• On posa sa gamelle de nourriture juste assez près pour que ses chaînes ne lui en bloquent pas totalement l'accès : mais la limite était presque franchie. Theodore ne pu retenir une grimace en voyant la maigre portion qu'était celle des prisonniers.
     
    - Il fût un temps où je devais t'obliger à manger, fit remarquer Marcus. Ca fait plaisir de voir que j'ai pas à le faire cette fois.
    - Même Zacharias cuisine mieux que ça, marmonna Nott. Et il arrive à louper une salade.
    - Smith cuisine ?
    - Non, sourit le plus jeune.
     
    Bien que le goût soit des plus infects : Theodore prit son temps. Il tenta de savourer chaque bouchée, étant bien trop conscient que les rations ne seraient pas toujours les mêmes et que, parfois, il aurait probablement bien moins. Puis il n'avait rien de mieux à faire pour s'occuper !
     
    Seul dans cette cellule étroite. Attaché, et donc partiellement privé de ses mouvements. Il haïssait cette nouvelle mesure prise au cas où d'autres prisonniers se trouvaient être des animagus non déclarés. D'autant plus que ce n'était mis en place que pour les mangemorts.
     
    Il y avait bien Marcus pour lui tenir compagnie mais... Flint était Flint. Son aîné ne pouvait pas l'empêcher d'entendre les cris, de compter les secondes (rarement les minutesà qui s'écoulaient avant qu'un autre prisonniers se mette à hurler à son tour. L'empêcher d'avoir peur pour sa vie, peur pour sa santé mentale.... peur de son propre esprit ! Non, l'ancien joueur de Quidditch ne pouvait pas l'en empêcher.
     
    Tout ce que voulait Theodore : c'était sortir d'ici. Mais pour aller où ? Peu importait pour l'heure... même si aller retrouver Zacharias restait la meilleure des solutions. Le blond lui manquait déjà. Sa présence lui manquait déjà. C'était encore plus douloureux que la fois où il avait mit les voiles après avoir vu les faux souvenirs d'Abbot.
     
    - C'est bon hein, se moqua l'un des gardiens en charge de leur secteur.
     
    Sans se défaire du sourire railleur qu'il avait : l'homme ouvrit la cellule du jeune mangemort et lui arracha son écuelle des mains. Celle-ci était pourtant encore à moitié pleine et Theodore comptait bien encore en manger un peu. En voyant la mine outrée du prisonnier : l'individu éclata de rire et lui donna un coup de pied bien senti dans les côtes avant de faire demi-tour en emportant les restes.
     
    - Tu apprendras qu'à Azkaban : on ne gaspille pas la nourriture, lança-t-il en prenant l'assiette de Marcus qui était, quand à elle, vide. C'est sacré.
    - J'allais encore manger, répondit Nott, plus agressivement que prévu.
    - Sur un autre ton, ordure.
     
    Flint regardait le plus jeune l'air désolé. 
     
    - Je ne te savais pas comme ça, Theodore, s'amusa le second. La grande gueule, dans le passé, c'était pas vraiment toi.
    - Ce n'est toujours pas moi. 
     
    Appuyé contre les barreaux qui séparaient sa cellule de celle du jeune voyant, Marcus ne le quittait pas des yeux. Il commençait à s'inquiéter. Sans savoir pourquoi, il avait l'impression que quelque chose n'allait pas tarder à arriver.
     
    Pour une fois il eut raison.
     
    - Theodore ! S'écria-t-il. Nott ! Reste éveillé ! GARDIEN !
     
