et pleine de colère. VOUS ! VOUS !

    Harry venait d'entrer. Theodore ne pu suivre l'intégralité de la scène, trop rapide pour lui. Sirius ayant juste eu le temps de le pousser sur le matelas avant qu'un stupefix visant le criminel ne le touche. Ce que Potter pouvait mal viser, s'en était effrayant.

    Comme invisible auprès de ses deux amis, Theodore en profita pour se faufiler derrière eux et, d'un coup sec, leur arrache leurs baguettes respectives des mains.

    - Theo ! S'exclama Hermione en lui sautant au cou et commençant à sangloter sur son épaule. Tu nous as fait une de ses peurs, tu sais. On... partout et... nulle part.
    - Nott... ma baguette, ordonna sèchement le survivant. Tout de suite.
    - Moi aussi je suis content de te voir, Potter, sourit Theodore.

    S'il donnait le change, les paroles de son soi-disant ami n'en demeuraient pas moins blessantes. Dire que c'était Potter lui-même qui avait fait le premier pas, en première année, vers lui. Qui l'avait fait sortir de son coin.

    Pour en être là aujourd'hui.


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  • Les pieds et les mains attachées, Theodore était recroquevillé dans un coin du lit, collé contre le mur. Le brun ne pouvait s'empêcher de trembler de peur. Il ignorait où il était, depuis combien de temps, et ce que Pettigrow comptait faire de lui.

    En parlant du rat, son museau n'allait plus tarder à apparaître. La poigné tournait, la porte s'entrouvrait. Et un homme apparût.

    Une chose était sure : ce n'était pas le traître.

    - Sirius, appela le garçon. C'est un piège.

    Ses jambes tremblaient plus encore qu'auparavant. Sa peur avait décuplée et son inquiétude avec. Maintenant que Black était arrivé, qu'allait-il se passer ?

    Voulait-il le savoir ?

    - C'est un piège.
    - Je sais, répondit juste l'évadé en s'approchant du lit. Peter est peut être un traître, a sans doutes toujours été une mauviette : mais il restait un maraudeur.

    Theodore était formel : depuis sa rencontre avec l'animagus, c'était le premier (potentiel) compliment auquel avait droit le véritable coupable. Pour autant, ils étaient loin de le rassurer : savoir que l'homme, qu'il méprisait sans connaître, avait des points communs avec Sirius. Avec le professeur Lupin aussi, sans doutes, n'avait rien de rassurant. Savoir que Sirius et Lupin en avaient ne l'était pas plus, mais Nott acceptait au moins de le concevoir.

    Doucement, Black prit Theodore par les épaules et l'éloigna du mur. Sans lui laisser le choix, il allongea son cadet sur le lit, dos à lui. Après l'avoir prévenu, il fit glisser la lame d'un couteau entre les deux poignets du plus jeune et coupa la corde qui les entravait. Il fit de même avec ses chevilles.

    Sa liberté de mouvement entièrement retrouvée, l'étudiant ne resta pas immobile plus longtemps. Il se réfugia dans les bras de l'adulte, le serrait et ne souhaitait plus le lâcher. La seule personne en qui il avait confiance actuellement se trouvait être un dangereux criminel recherché pour plus d'une douzaine de meurtres.

    Logique.

    Pas vraiment non.

    - Ca va aller Theo, promit Sirius à son oreille. Je suis là.

    Il était là. Sirius était là. Sirius Black était là ! Ce n'était pas Dumbledore, Mcgonagall, Rogue et encore moins son père... mais Sirius Black.

    Il y avait vraiment des jours où la logique des choses et la tournure que prenaient les évènements lui échappaient. Et ça avait tendance à être de plus en plus fréquent.

    - On va attendre que tu te calmes un peu puis je te reconduis à Poudlard. Par le passage secret, s'empressa d'ajouter le chien pour éviter une remarque du brun.
    - Essaie de ramener Harry ici, souffla Theodore, toujours collé au premier. C'est peut être notre seule chance de lui expliquer.
    - Après. Quand je t'aurais ramené à Poudlard.

    S'en suivit un long silence. Aucun ne parlait ni ne bougeait. Ils restaient figés dans leur dernière position. Theodore ne voulait pas que Sirius reste dans la cabane. Beaucoup trop risqué à ses yeux, et l'adulte "responsable" (ou pas) qu'était Sirius ne pouvait que le savoir. L'homme chien avait sans doutes bien plus conscience, d'ailleurs, des risques que le jeune... et pourtant c'était loin d'être le sentiment qui s'en dégageait.

