• Il était étrange de voir que Theodore n'était pas seulement ce gamin surexcité qui enchainait les bêtises dans le but de faire renvoyer ou démissionner la personne chargée de son éducation. Etrange de pouvoir constater qu'en dehors des heures où il avait cours, le petit brun restait calmement dans sa chambre.

    Si calme qu'on en oublierait presque sa présence en ces lieux.

    Pour avoir déjà été invité chez les Malfoy, lors d'une de leurs soirées où il n'y avait que la nourriture d'intéressante, James savait qu'en général, petit sang pur ou non, les enfants étaient du genre à hurler tout en courant et sautant partout (que ce soit sur le sol, les meubles ou les sorciers).

    Peut être la maladie de sa mère était-elle une des raisons qui avaient conduits Theodore à savoir se faire sage et discret, à savoir faire oublier sa présence. Peut être pas. James ne savait pas. Au fond, de l'enfant, il ne connaissait rien.

    - Theodore, nous allons passer à table, vint-il le prévenir.

    Allongé sur son lit, l'enfant tourna la tête dans sa direction puis sourit avant de se redresser. C'était un petit sourire, un de ceux que l'on traduisait souvent par un "d'accord, j'arrive", mais au moins ne s'en était-il pas prit plein la figure comme il l'avait craint.

    - Ne reste pas pieds nus, c'est froid du carrelage.

    Contre toute attente, c'est pourtant déchaussé et sans chaussettes que Theodore descendit et alla s'asseoir à sa place habituelle dans la cuisine. Dips était déjà en train de commencer à servir son jeune maître quand le précepteur arriva à son tour. Une paire de chaussons dans les mains, il les posa près du petit qui le laissa faire, sans rien dire.

    - Merci, murmura le Nott junior.

    Le repas se déroula sans qu'ils ne parlent. Concentrés sur le contenu de leur assiette, qui diminuait à vu d'œil, jamais des pommes de terre n'avaient dû autant attirer l'attention de deux jeunes personnes.

    Enfin, pour tout dire, c'était James qui était le plus attentif à celles-ci ; Theodore levait régulièrement les yeux pour fixer son précepteur qui ne faisait jamais la moindre remarque. Soit parce qu'il ne sentait pas qu'on l'observait, soit parce qu'il prenait sur lui.

    - T'es jeune, fit remarquer l'enfant. Tous les autres précepteurs que j'ai eus étaient des vieux avec tout plein de rides. Et ils étaient chiants à en mourir.
    - Que dois-je comprendre par là, Theodore ?
    - Que t'es pas aussi ennuyant qu'eux... même si tu l'es.

    Theodore profita de la surprise qu'il avait suscitée chez Paterson pour se faufiler hors de table et se précipiter tout droit vers sa chambre. Chaussons aux pieds, qui plus est.

    oOo

    James n’était pas sur d’avoir entendu ce qu’il avait cru entendre ; N’était pas certain que les pas qu’il avait surprit dans le couloir étaient, ou non, réels. Ce n’était pas à cette heure-ci de la nuit que l’elfe de maison allait commencer à faire le ménage ou préparer le repas. Par respect pour le sommeil de son petit maître.

    Non. Cela ne pouvait donc être qu’une seule et unique personne.

    A tâtons, le jeune homme chercha sa baguette posée sur sa table de chevet. Ensommeillé, cela s’avéra plus laborieux qu’il ne l’aurait cru. Plusieurs fois ses doigts se refermèrent sur du vide ou alors il s’agissait de la chandelle et non de son outil.

    - Lumos, pu-t-il enfin dire.

    Le bout de sa baguette en bois de cornouiller s'illumina. Il pu donc, sans trop de problèmes, ouvrir la porte de la chambre et s'arrêter net sans même en être sorti.

    - Theo ? Grogna-t-il. Qu'est ce que tu fous ?
    - Theodore, corrigea du tac au tac l'enfant. T-H-E-O-D-O-R-E, Theodore.

    James secoua la tête, comme pour essayer de remettre ses idées en place. Il ignorait ce que le petit fabriquait devant sa porte et ce qu'il aurait fait s'il ne s'était pas réveillé.

    L'adulte, d'une vingtaine d'année, éclaira du bout de sa baguette Theodore afin de le regarder de bas en haut. Vêtu d'un banal pyjama bleu, au moins n'avait-il pas l'intention de partir à l'aventure.

    - Retourne dormir, ordonna le petit. Tu seras fatigué demain, pour mon cours.
    - Theodore. Il est onze heures passé. Retourne dans ta chambre et reste dans ton lit.

    La petite silhouette se redressa, le dos et la tête bien droite et son regard voulu se faire plus froid, plus dur, plus sévère. Cela n'eut que le don d'arracher un sourire à James. Theodore avait encore bien du travail et un long chemin à parcourir avant de pouvoir espérer ressembler à son père.

    - Qu'est-ce que tu comptais faire ? Finit par demander Paterson.
    - Dire à Dips de me faire du thé, fût la réponse qu'il dû deviner tant les mots étaient mâchés. C'est le seul truc que ma mère avait trouvé pour m'aider à me rendormir après un cauchemar.
    - Je vais te le faire, proposa James. Je suis réveillé t'façon.
    - Faut le dire vite, grogna Theodore.

    Le précepteur poussa, gentiment, son élève dans le dos pour le faire avancer et le suivit jusqu'à la cuisine. Il le laissa s'asseoir en bout de table tandis que lui : cherchait la bouilloire (sans grands succès). Dans son dos, il était difficile de ne pas sentir le regard de Theodore qui semblait ne jamais bouger la tête.

    - J'aurais mieux fait de demander à Dips.
    - Et si tu me disais où se trouvait la bouilloire, ça irait peut être plus vite, tu ne crois pas ?
    - Troisième porte à gauche. Etagère du bas. Dips a une manière de ranger plutôt... étrange.

    Avec indications, il ne fallut pas plus d'une minute à James pour s'en saisir et commencer à faire bouillir l'eau. Fatigué, il plaignait Theophile qui ne pouvait pas ne pas entendre lorsque son fils se levait en pleine nuit.

    - Tu fais souvent des cauchemars ? Questionna-t-il en posant la tasse de thé devant Theodore.
    - Ca sera toujours trop souvent, marmonna l'enfant d'une voix ensommeillée et se frottant les yeux.


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