    "- Je ne te demanderais ni la lune, ni Jupiter et encore moins Neptune, commença Drago installé à une table d'un petit café. Je veux juste que tu ailles ouvrir les yeux à ces idiots du ministère.
    - Je ne peux pas faire ça, souffla un homme portant des lunettes rondes. Malefoy : je ne peux pas.
    - Je ne te demande pas de pouvoir le faire mais de le faire, claqua le blond, sur de lui. On ne dirait pas mais... Theodore est fragile. Il sera continuellement entouré de mangemorts. Ils sont presque tous comme Lestrange ou Carrow : ils veulent sa mort. Ils vont le tuer, Potter ! Tu veux être responsable de sa mort !
    - Malefoy...
    - S'il avait accepté de collaborer avec Voldemort comme on l'accuse de l'avoir fait... tu aurais eu plus de mal à le battre ! Même si Ted ne peut pas contrôler son don : ça ne change rien au fait qu'il l'ait. 
    - Je doute que ça fonctionne cette fois... de nombreux critères ont changé.
    - Nouveaux décès à lui mettre sur le dos. Nouveau gouvernement. Nouveau ministre. Nouvelle politique du pays. Nouvelle approche de la Grande Guerre. Je sais, Potter. Mais tu es toi et même si ça me tue de le dire : le fait que tu sois toi change tout.
    - Malefoy...
    - Mon mariage bat de l'aile, Potter, parce que je passe mon temps à m'inquiéter pour Theodore. Parce qu'il est fragile ! IL EST FRAGILE !"
     
    Secoué et giflé par deux gardiens, le jeune prisonnier commença enfin à ouvrir les yeux. Perdu, il regarda tout autour de lui. Il essayait de voir où il se trouvait, avec qui il était et comprendre ce qui s'était passé.... même s'il connaissait la réponse pour le troisième point.
     
    Lorsqu'il vit le regard inquiet de Marcus, il s'arrêta sur lui. Un visage connu, un visage allié... c'était toujours mieux que deux inconnus qui prennent leur pied en frappant un prisonnier.
     
    - Qu'est-ce qui s'est passé, Nott, s'agaça l'un d'eux.
     
    Il n'ouvrit pas la bouche, restant concentré sur Flint. Uniquement Flint.
     
    - A Poudlard tu perdais pas connaissance, fit-il remarqué lorsque les deux hommes se furent enfin éloignés. Et... désolé de les avoir appelé. Je. La prochaine fois je ne le ferais plus. Mais j'ai... eu peur.

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  • John faisait son possible pour savoir ce qui avait pu, en réalité, pousser le bureau à rouvrir le dossier de Theodore. Quoi, qui, pourquoi et jusqu'où iraient-ils ? Il ne comprenait pas cette décision. Les aurors autour de lui avaient beau lui avoir répété encore et encore qu'on ne lui demandait pas de comprendre une décision mais de l'appliquer : lui ne pouvait se faire à l'idée d'obéir sans réfléchir.
     
    Lorsque Zacharias était apparu chez lui en panique totale et lui demandant pourquoi il n'avait pas jugé nécessaire de le prévenir de cette décision préventive prise par le magemagot : Cadwallader n'avait su que dire. Pas une seule fois il n'avait eu le moindre doute, personne n'avait parlé de cette mesure autour de lui lorsqu'il était présent... pourtant il ne doutait pas qu'elle avait dû faire jaser. 
     
    Maintenant qu'il était au courant et ce, même s'il était toujours considéré comme trop jeune et trop inexpérimenté pour travailler sur une affaire impliquant un ou plusieurs mangemort : il remarquait qu'on en parlait. Entre ceux qui étaient pour son arrestation et ceux qui considéraient que ce n'était ni plus ni moins que de l'acharnement... le bureau des aurors était divisé : une fois de plus.
     
    - John, tu as fini le dossier Fletcher ?
    - Sur mon bureau, répondit le plus jeune sans lever les yeux.
    - Qu'est-ce que tu fais ? Interrogea son supérieur. John ? Qu'es-tu en train de lire ?
    - Ce que j'arrive à trouver sur le dossier Nott. C'est à dire : pas grand chose.
     
    L'homme ne s'était pas attendu à cette réponse honnête. Il aurait pensé que le jeune sorcier lui aurait inventé un quelconque mensonge afin de ne pas lui avouer qu'il mettait son nez là où il n'avait pas à le mettre. Il ne fit pourtant aucune remarque.
     
    Au contraire ! D'un petit signe de tête, il invita John à le suivre jusque dans son bureau. La porte fût verrouillée et, même si les stores restèrent ouverts : nuls ne viendraient les déranger.
     
    - Les deux boîtes derrière toi sont le dossier Nott, annonça-t-il. Je peux te mettre sur cette affaire si tu le souhaites mais si tu travailles avec moi dessus : il faut que tu saches que tu devras rester impartial... et ne pas le considérer d'emblée comme étant coupable.
    - Je ne peux pas, avoua le second, mal à l'aise.
     