    Toujours sur le lit, dans les bras l'un de l'autres, ils demeuraient muets. Même après une dizaine de minutes. Les deux avaient eu peur. Avaient encore peur, d'ailleurs, mais pour une raison différente. Le plus jeune savait pouvoir compter sur Sirius pour le sortir de là. Mais sur qui, lui, pouvait-il compter ? Dumbledore ? Lupin, un de ses amis ? Son filleul ? Pour cela encore aurait-il fallu qu'il ne puisse le voir, ne pas se faire décapiter par un lion furax, avoir le temps de s'expliquer et, le plus dur probablement : être cru.

    - Te fais pas de bile, Theo. Tout va bien aller pour toi, tu verras.
    - Je sais. C'est pour toi que je m’inquiète.
    - Faut pas. J'suis un adulte responsable, tu sais.
    - Non, ça tu vois... j'l'ignorais.

    Sirius sourit et leva les yeux au ciel, avant de décoiffer Theodore. Il l'aimait bien ce petit. Plus qu'il ne l'aurait cru au départ. Un Nott, après tout, voilà ce qu'était Theodore. De la même manière qu'il n'était un Black : et cela changeait tout.

    - Pour en revenir à Harry : comment tu veux que je ramène Harry ici, t'es marrant le nain.
    - Avec Ron, suggéra de suite Theo sans réfléchir. En plus Peter est sans doute retourné couiner dans ses mains pour être en sécurité : tu ferais d'une pierre deux coups.
    - Et quel meilleur moyen de prouver mon innocence... que montrer que le rat est en vie, acheva Black, tout sourire. Theo, tu es un génie !

    Le génie haussa un sourcil avant d'acquiescer. Il n'avait pas pensé à ça, à aucun moment... mais c'était logique. Avoir une preuve de l'innocence de Sirius était bien la meilleure solution pour que Harry ne puisse croire à l'histoire.

    - T'es mon Remus numéro deux, annonça fièrement l'autre. Aussi intelligent et gentil.

    Que se passerait-il quand Harry saurait Sirius innocent ? Que se passerait-il pour lui ? Jusqu'à présent, l'assassin innocent se rabattait sur lui car il était le seul à le croire, le seul avec qui il pouvait avoir un contact humain et parler. Theodore Nott n'était qu'un second choix, pire encore à côté d’Harry Potter.

    Harry le priverait-il de ça ? Sirius l'oublierait-il totalement ? Probablement oui. Son égoïsme du moment l'étonnait, mais sa peur était si forte que rien ne pouvait changer


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  • Une main à quatre doigts se plaqua soudain sur la bouche de Theodore qui ouvrit les yeux aussitôt cette attaque survenue. Il fixa l'inconnu, qu'il pensait identifier sans en être certain et commença à gigoter dans l'espoir vain de se défaire de la prise. Ou de faire du bruit et réveiller les autres. Ou de réussir à se défaire de la poigne de l'homme.

    Constatant son échec cuisant, le jeune Nott se résolu à mordre la paume du petit homme. Un gémissement quitta les lèvres du criminel qui ne le lâcha pas pour autant.

    - Je te tiens Nott, sourit-il extatique. Enfin je te tiens.

    Theodore tremblait comme une feuille, toujours dans son lit et sous les couvertures. L'autre main de l'ancien rat tâtonna sur ta table de chevet, à la recherche de quelque chose, sans doute.

    Cette fois-ci, le brun ne tenta même plus de résister auprès du traître, du vrai traître. La peur était trop présente, trop forte, trop réelle. Il allait crever, cette fois c'était bon : il n'y échapperait pas.

    Pas une troisième fois.

    Puis ce fût le noir total.

    Sans un bruit, Theodore retomba sur son matelas, les yeux clos et immobile. Un mal de crâne serait probablement son compagnon d'ici les heures à venir, mais Pettigrow n'en avait cure.

    Nott croyait Sirius. Nott était intelligent. Nott était à éliminer. Et Nott le conduirait à Sirius, sans le vouloir ni même le savoir. Nott était la carte maîtresse de sa main, et il venait de l'abattre.

