• Blaise était rentré de Pré-au-lard de "bonne heure" à son humble avis... mais il fallait savoir que pour lui on quittait toujours trop tôt le village sorcier. Même si la nuit commençait à tomber et le froid à se faire de plus en plus présent et que la chaleureuse lueur des chandelles ainsi que ce bon vieux feu crépitant dans la cheminée étaient plus attrayant... c'était tout de même un crime que de retourner à l'école.

    Lorsque le garçon avait croisé Drago à Pré-au-lard un peu plus tôt : il l'avait déjà trouvé étrangement tendu, voire même perturbé. Or il fallait savoir une chose : Drago n'était jamais perturbé, sauf aux yeux de Theodore mais aux yeux de ce troisième serpent... tout le monde l'était donc son avis ne pouvait avoir une quelconque importance.

    Le fils Malefoy était toujours aussi expressif qu'une statue, au fond, et il n'y avait bien que le jeune Nott pour être capable de le faire sortir de ses gonds... et cet infâme Potter. Oui, le fils de Lucius devait avoir une dent contre les bruns qui n'étaient pas capables de venir à bout de leur tignasse.

    Allongé sur son matelas, Blaise fixait le Serpentard aux cheveux blonds en train de faire d'interminables allers-retours dans le dortoir des sixièmes années. Il les enchaînait et ne semblait pas près de s'arretêr ce que ne pouvait plus supporter Zabini.

    - Bon.. tu m'expliques pourquoi t'es bizarre comme ça ? Finit-il par demander après s'être relevé et approché de l'autre, n'y tenant plus. On diras que tu as...
    - La ferme ! Hurla Drago tout en se prenant la tête entre les mains. La ferme Blaise. Arrête un peu de parler deux minutes. Laisse moi. J'ai besoin de. Laisse moi réfléchir.

    Le métis eut un mouvement de recul. Les accès de colère du fils de Lucius étaient, certes, plus fréquents depuis le début de l'année scolaire mais cette fois-ci il semblait y avoir quelque chose de différent. En plus du fait que sa rage ne soit dirigée vers lui

    Ordinairement c'était à Theodore de supporter les remarques, les cris, les hurlements même du blond, jamais à lui. Lui se contentait de jouer les arbitres, d'intervenir avant qu'ils n'en viennent aux mains ou à la baguette. De s'interposer avant que l'un d'eux ne commette l'irréparable.

    Blaise avait tellement de questions en tête... et Drago semblait bien peu disposé à lui répondre.

    - Qu'est-ce qui t'arrive ? Insista malgré tout le second. Malefoy...

    Le serpent aux cheveux blonds se tourna lentement, très lentement, en direction de son camarade. Il le jaugea de bas en haut et grimaça. Son air méprisant... cela faisait cinq ans qu'il ne le prenait plus face à Blaise... depuis le temps où il avait compris qu'il ne pouvait pas se mettre tout le monde à dos dans son dortoir ni mettre tout le monde à ses pieds.

    Avoir fait de Theodore un ennemi était déjà amplement suffisant.

    - Tu veux savoir Zabini ? Siffla-t-il entre ses dents. TU VEUX VRAIMENT SAVOIR !?

    Présenté de la sorte, son locuteur commençait à douter de ce qu'il souhaitait savoir. Il avait toujours été un brin trop curieux d'après Nott qui affirmait qu'un jour il allait regretter de toujours poser des questions et vouloir être au courant de choses qui ne le regardaient aucunement. Peut être que ce jour était arrivé ? Il ne savait.

    Finalement... c'est que ça ne savait pas grand chose un Blaise Zabini.

    - Regarde cette chambre... regarde la bien et dis moi ce que tu vois. Dis le moi Blaise ! Hurla le serpent.

    Zabini détailla la pièce. Celle-ci était comme toujours : partiellement rangée. Si l'on prenait les côtés de Theodore ou Draco il n'y avait rien à redire car rien ne dépassait, tout était impeccable à commencer par le lit. S'il s'intéressait aux lits de Vincent et Grégory alors il remettait sérieusement en question la propreté des lieux car il y avait de fortes chances que des miettes ne traînent un petit peu partout. Quand à son côté... le lit défait, des vêtements pendaient un peu partout s'ils n'étaient pas tout simplement abandonnés en boule sous son sommier...

