• Drago et Blaise s'étaient perdus dans une passionnante conversation au sujet du nouveau balai dernier cri, ultra moderne et performant avec un design à couper le souffle. A les entendre, le Pluton 500 était la huitième merveille du monde et cela avait le don d'agacer Theodore.

    Fondamentalement il n'avait rien contre le Quidditch. Comme presque tout sorcier qui se respecte : Theodore supportait une équipe, celle des Ballycastle Bats d’Irlande du Nord, connaissait les règles sur le bout des doigts et savait y jouer ; pour autant : le brun n'avait jamais comprit comment l'on pouvait se montrer aussi fanatique. Ca en devenait inquiétant, par moment.

    - Edmund va essayer de m'en obtenir un avant sa sortie officielle, annonça Blaise. Pour une fois qu'il me sert à quelque chose celui-là.

    La tête appuyée contre la vitre, Theodore les laissait parler et préférait regarder défiler le paysage. Ce que le voyage pouvait être long, parfois il regrettait qu'Ottaline Gambol ait opté pour ce moyen de transport. Non pas parce qu'il s'agissait d'une invention moldu mais pour la lenteur de ce modèle.

    Par Merlin ! Mais les moldus avaient inventés le Train à Grande Vitesse d’après le professeur Burbage. Pourquoi, eux, continuaient-ils à faire le trajet King Cross-Poudlard avec cette antiquité ? C'était à n'y rien comprendre.

    - Tu me laisseras l'essayer hein, sourit Drago sans vraiment laisser le choix. N'est-ce pas, Blaise.

    Le fils de Theophile détourna, juste quelques instants, son attention du paysage pour écouter d'une oreille plus attentive la discussion entre les deux compères. Sans vouloir se vanter : le brun parierait gros sur la réponse qu'allait formuler Blaise.

    Dommage que Smith ne soit pas là pour faire grossir, un peu plus encore, sa bourse.

    - Non, sourit le métis. Je te connais Drago : une fois que tu auras posé ton postérieur Malfoyesque tu ne sauras plus te séparer de cette merveille.

    Theodore soupira bruyamment. Même si la réponse correspondait totalement au personnage qu'était Blaise, refuser quelque chose et se justifier de la sorte au petit roi aux cheveux blonds restait une mauvaise idée. Une très mauvaise idée.

    N'est pas Malfoy qui veut, après tout, et il semblait que pour l'être mieux valait être un monstre d'hypocrisie et de faux semblants ; un maître dans l'art des mots blessants et de la comédie. Pour être un Malfoy, il fallait également exceller dans les regards hautains et les rictus moqueurs. Pour être un Malfoy il fallait être un être méprisable, au fond.

    - Il faudra que tu attendes sa sortie officielle, nargua Blaise Ta mère pourra pas te le refuser. Tu n'auras qu'à lui dire qu'avoir un bon balai te permettra de te changer les idées et oublier où se. De te changer les idées.

    Celui qui restait en dehors de cette conversation leva les yeux au ciel. Son geste n'échappa à aucun des deux autres protagonistes qui réagirent sur le champ : Theodore était toujours bel et bien présent dans le compartiment, à leurs côtés. L'annonce qu'il avait fait avant le départ du Poudlard Express et sa prise de vitesse était tout aussi intéressante que le Pluton 500. Si ce n'est plus.

    Il ne fallut qu'un regard entre Drago et Blaise pour se comprendre. Le faux pas qu'avait manqué de faire le second n'eut aucunes conséquences et était déjà aux oubliettes puisqu'ils avaient su se mettre d'accord pour aller embêter leur petit Nott, en bons amis qu'ils étaient.

    Chacun alla se mettre d'un côté de Theodore. Collé à la vitre, Blaise dû repousser le brun pour s'inviter sur la banquette et passa ensuite un bras derrière le cou de Celui-Qui-Sortait-Avec-Granger.

    - Tu comptes faire quoi avec ? Sourit Drago à la gauche de celui-ci. La jeter comme un mouchoir sale ? Lui briser le cœur ?
    - Te servir d'elle pour réussir tes exams de fin d'année, proposa Blaise très sérieusement.