    Etonné, l'auror haussa les sourcils avant d'acquiescer. Il comprenait que l'étudiant ne veuille se retrouver mêler à cette histoire. Peut-être se connaissaient-ils de Poudlard, peut-être se détestaient-ils, peut-être pensait-il le serpent responsable de la mort de ses amis.
     
    Ce qu'il pouvait se méprendre.
     
    - Bien. Remet tout en place quand tu auras terminé.
    - Monsieur, appella John tandis que l'autre s'en allait. Je ne peux pas parce que je le sais innocent. Pas parce que je pense qu'il est un monstre. Je pense que l'envoyer à Azkaban c'est le condamner à mort sans clairement le dire.
     
    Son aîné se contenta, de nouveau, d'un hochement de tête avant de s'en aller. Cadwallader venait de l'étonner. Il l'étonnait souvent mais plus encore à cet instant. Il ne cachait rien. Tant pis s'il ne pensait pas comme la majorité. C'était rare ! C'était remarquable !
     
    John avait promit à son ami de faire de son mieux pour trouver le pourquoi de cette réouverture. Pour Zacharias. Pour Theodore. Pour lui aussi. Lui non plus ne voulait pas ignorer les causes... au vu et au su des conséquences.
     
    Lorsque le serpent avait été libéré la première fois, suite à l'intervention de Potter, il n'avait pas été présent. Il n'avait plus parlé à Zacharias depuis le décès de Brian et celui-ci n'avait rien fait pour y remédier. Il avait été absent pendant des années, le laissant seul, ne l'aidant pas à surmonter l'absence du brun. Peut-être était-ce pour le mieux, finalement. Se connaissant : il aurait fait son possible pour décourager le blond et lui faire entendre raison.
     
    Il n'était pas encore ami avec Nott. Il n'était pas encore impliqué. Maintenant il l'était. Maintenant il l'était et il regrettait de n'avoir jamais accompagné Smith quand il embêtait l'autre, de ne pas avoir essayé de lui parler dans la salle du demande.
     
    Nott était juste ce serpent qui fascinait Zacharias depuis des années. Rien de plus. 
     
    - C'est pas vrai, murmura-t-il.
     
    D'un bond : il se redressa. Mettant sa lecture sur pause et abandonnant le dossier sur l'espace de travail de son supérieur : John quitta la pièce. Il n'oublia pas de fermer la porte derrière lui avant de partir à la recherche du propriétaire du bureau.
     
    - Monsieur Vane ? Est-ce que vous sauriez où je pourrais trouver le capitaine Goldstein ?
    - Il est en mission sur le terrain. Pourquoi tu dois le voir ? 
    - C'est au sujet du... du dossier Nott. Il y a quelque chose qu'il doit savoir. Au sujet de... de son informatrice.
    - Tu veux m'en parler ?
     
    L'ancien blaireau se dandinait d'un pied sur l'autre. Il grimaçait. Il hésitait. Il voulait, sincérement, aider Theodore et Zacharias qui méritaient amplement d'avoir cette chance mais... sa place n'était pas pour autant sur ce dossier. Il n'était, justement, pas Smith. Il ne défendrait pas la cause du brun aussi bien qu'il le faudrait.
     
    - Elle s'en est déjà prit à lui et à son petit-ami, murmura Cadwallader. Elle... elle s'en est déjà prise à lui.

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  • Les yeux ronds, l'ancien capitaine de l'équipe de Quidditch de la maison Serpentard ricana simplement... avant de bruyamment éclater de rire. Le plus jeune voyait bien que Marcus n'était plus totalement celui qu'il avait côtoyé quelques années plus tôt mais il n'en demeurait pas moins incroyablement bien conservé.
     
    Certes son regard se faisait plus fuyant. Son sourire était le sourire de n'importe qui sauf de quelqu'un étant sain d'esprit... mais Flint ne l'avait jamais vraiment aimé.
     
    Malgré ça : Theodore était soulagé de l'avoir en guise de voisin de cellule.
     
    - J'ai eu peur d'avoir de nouveau un taré, avoua le plus âgé. Celui que j'avais avait toi était vraiment flippant. D'y penser j'en ai encore les genoux qui jouent des castagnettes et les poils qui se hérissent. REGARDE !
     