    - Bah quoi ? Demanda-t-il donc très intelligemment. Je vois rien qui...
    - Justement ! Tu ne vois rien ! Rien du tout ! Nada ! Niet ! Que dalle... Blaise...

    Le blond se laissa tomber près de son lit. Il ramena ses jambes contre son torse et entoura celles-ci de ses bras avant d'enfouir sa tête dans ce fatras. S'il n'était pas en train de regarder Drago, Zabini aurait jurer avoir entendu des sanglots.

    - Drago... souffla-t-il. Qu'est-ce que tu as fait ?
    - Je pensais que. Je pensais que je pouvais. Il faut que je puisse le faire mais. Mais non je... j'ai pas les épaules pour ça. Je. Theodore avait raison... j'vaux pas plus qu'un autre. J'ai voulu. Je saurais jamais tuer Dumbledore...  et encore moins vivre avec ça sur la conscience. Pas deux.
    - Pas deux, répéta le métis, inquiet. Pas deux quoi, Drago ? Et... où est Theo ?
    - Je voulais pas, redit le blond dans un murmure. Je t'assure que je voulais pas. J'ai jamais voulu. Jamais.


    votre commentaire
  • - J'te jure, parfois j'me demande s'ils n'ont pas lancé un sort contre toi... pour être capable de te trouver aussi facilement, lança Zacharias, placé devant Theodore.

    Quelques minutes plus tôt, quatre mangemorts leur étaient tombés dessus et avaient, sans grandes surprises, commencés à s'en prendre à eux. Ils avaient dû recevoir l'ordre de ne pas les tuer, car les sorts qu'ils lançaient n'étaient en rien mortels.

    Si tel était le cas, et que Voldemort les voulait réellement en vie... il y avait fort à craindre que ça ne soit pas pour faire la causette autour d'une tasse de thé au tilleul ou... peu importe à quoi.

    Ou alors... il leur faudrait se montrer très méfiant vis à vis du thé en question.Sait-on jamais, au cas où il viendrait à l'esprit de l'héritier de Serpentard de tuer quelqu'un.

    Sans grandes surprises, ils s'acharnaient tout particuliérement sur Theodore qui n'était pas encore au top de sa forme. Il évitait de faire des mouvements trop brusques de crainte de perdre l'équilibre et être encore plus vulnérable ; et hésitait parfois avant de lancer son sort.

    Nul besoin de réfléchir : Zacharias alla se placer entre son ami (ami ? Oui... oui ils étaient amis.) et ces hommes qui mirent alors plus de hargne encore (à croire que oui : c'était possible) dans leur pénible besogne.

    - Ils sont jaloux que je ne te garde pour moi tout seul, marmonna le brun, se tenant la tête. Mais il est hors de question que j'leur abandonne mon blaireau favoris.

    Surprit des mots qu'avait employé l'autre, le garçon aux cheveux blonds se tourna une seconde dans sa direction. Jamais l'ancien mangemort n'avait aussi clairement affirmé qu'il l'appréciait.

    Quelques fois il l'avait laissé comprendre. Plusieurs fois ses actions et réactions avaient parlés pour lui... mais d'après ses souvenirs : jamais de cette manière. Jamais.

    - Baisse toi, le prévint le meurtrier tout en le poussant sur le côté. J'suis pas aussi doué que toi pour soigner... et j'veux pas avoir à te soigner.
    - Vous f'rez la causette plus tard, les amoureux, se moqua une voix que Theodore ne su identifier. Dans votre cellule... par exemple.

    _____

    - Ca va Zach ? Interrogea Theodore sans même essayer de masquer son inquiétude. Zacharias ? Smith répond moi !
    - Quoi ? Réagit enfin le blaireau. Ca va pas Theo ? T'as mal quelque p...
    - Je te demandais si tu allais bien, répéta le premier, toujours pas rassuré.

    Poufsouffle et Serpentard étaient côte à côte. Ils n'étaient pas attachés et certainement pas baillonnés... simplement enfermé. Comme s'ils n'étaient plus que deux petits êtres inoffensifs.