    Entouré de deux dangereux Serpentard, Theodore ne donnait pas cher de son salut s'il se révélait être contraint de leur fournir une réponse. Ces deux là, par il ne savait trop quel procédé, parvenaient à percer ses mensonges et ses non-dits.

    Blaise jouait avec quelques mèches de cheveux, un peu plus longues que les autres, en attendant sa réponse. Drago, lui, avait simplement son coude appuyé contre le dossier et son poigné dû supporter le poids de sa tête.

    - Theodore, demanda le blond. Je ne devrais quand même pas aller chercher Pansy, si ? Parce que je n'ai aucuns doutes quand au fait qu'elle : elle saurait te faire parler. Mais je ne suis pas certain que tu n'apprécies... la méthode.
    - Blaise... arrête, demanda à voix basse Theodore mais sans répondre à l’autre.
    - Tu sais que ton père va te tuer ? Insista Drago. De sortir avec une... ça. Tu sais bien ce qu'il en pense. Ce qu’on en pense. Ce qu'en pense Tu-Sais-Qui.

    Le regard du brun se fit plus sombre et il tourna brusquement la tête en direction du fils Malfoy. Ce dernier, avec son sourcil haussé et son petit sourire vainqueur, savait qu'il venait de marquer un point et que son coup pouvait même être celui qui lui ferait gagner la partie.

    - Mon père est à Azkaban, Malfoy, claqua-t-il. Tout comme le tiens. Alors évite ce genre de remarques qui sont plus que… déplacées.
    - Sinon quoi ? Murmura Drago tout près de son oreille. Tu comptes me faire quoi si je recommence à faire ce genre de remarques ?
    - Tu le regretteras, promit le brun.

    Les deux sorciers qui l'entouraient ne ratèrent pas ses poings serrés. Ses dents qui grinçaient. Son visage fermé. Drago était en train de jouer avec le feu...

    - Ce n’est pas moi qui flirte avec Granger, une Gryffondor et une née-moldu de surcroît, rappela le blond toujours à son oreille. Ce n’est pas moi qui ose sortir avec la fille qui est responsable de l’arrestation de mon père. Je peux accepter tes bizarreries et ta bonne entente avec Smith, mais ne pense pas que je me montrerais aussi conciliant si tu pactises l’ennemi


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  • Theodore s'était adossé contre la vitre du compartiment, posé le pied gauche sur la banquette et serrait sa jambe comme il le faisait lorsqu'il attendait quelque chose... voire quelqu'un.

    Il regardait chaque personne qui passait devant la fenêtre, comme s'il espérait voir passer une personne en particulier, ce qui ne fit que conforter l'idée l'autre garçon présent à ses côtés : il y avait des non-dits dans l'air.

    - Toi, tu me caches quelque chose, remarqua Blaise. Inutile de nier, Theo, je lis en toi comme un livre ouvert.

    Le brun foudroya du regard celui qui était en face ce lui. Son air débraillé avait l'art et la manière de faire tiquer le fils Nott qui se gardait, en général, de le dire. S'il ne se privait pas de faire certaines remarques à James, Pansy, Drago, ou Smith... mieux valait ne rien dire à Zabini.

    Il avait découvert ceci quelques années plus tôt. Cette fois-là, Theodore avait relevé une tâche de confiture sur la chemise de son ami et l'avait fait remarquer à voix haute... alors que la très facile à vivre Pansy Parkinson se trouvait non loin d'eux.

    Se faire pardonner par Blaise fût un véritable exploit. Celui-ci avait refusé, pendant des jours, de le laisser l'approcher. Chaque fois que le brun avait tenté le coup, l'autre s'était éloigné pour rejoindre Pansy qui avait déjà cessé de le porter dans son cœur.

    Quand tout s'était enfin amélioré, Theodore avait comprit la leçon : Blaise accordait énormément d'importance à sa réputation et ce qu'on pensait de lui...

    Une malheureuse petite tâche suivie d'une toute aussi malheureuse remarque avait vexé son ami plus qu'il ne l'avait cru possible... Theodore ne tenant pas à ce que cela se reproduise faisait donc désormais de son mieux pour garder ses remarques pour lui-même.

    Et se rattrapait avec Drago et Pansy.