    Après avoir relevé bien haut la manche de son uniforme qui lui allait parfaitement : Marcus essaya de montrer son bras à son voisin. Il l'approchait le plus possible sans que bouger les chaînes ne devienne nécessaire.
     
    - Enfin c'est peut-être le froid, j'en sais rien.
     
    Theodore sourit. Légèrement. Brièvement. Mais sourit malgré tout.
     
    - Et il est où maintenant ? Demanda-t-il.
    - Il est mort bien sur, sourit Flint. Il s'est battu avec Lestrange ce con. Comme tu t'en doutes puisque tu es dans sa cellule : il a perdu. 
    - Oh...
    - Qui peut s'en tirer vivant face à ce taré en même temps ! Rodolphus est flippant ! Presque autant que Machin !
    - Machin ?
    - Celui qui était là où tu es. J'ai pas retenu son nom... trop compliqué, y avait trop de lettres.
     
    Les deux serpents qui avaient appris à s'apprécier lors du premier séjour à Azkaban du plus jeune restèrent côte à côte. Ils étaient, certes, attachés mais peu importait. Leurs liens leur permettait peu de mouvements mais celui-ci ne leur était pas encore interdit.
     
    Heureusement !
     
    - Sinon qu'est-ce que tu d'viens ? Tu fais quoi dehors ? Il y a beaucoup de changements ? C'est beau ? C'est moche ? 
     
    Le fils de Theophile baissa la tête. Ces questions, pourtant fort simples, étaient prévisibles et il pouvait y répondre sans mal. Pourtant, le faire lui faisait mal. Lui faisait peur.
     
    Et si, d'ici quelques années, il en était réduit à poser les même à son voisin de cellule ?
     
    - Non oublie, souffla Marcus en voyant sa réaction.
    - Tous les Serpentard de mon année sont morts... ou ici. 
    - Donc ils sont morts, simplifia Flint. Même ton meilleur pote Malefoy ?
    - Non. Lui il... il est en vie et. Dehors. On l'emmerde pas lui. On. On a apprit à s'apprécier.
     
    On dévisagea Theodore, stupéfait. Il ne se souvenait que trop bien des innombrables différents qui avaient pu opposer les jeunes Nott et Malefoy. Plus d'une fois ils en étaient venus aux mains même si, le plus souvent, le sorcier aux cheveux blonds avait préféré ordonner à ses deux acolytes de maintenir le brun tandis qu'il se défoulait sur lui.
     
    - Et Smith ? Il t'a fait libérer mais... vous êtes toujours potes ? Le fait que tu ais été accusé du meurtre de son frère n'a pas joué contre vous ?
    - On est amis... enfin... c'est... compliqué.
     
    Marcus fronça les sourcils et s'approcha pour serrer l'épaule de Theodore. Ce geste l'obligea à tirer sur les chaînes ce qui provoqua une légère brûlure au niveau des poignés... maudits soient les sortilèges qui étaient lancés !
     
    - Theodore, murmura Flint. Je ferais mon possible pour qu'il ne t'arrive rien. Les Lestrange ne t'approcheront pas... je serais là quoi qu'il arrive.
     
    Le plus jeune, mais certainement pas le plus petit, se mit à trembler. Le prisonnier de longue date eut alors l'impression que, bien que libre, Theodore n'avait pas pour autant eu l'occasion de vivre pleinement et sereinment.
     
    - Tu sortiras d'ici, Nott. Et en vie.
    - Je. Je ne suis pas certain d'en avoir envie, murmura le brun à tête de lapin. Rodolphus il. S'il veut me tuer définitivement il réussira... il va s'en assurer. Il. Il n'est pas le genre d'homme à faire deux fois la même erreur... surtout avec la même victime.
    - Qu'est-ce que tu veux dire, Theodore ? Souffla Flint. J'ai peur de comprendre mais je dois mal comprendre... 
    - C'est moche dehors.
     
    La main toujours sur le plus jeune, l'ancien joueur de Quidditch le regarda : perdu.
     