    Peut être à raison... pensa amèrement l'un d'entre eux.

    - J'peux avoir un câlin ? demanda le brun avec un sourire qui se voulait léger. Pour me donner du courage.
    - Tu n'as pas besoin qu'on te donne du courage, Theodore... tu en as déjà bien assez.
    - Peut être... mais j'ai envie d'un câlin.

    Le blaireau ricana, mais n'eut pas à se faire prier plus longtemps pour ouvrir son bras et inviter le fier mangemort à venir se blottir contre lui et poser sa tête sur son épaule.

    - Si on m'avait dit que tu viendrais à ne plus craindre qu'on te touche... je pense que je ne.
    - J'ai toujours peur qu'on me touche, murmura Nott. Mais j'ai pas peur de toi.
    - Si on m'avait dit, alors, que tu viendrais à ne plus craindre que JE te touche pour te faire du mal : sache que je ne l'aurais quand même pas cru.
    - Moi non plus, grimaça le serpent en bougeant.

    Zacharias tourna la tête vers l'ancien mangemort et fronça les sourcils. S'il n'avait pu voir sa grimace, il l'avait senti se tordre et essayer de trouver une meilleure position.

    - Ca va pas ?
    - Si.
    - Theodore.
    - J'ai juste l'impression d'être revenu au point de départ... c'est ici que tout a commencé et... j'ai pas envie que ce soit ici que tout se termine.

    Le Poufsouffle ne voyait pas pourquoi l'autre sorcier était aussi défaitiste. Ils étaient sortis d'ici une fois, un peu par miracle certes mais... qui a dit qu'un miracle ne peut pas se produire deux fois ?

    - Ca va aller... on va sortir d'ici, assura-t-il en le serrant un peu plus fort. On va retourner sous cette bonne vieille tente pour retrouver nos amis les matelas.


    votre commentaire
  • La première épreuve du tournoi n'allait plus tarder à commencer et les gradins étaient d'ores et déjà bondés. Quelques élèves, qui avaient naïvement dû s'imaginer pouvoir arriver à la dernière minutes et trouver de bonnes places, se retrouvaient là où personne n'avait voulu être... et donc là où la vue serait la plus mauvaise.

    Au bout de la rangée où s'étaient installés Ronald et Hermione, ainsi que Theodore et Zacharias... se trouvaient Seamus et Dean qui pour une raison qu'eux seuls connaissaient : n'avaient pas pu arriver plus tôt. Le jeune Thomas sourit discrètement en reconnaissant la tignasse brune de Nott et espérait que sa tête de mûle de Finnigan saurait profiter de l'occasion pour enterrer la hache de guerre.

    Hache qu'il était, de toutes façons, le seul à brandir. Bon on pouvait aussi considérer que c'était Smith qui tenait la hache à la place de son lion favoris... mais il préférait ne pas y penser.

    Cela rendait la réconciliation bien moins facile.

    Tant bien que mal, les deux compères se faufilèrent jusqu'aux trois Gryffondor et le Poufsouffle. Heureusement qu'il avait été convenu que les premiers arrivés garderaient des places pour les autres... et heureusement qu'ils avaient réussis à le faire.

    - Theodore, appella doucement Seamus en s'arrêtant devant lui et s'adressant au fils de Theophile Nott comme si de rien était. T'es tout pâle...

    Surprit, le Gryffondor aux ancêtres Serpentard leva les yeux en direction de celui qui était en train de s'adresser à lui. Finnigan était debout, juste en face, à le regarder d'un air qui pourrait paraître inquiet... s'il s'agissait d'un autre sorcier.

    - Teddy ? Insista-t-il. Ca va ou pas ? Si ça va pas on t'emmène à l'infirmerie hein ; faut pas rester là.
    - Je pense que c'est ma faute, intervint Zacharias dans l'espoir de faire taire le nouvel arrivant. J'ai posé une question... que j'aurais dû garder pour moi.

    Deux paires d'yeux se posèrent sur le blaireau. Theodore regardait Smith, un sourire contrit sur le visage... on eut pu croire que tout était de sa faute.