    - C'est amusant ce que tu me dis là... je n'ai pas l'impression de t'avoir souvent vu lire au cours des cinq dernières années.

    Son camarade sourit, de nouveau. Blaise souriait toujours. Blaise souriait trop. Blaise était Blaise et Theodore tenait à lui.

    - Accouche, fut tout ce que su répliquer Zabini qui ne pouvait lui donner tord.
    - Je sors avec Hermione.

    Le garçon aux yeux vairons avait enfin daigné quitter la porte des yeux pour observer son ami qui semblait, de toute évidence, on ne peut plus surprit. Theodore doutait même qu'il n'eut

    - Et... est-elle au moins au courant ? S'amusa Blaise.

    Froissé, Theodore ne répondit rien ; foudroyer son camarade et espérer qu'il ne meurt dans l'instant était tout ce qu'il méritait.

    - Je veux dire c'est waouh quand même, se reprit l'autre en voyant l'air de son ami. Toi ? Une petite amie ! Avoue que c'est pour le moins... inattendu.
    - Je t'aurais annoncé que je sortais avec Smith t'aurais réagit comment ?
    - Mieux, avoua franchement Blaise.

    Le brun recommença à regarder les étudiants qui passaient devant. Le départ, qui se ferait dans les minutes à venir, poussait les élèves à enfin quitter leurs proches et rejoindre un des rares compartiments toujours vide, ou des amis en ayant réservé un. Alors plutôt que répondre à cet âne à apparence humaine, il préférait changer de sujet d'intérêt.

    Blaise fronça les sourcils avant de lever les yeux au ciel. Comment Theodore pouvait-il se vexer aussi rapidement ? Comment Theodore pouvait-il avoir pour petite amie Hermione Granger ? Theodore était trop Theodore pour que cela ne se produise.

    - Et tu vas faire le trajet avec elle, du coup ? Questionna-t-il.
    - Elle va le faire avec Potter et Weasley.

    L'autre acquiesça et laissa son ami regarder les gens passer. Ils étaient en train de vivre leurs derniers instants de répits avant un long moment. Une fois que les trois autres garçons de leur année auraient fait irruption près d'eux, les moments de tranquillité se feraient plus rares et difficiles à obtenir.


    oOo

    Le train venait à peine de démarrer que la porte s'ouvrit une nouvelle fois et laissa entrer Drago Malefoy en compagnie des deux derniers Serpentard de leur année : Vincent et Grégory.

    Le premier, légèrement plus petit que ne l'étaient Theodore et Blaise, avait des cheveux blonds (blanc, comme le faisait souvent remarquer Zabini) qu'il avait cessé de figer à l'aide de gel. Sa peau était aussi pâle que celle de Theodore, son nez pointu sujet, lui aussi, à des moqueries de la part du gai luron. Ses yeux gris affichaient, la plupart du temps, un air de profond mépris et s'accordaient à merveille avec sa voix froide et trainante ainsi que sa langue... assassine.

    - Je me disais bien que Theodore devait être présent... pour que Pansy ne soit dans le wagon d'à côté.

    Le concerné leva les yeux en direction du nouveau venu et le foudroya. Ce qu'il pouvait avoir horreur qu'on ne lui rappelle les rapports tendus qu'il avait avec la jeune fille. Surtout lorsque c'était Drago qui le faisait ! Le sourire en coin sur le visage du blond acheva de le mettre de mauvaise humeur. Pouvait-on réellement prendre plaisir à se comporter de cette manière ?

    Après l'on s'étonnait que les Serpentard étaient mal perçus au sein de Poudlard et même après, sur le marché du travail. On ne comprenait pas d'où venait la méfiance qu'avaient les gens à leur encontre. On se questionnait sur le pourquoi du comment de ce mépris, de cette haine qui n'était même pas dissimulée derrière les habituelles formes d'hypocrisie.

    - Drago tu sais quoi ... Theodore sort avec quelqu'un, sourit Blaise, se moquant du regard assassin qu'il recevait une fois de plus.
    - Ah oui ? S'étonna le dernier arrivé. Je ne pensais pas que toi et Smith officialiserez aussi vite.