    Au fond il regrettait que ça ne soit ce dernier. S'il n'avait jamais été attentionné à son égard sous son apparence de rat, il n'avait jamais non plus lancé la moindre insulte, la moindre moquerie. N'avait jamais accepté de tester de petits sortilèges "inoffensif" sur lui.

    Qu'était-ce qu'un sort inoffensif aux yeux des jumeaux Weasley, par exemple. Tellement de chose... mais pas d'innocence en eux.

    Adossé contre le mur, Zacharias avait les bras croisait et toisait le groupe de lions qui s'approchait. Amputés d'un de leur membre, encore et toujours le même, le blond ne pouvait manquer la remarque.

    - Nott a enfin comprit à quel point vous pouviez être... vous ? Ricana le jeune Poufsouffle. Remarquez : c'est pas comme si je ne le comprenais pas.

    Des élèves de sa maison, il pouvait, sans craindre de se tromper, affirmer qu'il avait été le premier à remarquer la disparition de Theodore. Peut être même le seul. Il fallait dire que Nott n'était pas à comptabilisé parmi les élèves qui se faisaient le plus remarquer.

    Au début si, il n'y avait rien à dire ni à faire : on ne voyait que lui. Lorsqu'ils étaient tous en première année et que son nom était encore trop présent chez les autres. Puis l'habitude avait fait que...

    Hermione, Harry et Ronald l'écoutèrent sans broncher. A quoi bon lui faire ce plaisir ? C'était exactement ce que souhaitait le jaune et noir : les énerver et les faire réagir.

    - Y a déjà qu'à voir quel truc est considéré comme meilleure amie. Hein Granger.

    La dernière attaque toucha la troisième année, plus que ne l'auraient supposés les trois garçons ci-présent. Elle se jeta sur le blaireau et lui colla son poing dans la figure. Sous la violence de la rencontre entre le nez du blaireau et le membre de la lionne, la tête du premier pivota.

    - Même pas mal, marmonna Zacharias.

    Le garçon se contredit pourtant aussitôt en faisant demi-tour. Le nez entre les mains, et quelques gouttes de sang coulant entre ses doigts et le long de son bras.

    Harry, tout comme Ronald, regardait son ami : médusé. Certes Smith avait poussé le bouchon un peu trop loin... mais pas de là à ce qu'elle ne réagisse d'une manière aussi violente. Son Hermione était une personne calme, posée et réfléchie (trop d'ailleurs), certainement pas une fonceuse aussi idiote que téméraire.

    - C'était pas le moment de m'énerver, se justifia-t-elle maladroitement. Il l'a pas volé hein, c'est entièrement sa faute. Theo a disparut... et il en plaisante.
    - Hermione... c'est Smith, rappela doucement Ron en lui posant une main sur l'épaule. Il est chiant, se moque bien des autres mais... l'an passé il voulait le retrouver, il a essayé de le sortir de la chambre et ça : faut pas l'oublier.
    - A d'autres. Il voulait juste nous emmerder. J'comprends pas pourquoi Theo et lui s'entendent pas mieux, d'ailleurs.
    - Tu cracheras sur lui quand il sera présent, s'il te plaît ? Demanda le garçon aux cheveux roux. J'pense que c'est pas le moment de dire des trucs sur lui...

    Caché dans un bosquet, un chien avait tout entendu. Le canidé reprit, se moquant bien des conséquences que cela pourrait avoir, sa morphologie initiale. Néanmoins : il resta à quatre pattes et ne rata pas un mot de ce que se disaient les gosses.

    - Hermione, Rogue a déjà dit qu'il s'en chargerait.
    - C'est Rogue, grinça-t-elle.
    - Et c'est Theodore. Il le considère presque comme un élève de sa maison.
    - Il aurait dû y aller, tout le monde aurait été content, râla l'unique détenteur de lunettes.

    Merlin ! Il était si proche de son filleul, mourrait d'envie de le prendre dans ses bras, de lui raconter toute l'histoire... mais il ne serait pas cru. Le garçon à la cicatrice n'accepterait probablement même pas de l'écouter, de lui laisser le bénéfice du doute.

    Pas aussi facilement que Theodore.

    Actuellement en danger.
    Par sa faute.
    Bah tiens... ça l'aurait étonné aussi qu'il n'y soit pour rien.


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