    - Bien sur que c'est ta faute, soupira Seamus. Partout où tu vas tu te sens obligé de foutre la merde.
    - Ca te va bien de dire ça ! Bondit le second blond. Ca fait des jours que tu t'en fous de Theodore ! Que tu fais comme s'il n'existait pas...

    Finnigan fronça les sourcils ; Zacharias le regardait n'était pas en train de le regarder avec le même air provoquant qu'il pouvait avoir habituellement. Le blaireau lui reprochait d'avoir tourné le dos au brun et le pire étant qu'il ne pouvait même pas le nier...

    Les autres lions avaient cessés de parler. Tous attendaient l'explosion qui ne devrait, vraisemblablement, plus trop tarder... l'un des deux attaquerait forcément l'autre. C'était inévitable. C'était Smith et Finnigan après tout... et Theodore au milieu.

    - Il se porterait bien mieux si tu n'avais pas commencé à le coller, siffla le Gryffondor, étonnant ses amis qui s'attendaient plus à une attaque du blaireau.
    - Oh mais fermez la tous les deux ! S'énerva Theodore avant que Zacharias n'ait eu le loisir d'ouvrir la bouche. J'en ai marre ! Vous vous aimez pas ? Soit... on ne peut pas aimer tout le monde et je sais de quoi j'parle. Puis heureusement, sinon on s'ennuierait prodigieusement. Mais... Merlin ! J'en ai marre que vous passiez votre VIE à vous insulter, à vous rabaisser... ou j'sais pas trop ce que vous faites. Mais vous le faites !

    Les deux blonds fixaient le brun, muets. Il était rare de voir le fils Nott sortir de ses gonds et qu'il le fasse là... avait tendance à leur faire prendre conscience qu'ils avaient dépassés les bornes.

    - Même quand l'autre est absent... même quand il est pas là vous trouvez quand même le moyen de le critiquer. Merde quoi ! Je suis pas une carte de chocogrenouille que vous voudriez tous les deux ; ni un jouet... bon un jouet ça se partage donc c'est un mauvais exemple mais... raaah !

    oOo

    Pendant toute la durée de l'épreuve, ni Seamys, ni Zacharias et certainement pas Theodore n'avait parlé... et surtout pas pour s'adresser la parole ! Le premier et le dernier avaient soigneusement évités de se regarder, prêt à se sauter à la gorge (considérant tous deux que l'autre était le seul responsable de la petite colère du serpent pas si serpent que ça).

    Ils n'avaient pas non plus oser parler au troisième, qui était pourtant assit entre les deux afin qu'ils ne s'étrangelent pas.

    Seuls les commentaires de Dean, Ronald et Hermione avaient évités que ce petit groupe ne soit plongé dans un silence absolu.

    Dès que Harry eut récupéré son oeuf, Nott se leva et quitta les gradins. Au moins avait-il su éviter le flot d'élève qui allait se lever afin de partir... tous en même temps sinon ce n'était pas drôle.

    - Theo attend, avait tenté Zacharias.

    Mais non... le brun n'avait même pas daigné se retourner, bien trop heureux de pouvoir enfin s'éloigner des deux.

    Pourtant, un petit quart d'heure plus tard, c'était bien côte à côte et sans se taper dessus ou s'insulter que Finnigan et Smith arrivèrent en face de Theodore. Celui-ci, adossé contre un arbre, fixait le lac comme s'il n'eut s'agit d'un élément passionnant... et ne réagit pas en les voyant s'arrêter près de lui.

    Ils ne se parlaient pas. Ils s'ignoraient même magnifiquement bien... mais au moins n'étaient-ils pas en train de s'insulter : et c'était bien la seule chose que demandait le plus jeune.

    - On est désolé, Ted.
     


    votre commentaire
  • Theodore n'avait plus parlé depuis qu'il lui avait annoncé les nouveaux ordres qu'il semblait y avoir les concernant... sans doutes occupé à réfléchir au pourquoi de ceux-ci. Ne tenant pas à rester inactif en pareilles circonstances, le blond avait fini par s'éloigner du blessé afin de gagner la cuisine.

    Trop occupé à surveiller le lait qui était en train de chauffer, il n'entendit pas le serpent se lever... et ne remarqua pas non plus qu'il était en train de traverser toute la tente, chancelant, afin de venir à ses côtés.