    Zabini ne cacha pas son hilarité suite à cette réponse pour le moins inattendue de la part de Drago. Une telle remarque de la part de Pansy aurait été prévisible mais du blond... pas vraiment.

    - Je sors avec Hermione, grogna le brun. Et Blaise l'avait faite avant toi celle-là, figure toi.
    - Je préférais encore Smith, tiqua le fils de Lucius Malfoy. Granger c'est... dire que je pensais que tu avais bon goût.


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  • Theodore s'arrêta juste devant le compartiment dans lequel Blaise s'était installé pour ce nouveau trajet. Il regardait par la partie vitrée de la porte son ami, allongé de tout son long sur l'une des banquettes et apparemment lancé dans une grande conversation avec Pansy. C'est pourquoi il hésita à entrer au risque de les interrompre.

    La main sur la poigné, il n'était soudain plus aussi sur de lui. Il se souvenait encore des remarques grinçantes et méprisantes qu'avait eu la jeune femme à son égard à la fin de l'année passée. Malgré les quinze centimètres qui les séparaient, la jeune Parkinson parvenait à le mener par le bout du nez. Lui, mais les autres également, il ne fallait pas croire.

    Plutôt menue, Pansy avait des cheveux noirs qui avaient tendance à devenir de plus en plus longs chaque année. Son carré ayant été abandonné dès le début de leur troisième année. Ses yeux, aussi sombres que ses cheveux ou sa robe de sorcière, mettaient mal à l'aise Theodore qui avait sans cesse la désagréable impression d'être un moins que rien et de n'avoir rien à faire en ces lieux, à ses côtés, à polluer son air. Le visage dur qu'elle avait pu avoir s'était, avec le temps, adoucit, mais certainement pas ses mots qui restaient venimeux et aussi mortel que le poison d'un mamba noir.

    Justement, voilà que ce regard noir qui le rassurait si peu se tournait vers lui. Les lèvres de la jeune femme se levèrent pour former un des rares sourires qu'elle daignait lui accorder et elle l'invita à entrer d'un signe de main. Etonné mais non moins ravi : Theodore s'exécuta.

    C'est qu'il ne s'agissait pas de faire attendre la demoiselle, elle pourrait très mal le prendre.

    - Ah Theo ! Se réjouit Blaise en voyant son ami entrer. Tu sais que tu te fais attendre mon vieux ?

    Ce dernier haussa les épaules, désintéressé. Il prit place auprès de Pansy qui, bien qu'elle ne lui ait dit de venir, ne lui adressa pas la parole et se décala de quelques centimètres pour s'éloigner de lui. Theodore prit sur lui pour ne faire aucunes remarques.

    - Tu n'as toujours rien fait pour tes yeux, fit remarquer la jeune fille. Je suis sure qu'il doit exister des sorts pour...
    - Bonjour à toi aussi Pansy, répondit simplement le brun. Moi aussi je suis heureux de te revoir.

    Blaise laissait ses deux amis s'affronter du regard. Mieux valait ne pas prendre position lors de leurs accrochages sinon, exceptionnellement, ils sauraient se mettre d'accord et il deviendrait leur victime commune.

    Assez rapidement, pourtant, la jeune Parkinson se leva. Elle ordonna plus qu'elle ne demanda à la troisième personne dans le compartiment s'il pouvait retirer sa malle du porte bagage et la lui donner, ce qu'il s'empressa de faire. Le nez en l'air et sure d'elle, la sorcière abandonna les deux autres pour rejoindre ses amies dans le wagon voisin.

    - Je voyagerais ainsi en meilleure compagnie, eut-elle l'audace de dire avant que la porte ne se referme.
    - Elle s'est pas arrangée pendant les vacances, marmonna Theodore. Non mais je lui ais fait quoi, tu peux me dire ?

    Le sourire désolé qu'afficha l'autre Serpentard n'aida pas son ami à comprendre les raisons de ce mépris. Cela faisait des années que ses relations avec Pansy ne faisaient que se détériorer. Les deux premières années tout était beau, tout était bien, elle acceptait d'être à ses côtés, de lui parler, de le traiter comme un égal. C'était après que tout avait changé. A cause de quoi, par contre, Theodore l'ignorait.