    - Que s'est-il passé ? 
    - Je te raconte quoi ? Les Carrow qui ont failli m'attraper et de Potter qui est arrivé à temps pour empêcher ça. De Rodolphus qui m'a trouvé la seule fois où je suis sorti seul et qui m'a laissé pour mort dans ma chambre au chaudron baveur ? De ma petite amie qui a voulu m'empoisonner ? De cette même petite amie qui a foutu le feu à mon manoir pendant que j'y étais ? De la tarée qui invente n'importe quoi pour briser mon couple et qui harcèle Zach ?
    - T'es en couple avec Smith ? Releva simplement Marcus. La vache ! C'est Malefoy qui doit faire la gueule. Et ta petite amie c'est... Granger, si j'ai bien suivi ? 
    - J'ai le chic pour choisir mes fréquentations : uniquement des tarés.
    - Et Smith ne déroge pas à la règle.
    - Et Zach ne déroge pas à la règle, sourit Theodore. 
     
    Silence. 
    Silence pesant surtout puisqu'il permettait d'entendre les hurlements des cellules environnantes. Il permettait d'entendre la folie de nombreux prisonniers.
     
    - Smith te fera sortir d'ici. Il en est capable.

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  • Sans ménagement, le brun fût jeté dans une cellule qui lui parut encore plus exigüe que lors de sa première incarcération. Sans doutes n'était-ce qu'une impression. Après tout, la fois précédente il n'avait pas encore obtenu l'autorisation de sortir de l'hôpital lorsqu'il y avait été traîné contre avis médical. Le choc entre la taille d'une des chambres blanches et aseptisées de St Mangouste et une cellule sombre et crasseuse d'Azkaban devait être moindre que celle entre un manoir et une cellule.
     
    Enfin deux manoirs et demi, théoriquement.
     
    - J'espére que tu as profité de la vie, Nott.
     
    Partout autour de lui : des cellules vides ou alors habitées par des fous. Qu'est-ce que Theodore n'aurait pas donné pour avoir de nouveau Marcus Flint à ses côtés mais depuis le temps... depuis le temps son ancien camarade serpent ne devait plus avoir toute sa tête (l'avait-il simplement eut un jour ?). Enfin ça c'était s'il n'avait pas tout bonnement perdu la vie. Ce qui lui serit peut-être préférable au fond.
     
    C'est la boule au ventre que le brun alla s'installer dans un des coins à l'aspect le moins douteux. Il essayait de disparaître et de ne faire plus qu'un avec le noir. 
     
    On lui avait retiré ses vêtements et il avait dû revêtir l'uniforme réglementaire des prisonniers mangemorts. Détention provisoire. Présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. Les conditions, pourtant, d'un coupable. 
     
    La chaînette de James, la gourmette offerte par Zacharias... tout lui avait été retiré au même titre que son pull ou ses chaussettes. Nu pied dans des chaussures qui filtraient l'air : le brun ne cessait de frissonner. Il n'était pas encore réhabitué au froid ambiant et ne voulait pas l'être ! 
     
    Il voulait sortir. Il voulait sortir parce que non il n'avait pas suffisamment profité. Il avait encore tellement à faire à l'extérieur ! Tellement à dire à ceux qu'il côtoyait.
     
    Sans s'en rendre compte, Theodore commença à jouer avec les chaînes qu'on lui avait passé au niveau des pieds. Celles à ses mains ne le gênait pas plus que ça même si elles étaient légèrement trop serrées... en revanche : ses chevilles souffraient le martyr !
     
    - Tu n'auras aucun passe droit cette fois, ricana un gardien en fermant la porte.
     
    oOo
     
    Theodore aurait aimé ne pas être celui qu'il était. Être comme Blaise, par exemple, qui avait su éviter la marque. S'il en avait lui aussi été capable alors rien de tout ceci n'aurait eu lieu. Jamais on ne l'aurait envoyé à Azkaban sous prétexte qu'il était mangemort puisqu'il ne l'aurait pas été.
     
    Il n'aurait pas non plus été attaqué par Carrow. N'aurait pas gagné la salle sur demande de cette manière et ne se serait pas réconcilié avec Zacharias.
     
    Ou peut-être que si... puisqu'il aurait été perçu par cet homme comme un traître à son sang. 
     
    A la place il l'avait reçu et le mal était fait. Bien moins imposant physiquement que Zabini, il n'avait en plus pas été capable de tenir tête à son père. Quand il était rentré chez lui à la fin de sa sixième année, lorsque James et Theophile s'étaient affrontés du regard : c'est à ce moment là que Nott Jr aurait dû faire son choix. S'affirmer face à ce vieil homme qui se disait être son paternel et suivre son précepteur.
     