    - Tu connais Pansy, fut la seule réponse de Blaise. Puis... c'est une fille, faut pas chercher à la comprendre.

    Tout en disant cela, le garçon qui était en train de parler se redressa pour prendre une position plus conventionnelle.

    A peine plus petit que Theodore, Blaise était presque son parfait contraire. Oh, ils avaient bien en commun des cheveux noirs et une appartenance, certaine, à Serpentard mais cela s'arrêtait là. L'un souriait jamais tandis que l'autre passait le plus clair de son temps à montrer à qui voulait les voir (ou non) ses dents blanches et à faire le pitre. Sa peau était aussi noire que celle de Theodore ne pouvait être blanche et ses yeux en amande était quelque chose que lui jalousait l'autre.

    Même s'il se gardait bien de le lui dire.

    - Et si tu me disais pourquoi tu as été si long ? Lança Zabini dans le but de changer le sujet de conversation. Ca fait plus de dix minutes que t'es plus sur le quai.
    - Tu m'espionnes toi maintenant ? Se moqua Theodore. J'ai simplement rencontré la tête de Smith en route.

    Le sourcil haussé de Blaise fût suffisamment clair pour que l'autre n'ajoute quelques explications.

    - Sa tête dépassait de son compartiment. Smith c'est comme Pansy : faut pas chercher à le comprendre.
    - Et il te voulait quoi ?
    - Savoir comment étaient mes vacances et si j'avais une hypothèse sur le prof de défense contre les forces du mal qui enseignerait cette année.

    Les dents de Zabini apparurent alors. Une auréole au dessus de sa tête n'aurait pas été de trop tant il essayait de se faire passer pour un ange afin d'avoir droit à une réponse.

    - Conclusion : je viens de me faire cinq gallions.
    - Qu'as-tu encore été parier avec ce malheureux blaireau ? Rit son ami. Et quand comprendras-tu que l'on ne parie pas sur quelque chose dont nous sommes surs.

    Theodore haussa un sourcil, peu convaincu. Avant de répondre à son ami, il prit la peine de jeter un bref coup d'oeil en direction de la grande pendule sur le quai qui indiquait que l'heure du départ approchait à grand pas et que Drago ne tarderait plus à arriver.

    - Si je ne suis pas sur de gagner, je ne vois pas pourquoi je parierais. Prendre le risque de perdre mon argent ? Certainement pas.

    Il fût difficile d'empêcher Blaise de s'esclaffer.


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  • Theodore laissa James le prendre dans ses bras et accepta sans broncher que celui-ci ne lui donne de grandes tapes d'encouragement dans le dos. Parfois, il avait encore peine à croire que son ancien précepteur et lui-même n'aient pu à se point changer de comportement l'un envers l'autre et finir par aussi bien s'entendre.

    Le sorcier qui avait accompagné l'étudiant à la gare King Cross pour y prendre le Poudlard Express avait peu changé en l'espace de huit ans. Il frôlait à présent la trentaine d'années mais restait le même. Ses cheveux étaient coupés plus courts et semblaient plus foncés qu'autrefois, ce que Theodore prenait un malin plaisir à lui faire remarquer dès que l'occasion se présentait à lui. James faisait également plus attention à son apparence et aux "qu'en dira-t-on" des autres. Elles étaient loin, désormais, les chemises froissées ou dont un bord dépassait du pantalon, oubliées les cravates mal nouées voire absentes. Ce qui donnait au cadet une raison supplémentaire de se moquer.

    En tout bien tout honneur, cela allait de soi.

    D'autant plus que, de son côté, le fils de Theophile Nott n'était, lui non plus, plus tout à fait le même petit sorcier qu'à l'âge de huit ans, fort heureusement !

    Il avait bien grandit, pour commencer, et dépassait James d'une bonne tête. Sans doutes n'est-il pas inutile de dire que Paterson n'était pas spécialement grand non plus, mais toujours est-il que Theodore était plus grand que ce dernier. Il aimait garder ses cheveux noirs décoiffés, comme s'il venait de sortir du lit, au grand malheur de son père qui rêvait de le voir aussi bien peigné que ne l'était le fils de Lucius. Son fils, pour se défendre et justifier, affirmait à son paternel que c'était dans l'unique but d'éviter des remarques sur ses yeux.

    James aurait eu beau lui dire qu'il n'avait aucune raison de vouloir dissimuler ses yeux vairons, mais c'était comme parler à un sourd et Theodore refusait d'accorder une quelconque valeur à ces mots. Donc il laissait ses cheveux devant ses yeux et considérait que le problème était réglé. Le jeune garçon, pour finir, souriait rarement et semblait porter tout le malheur du monde sur ses frêles épaules.

    Ce que James ne parvenait à comprendre, pas plus que les amis du concernés. Tous faisaient leur possible pour y remédier, pour améliorer les choses et y arrivaient... parfois.

    - Pas de bêtises cette année, se moqua gentiment l'aîné en le prenant une nouvelle fois dans ses bras. Et ne lance pas de boulettes de parchemins sur tes profs, surtout.
    - Tu sais bien qu'elles te sont réservées, James, s'amusa Theodore.

    Le châtain sourit avant de pousser, doucement, le plus jeune en direction de la grosse locomotive rouge qui commençait à fumer : signe que le départ n'allait plus tarder. Bientôt, tous seraient en route pour Poudlard, prêts (ou non) à débuter une nouvelle année à Poudlard. Theodore commencerait à peine sa sixième année. Commencerait déjà sa sixième année. Merlin ! Que le temps passait vite.

    Le fils de Theophile monta dans le train et accorda un dernier regard en direction de James qui lui souriait, avant de lui tourner le dos et tirer sa malle derrière lui pour partir à la recherche de Blaise et des autres.

    - Nott ! Salua joyeusement une tête blonde qui sortait d'un compartiment qu'il venait de dépasser. Alors tes vacances ?
    - Je te raconterais tout de ma merveille vie en étude des moldus, Smith.

    Un sourire illumina le visage de l'autre élève. Zacharias n'était pas une personne facile à vivre. A lui seul, il permettait de remettre en question bon nombre des idées préconçues au sujet des maisons. A Poufsouffle, n'allaient pas que les sorciers dépourvus de personnalités et sans intérêts.

    Theodore avait mit du temps à le comprendre, mais avait finit par le faire. A force d'avoir à supporter l'élève à l'écusson jaune et noir, il n'avait eu d'autres choix que de réviser son jugement. C'est pourquoi il ne fit que lever les yeux au ciel après la réaction disproportionnée de son presque-ami.

    Beaucoup, même après six ans, continuaient à trouver Zacharias Smith insupportables et se demandaient comment d'autres pouvaient y parvenir et accepter de rester en sa compagnie. Pourtant, si on daignait lui accorder une chance, ce que le serpent avait fait, il n'était pas impossible de découvrir une personne pleine d'humour et agréable.

    Theodore, par exemple, le trouvait plutôt amusant dans son genre. Son visage était expressif, rien qu'à son sourire il était possible de deviner son état d'esprit, rien qu'à son regard l'on pouvait savoir ce qu'il pensait. Zacharias était un des rares élèves que le jeune Nott appréciait réellement même s'il n'irait pas le crier sur tous les toits.

    Bon nombre de Serpentard, après tout, ne voyaient pas leur entente d'un très bon œil ; et même si Theodore donnait l'impression de n'en avoir cure : mieux valait ne pas tenter le diable.

    - Tu penses que ce sera quel genre de prof qu'on aura en défense ? demanda Zacharias. Parce qu'on a déjà eu le bon prof, l'espionne incompétente, le bellâtre incompétent et... deux fois un homme de Tu-Sais-Qui. Ca commence à se répéter.

    Le Poufsouffle laissa s'écouler quelques secondes avant de reprendre la parole.

    - Et encore ! Le bon prof était un loup-garou.

    Theodore, qui avait reprit sa malle en main et recommencé à avancer en poussant les quelques élèves qui se mettaient en travers de son chemin s'arrêta en plein milieu du couloir une nouvelle fois. Il ne prit pas la peine de poser ce qu'il tenait, signe qu'il ne s'attarderait pas longtemps et se contenta d'offrir un de ses rares sourires à l'insupportable Poufsouffle.