    - Je trouve pas ça drôle, entendit le brun venant de la cellule de gauche. C'est même pas drôle du tout. Hey ! Depuis quand les gardiens ont de l'humour ?
     
    Le nouvel arrivant venait d'appeler l'homme qui avait fermé sa cellule mais ce dernier ne daigna pas se tourner. Alors le mangemort accorda toute son attention au sorcier à sa droite. Les yeux ronds, la bouche entrouverte, les bras serrant ses jambes, il était tourné vers Theodore et le contemplait : tout simplement.
     
    - Moi non plus. C'est pas drôle d'être ici, en fait.
     
    Vêtu d'un horrible uniforme dans lequel il flottait amplement (Nott avait pourtant réussit à avoir le plus petit modèle présent), il se disait que tous les prisonniers se devaient d'être de grands gaillards pleins de muscles... ce qu'il n'était absolument pas. Le brun tourna la tête en direction du sorcier dont il sentait le regard.
     
    Il écarquilla les yeux de stupéfaction en reconnaissant l'individu. C'était incroyable que Marcus soit encore en vie, capable de raisonner et en mesure de formuler des phrases cohérentes qui plus est. Incroyable.
     
    - Qu'est-ce que tu fous là, Notty-boy ? Lui demanda le plus âgé. Ca fait... comment tu peux être là alors que tu devrais pas être là ? Tu devrais être mort ! Tu... tu as reçu le baiser il y a déjà... quelques années. Non ?
    - J'l'ai pas reçu, murmura Theodore sans le quitter des yeux. On a su me faire sortir au dernier moment.
    - Smith, rit-il. Smith a réussi à te sauver ! Il est génial ce blaireau ! Peut-être parce qu'il est plus Serpentard que toi tu ne l'as jamais été et... ah bon sang mais t'es vivant Theodore ! C'est formidable et incroyable ça !
    - Je suis vivant et à Azkaban, siffla Nott, le regard noir. Je suis vivant ET à Azkaban ! Tu peux trouver ça incroyable puisque je devrais être mort mais c'est loin d'être formidable ! Très loin même ! Je pourrais être chez moi et non. NON ! Je suis ici ! JE SUIS ICI MARCUS ! ICI ! A Azkaban !
    - Et on pense que tu as fait quoi, cette fois ?
    - Accusé d'avoir tué Brian, encore. Accusé d'avoir tué Anthony. Accusé d'avoir tué Hermione et fait croire que c'est elle qui voulait me tuer... on me prend pour un gros taré en fait.
    - Hermione ? Granger ? Elle est morte, elle ?
    - En voulant me tuer.

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  • - Je ferais tout mon possible pour l'aider, promis John. Je vais essayer de suivre son dossier et : je t'assure que je ferais de mon mieux.
    - Si tu fais de ton mieux alors j'ai confiance, tenta de dire Zacharias d'un ton léger qui, pourtant, ne trompa pas son ami. 
     
    Lorsque Theodore s'était retrouvé en fauteuil suite à la folie meurtrière dont avait été prise Hermione et qui, ironiquement, lui avait coûté la vie : Zacharias était arrivé un soir chez John, la bouche en coeur et un énorme service à lui demander. Le blond voulait savoir si, lorsqu'il n'avait pas de cours théorique ou pratique, aller voir le brun et lui tenir compagnie le dérangerait.
     
    Dans un premier temps réticent, il avait fini par céder et accepter la folle requête de son ami. Il n'oubliait pas aussi facilement que Smith que Nott avait été un Serpentard et même LE Serpentard qui avait rendu Zacharias particulièrement agaçant pendant une longue période... mais il avait cédé.
     
    Après tout : Zacharias était aussi Zacharias que Theodore était Theodore. Ils avaient chacun une manière bien à eux d'obtenir ce qu'ils voulaient : mais celle-ci fonctionnait. 
     
    Quelques jours avaient suffit pour que cette corvée n'en soit plus une. Le vert et argent savait bien se faire apprécier et pouvait être d'une compagnie parfois plus agréable que celle de Zacharias.
     