    - Je te parie cinq Gallions que Rogue a enfin eu le poste qu'il convoitait.
    - Pari tenu, répliqua aussitôt le blaireau avant de réagir. Hey ! T'as encore eu un de tes trucs bizarres que tu veux pas m'expliquer, c'est ça ?

    L'autre parieur ne lui répondit pas. Il ne se retourna même pas une troisième fois. Non : il reprit sa route, malle derrière lui. Pourtant, s'il l'avait fait, Zacharias aurait pu voir l'air moqueur de son camarade et aurait d'ores et déjà commencé à fouiller le fond de ses poches pour préparer les cinq Gallions qu'il venait de perdre et régler sa dette au plus vite.

    - Tu t'es encore fait rouler mon pote, se moqua sans le moindre scrupule John Cadwallader en voyant la mine déconfite de son ami qui se rasseyait enfin. Mais quand est-ce que tu comprendras que Nott et toi... vous ne jouez pas dans la même catégorie ?!

    Le blond ne répondit rien à l'autre garçon et se contenta de hausser les épaules. Cette conversation avait déjà eu lieu une dizaine de fois au moins et, selon toute vraisemblance (en témoignait l'incident qui venait de se produire), cela n'était pas prêt de s'arranger.

    Comme le disait si justement Theodore, à chaque fois qu'il faisait dans sa main les Gallions ou sucreries qu'ils avaient pariés : il agissait, ensuite il parlait, après il réfléchissait et enfin il regrettait.

    Et même en ayant connaissance de tout ceci... rien ne changeait.

    - Tu connais Theodore, marmonna finalement Zacharias.
    - Ouais, justement, je le connais. Et toi encore mieux que moi.


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  • Il était clair, aux yeux de bon nombre de personnes appartenant à la communauté sorcière d’Angleterre, que les enfants de ces riches familles ne devaient manquer de rien. Que ce soit la petite peste de Pansy Parkinson, le désobéissant Blaise Zabini, le désagréable Drago Malefoy ou Theodore Nott le rêveur, tous devaient être pourris gâtés.

    Etait-ce à tord ou à raison ? Peu nombreux étaient ceux susceptibles de juger et peindre un portrait correct de ces gens là et pour cause ! Ils ne se mêlaient que fort peu aux autres. Sang mêlés, nés-moldus, hybrides, très peu pour eux, merci bien.

    Ces gamins avaient tout ce qu’ils voulaient. Le dernier balai, une chambre plus grande qu’une maison de taille modeste, une solde d’elfes de maisons à leur service, un précepteur à martyriser comme bon leur semblait : ils avaient tout mais ce n’était pas assez. Il était en effet bien connu que lorsque l’on possède la main, avoir le bras entier paraît être une chose mieux encore.

    - Theodore ! Entendit-on hurler dans le manoir Nott. Tu vas me ramasser ce bout de parchemin immédiatement et te remettre à travailler.

    Le gamin de huit ans qui répondait à ce prénom s’appuya sur le dossier de sa chaise, bien plus confortable qu’on aurait pu le croire au premier abord, et croisa les bras sur sa poitrine. Il leva ensuite le nez et fit remonter un coin de sa bouche pour fixer, moqueur, l’homme qui s’énervait après lui.

    James Paterson, son précepteur, était le premier à ne pas donner sa démission après six mois à essayer de le faire travailler. Le premier à supporter les innombrables bêtises que pouvait faire son élève, à supporter chacune des remarques qui lui étaient faites (remarques diverses et variées puisqu’elles pouvaient tout aussi bien concerner sa coiffure horrible et ses vêtements immondes que son incapacité à lui apprendre quelque chose et ses tics ridicules). Le premier mais, Theodore s’en était fait la promesse, il abandonnerait comme tous les autres.

    - Sinon quoi ? Demanda effrontément l’enfant. Tu me referas faire des lignes ?

    Le jeune adulte soupira. Chaque fois qu’il avait essayé de punir le petit cela avait finit par se solder par un échec. C’était à croire que rien ne pouvait venir à bout de cette boule de nerf, insolente et pleine de surprise. Il s’approcha de son élève et se baissa pour se mettre à sa hauteur. Theodore leva les yeux au ciel et son sourire moqueur ne devint que plus grand.

    - Pourquoi te comportes-tu ainsi, questionna James, calme. Theo ?
    - Theodore, claqua le plus petit. Ma mère a décidé de m’appeler Theodore, pas Theo, donc appelle moi Theodore.

    Sans attendre d’y être autorisé ou non, celui qui venait de parler quitta sa chaise et sortit. Atterré, James ferma les yeux et attendit que la porte ne claque avant de se relever. Ce qui ne manqua pas.

    Lorsque Theophile, un bon ami de son père, lui avait proposé ce poste, il était loin de se douter que ce qui semblait être un cadeau tombé du ciel était, en réalité, pire encore qu’une pomme empoisonnée. Le fils du vieil homme était tout : sauf un cadeau.

    Pourtant il était intelligent. Lorsqu’il s’en donnait la peine, le gosse pouvait presque frôler la perfection. Mais encore fallait-il qu’il ne s’en donne la peine et c’était loin d’être chose acquise.

    Par habitude, James se rendit jusque devant la porte de la chambre de son élève et, après avoir donné trois petits coups sur celle-ci, annonça distinctement.

    - Theodore ? Nous reprendrons la leçon dans cinq minutes. Sois là… s’il te plaît.

    Malgré toutes les misères qu’il lui faisait subir, les vertes et les pas mûres qu’il avait à supporter, Paterson avait la quasi-certitude que sa requête serait écoutée et qu’on lui obéirait. Pour une fois. Ceci étant un des rares ordres auxquels Theodore acceptait de répondre.

    Une fois le délai écoulé, pourtant… James était toujours seul dans la pièce que Theophile avait mit à leur disposition pour les quelques heures de cours que son fils avait à supporter chaque jours.

    - Theodore ?

    Il ouvrit la porte de la chambre de l’enfant, qu’il ne pouvait pas fermer à clé par ordre de son père et se précipita jusqu’à la forme allongée par terre. James, paniqué à l’idée qu’il ne soit arrivé quelque chose à celui qu’il était censé éduquer et, d’une certaine manière, de surveiller, ne le vit pas rouvrir les yeux.

    - Bas les pattes, grogna le petit brun en se redressant comme si de rien était. Je ne suis pas une poupée.

    Stupéfaction auprès du précepteur qui resta coi. Il ouvrit, ferma, rouvrit et referma plusieurs fois la bouche. Il y avait quelques questions au bord de ses lèvres qui, pourtant, refusaient de sortir.

    - Au fait : mon père ne rentrera pas ce soir et il faudrait que tu restes, annonça Theodore, dans le couloir. Pour me surveiller et tout ça, il ne fait pas confiance à Dips.

    James fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce à quoi l’autre faisait référence. Aucunes informations ne lui étaient parvenues et cela pouvait tout aussi bien s’agir d’une énième ruse de la part de l’enfant pour le faire renvoyer.

    Paranoïaque. Il devenait complètement paranoïaque auprès de cette petite terreur brune.

    - Bon on le fait ce cours ou tu attends qu’il neige ? En plein été, sache que tes chances sont minces.

    Quelques minutes à peine après qu’ils aient repris leurs places respectives et que le précepteur n’ait reprit ses explications, l’elfe de maison des Nott vint les déranger afin de remettre à Monsieur Paterson un courrier qui lui était destiné.

    Après lecture du document, James leva les yeux et observa, ahuris, Theodore qui était en train de faire ses exercices comme si de rien était. Comme si rien ne s’était passé. Qu’il ne lui avait jamais lancé de parchemin imbibé d’encre, qu’il n’avait jamais trouvé refuge dans sa chambre, qu’il n’avait perdu connaissance pour une raison inconnue et su l’avertir de quelque chose avant que cela ne se passe.

    Car Theophile Nott venait bien de le prévenir qu’il ne rentrerait pas et lui demandait si cela ne le dérangeait pas de rester au manoir pour la nuit, la chambre d’ami étant à son entière disposition ; il ne rêvait pas.

    A défaut d’être un cadeau, Theodore avait au moins le don d’être intéressant et de rendre son travail moins pénible qu’il ne devrait l’être.


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