    Cadwallader avait d'ailleurs vu que Justin, Ernie et Susan appréciaient eux aussi énormément le serpent. La dernière n'allait pas souvent le voir mais lorsqu'ils étaient à deux : plus rien d'autre semblait exister. Ils étaient dans leur monde. Un monde que Smith détestait, d'ailleurs.
     
    En revanche, Hannah n'avait jamais eu le moindre atome crochu avec le brun. Contrairement à ses camarades Poufsouffle, elle n'avait jamais pu comprendre ou même accepter qu'il n'était pas nécessairement comme les autres serpents. Tout comme elle n'était pas comme les autres blaireaux.
     
    Son fanatisme actuel pour la personne de Zacharias ne devait pas aider. La haine de la jeune fille pour le malheureux devait être alimentée par ce semblant d'amour à sens unique.
     
    - Sans lui... j'ai l'impression que... que je peux pas. De stagner. C'est comme... quand Justin met son truc de moldu sur pause et que l'image s'arrête jusqu'à ce qu'il relance. 
    - Là, par contre, tu perds ton côté chou et tu deviens un peu flippant...
     
    Alors que John était censé être encore en couple avec la jeune Abbot : celle-ci avait eu le sentiment d'être mise sur le côté au profit du reptile. C'est cet éloignement, inexistant pour Cadwallader, qui avait causé leur rupture. 
     
    Peu de temps après, Smith commençait à se plaindre d'Hannah. Elle n'avait plus d'yeux que pour le blond qui, lui, ne voyait en elle qu'une ancienne amie ou un sortilège de glue perpétuelle en l'occurence. Seul Theodore l'intéressait.
     
    Finalement, le futur auror en viendrait presque à plaindre son ex-petite-amie. Presque.
     
    - Je sais, marmonna Zacharias avant de changer de sujet. Est-ce que tu sais ce qu'il aura à... à supporter là-bas ? Enfin oui tu le sais... forcément. C'est ton boulot de savoir. Tu ne m'as rien dit. Si tu ne m'as rien dit c'est que ça ne va pas me plaire donc... au fond : je pense que ça me mine autant le moral que si j'avais été au courant de ce qu'il aurait à supporter. 
    - Smithy, n'oublie pas de respirer quand tu parles, sourit tristement Cadwallader. Oui je sais quelles seront ses conditions de détention. Et oui je pense que te mettre au courant serait une mavaise idée.
     
    Son voisin commença à se prendre la tête entre les mains. Ses épaules tressaillaient. Quelques sanglots se faisaient entendre. Deux ou trois larmes commençaient à couler.
     
    - Mais dans la mesure où tu peux trouver la réponse dans des manuels tout public : si tu tiens vraiment à le savoir sache que je suis là.
    - J'ai peur de savoir. J'ai peur de ce qu'on lui fera endurer. J'ai peur de... de ne pas être capable de l'aider une seconde fois. 
     
    John hocha simplement la tête. Il se doutait qu'il recevrait une réponse de ce genre. Zacharias tiraillé entre son envie de savoir pour se représenter Theodore comme il fallait... et sa crainte de s'imaginer le brun dans une situation peu enviable.
     
    - Je me sens pas capable de... de tout recommencer. Ses nuits blanches, ses cauchemars, son silence, ses peurs, son incapacité à manger correctement, ses doutes, ses blessures, énuméra le blond. Il était détruit... Teddy était détruit et le revoir comme ça... je supporterais pas, John.
    - Cette fois tu n'es pas seul. La dernière fois tu ne t'es pas reposé sur Neville et... Hermione. Mais... aujourd'hui tu as Drago, Justin, Susan, Ernie, Harry, Neville et moi. On est là pour toi et on sera là pour lui.
    - Malefoy ? Là pour moi ? Se moqua Zacharias.
    - D'après ce que j'ai appris : quand Theo a sauté... il était bien là pour toi.
     
    Le blond hocha la tête sans pour autant lever les yeux. A quoi bon ? Que verrait-il à part le regard emplit de pitié de son ami.
     
    - Alors... tu veux savoir ?
    - Pas maintenant. Là je... je veux garder quelques heures encore l'image de Ted endormi et serrant mon oreiller contre lui.
    - Tu sais : Justin a des photos plutôt réussie de vous deux.
    - Combien de fois il a pu nous faire chier, lui, avec son appareil.

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