    - Qu'est-ce que tu fais ? Lui demanda-t-il à l'oreille. Zach ? T'as l'air affreusement concentré...
    - Je te prépare un chocolat chaud, grogna Smith en ne le regardant pas. Parce que tu es un putain de serpent qui a tué des dizaines de personnes si ce n'est plus... que tu te vexes tout le temps et pour un rien... que tu es au moins aussi doué que Potter quand il s'agit de t'attirer des ennuis...

    Au fil des propos qu'était en train de tenir Smith, le plus jeune Nott avait commencé à grimacer, à baisser les yeux d'un air fautif... allant même jusqu'à s'éloigner d'un pas.

    Mais c'était sans compter sur le blaireau qui lui attrapa le poignet afin de le retenir et qui lui sourit.

    - Tu es tout ça, Nott, et tu es forcé de l'admettre... mais tu es aussi Theodore. Tu m'as sauvé la vie plusieurs fois, tu m'as protégé. Tu as fini par t'ouvrir à moi et me montrer que tu es aussi un être humain.

    Les yeux ronds, l'ancien Serpentard laissait l'autre continuer... pour une fois il n'avait pas envie de l'interrompre.

    - Je t'apprécie. J'apprécie le Theodore que je suis en train de découvrir et d'apprendre à connaître. Et si être honnête avec moi même n'était pas si contraignant : je te dirais aussi que je t'apprécie peut être même plus que je ne le devrais.

    Jamais l'ancien vert n'avait gardé aussi longtemps le silence alors que le jaune partait dans ses bons sentiments... mais il y avait une première fois à tout.

    - T'es un aimant à ennuis et le fait que tout à l'heure tu ais, encore une fois, été blessé me conforte dans cette idée... mais tu mets l'animation à ta manière.
    - Je ne suis qu'un clown ? Demanda à voix basse le serpent, semblant presque touché (peut être l'était-il vraiment).
    - Theo... soupira Smith. Tiens.

    L'autre mit entre les mains du mangemort une tasse au contenu bouillant et chocolaté. AUssitôt le visage boudeur s'éclaira.

    - Merci.
    - De rien... et sache que tu ferais un très mauvais clown si jamais cette reconversion te tentais. Tu sembles tellement sérieux.

    _____


    - Tu devrais aller te rallonger, sourit Zacharias. Le coup que t'as reçu derrière le crâne était du genre... violent.

    Theodore acquiesça d'un simple hochement de tête... mais resta assit. Installé dans le canapé, aux côtés du blaireau : le serpent préféra caler sa tête sur l'épaule de ce dernier et fermer les yeux.

    - Pas le courage de bouger, marmonna-t-il. Puis t'es confortable mine de rien.

    Zacharias sourit. Il le laissa faire et alla même jusqu'à bouger son bras afin de ne pas le déranger... de l'autre main, il prit la baguette qui était désormais sienne.

    - Accio couverture.

    Maladroitement, il essaya de la mettre sur la silhouette filiforme. Il s'était douté que le serpent avait froid, à le voir avec un simple T-shirt sur le dos, mais le mangemort avait fait son possible pour ne rien montrer... comme toujours.

    Même si de moins en moins.

    Ce que ça pouvait être compliqué un serpent !

    - Bouge pas, grogna Theodore en se collant un peu plus.
    - Minute...

    _____

    L'ancien vert et argent semblait si paisible dans son sommeil que le blond n'avait pas le courage de le réveiller... et pourtant Merlin savait à quel point son bras était engourdi actuellement.

    - Comment peux-tu avoir deux visages aussi différents, Theodore...
    - Parle moins fort.
    - Tu dormais ! se défendit le premier.
    - Comme tu l'as si bien dit : je dormais, ce n'est plus le cas... la faute à qui ? La faute au blaireau qui sait pas penser tout bas.
    - Et si tu me répondais... comment tu peux avoir deux facettes aussi différentes ?
    - Je suis un homme très complexe.


    votre commentaire
  • 13 Juin 2000

    Les couloirs de l'imposante école de sorcellerie étaient calmes, vides, tranquilles. Trop calmes, trop vides et trop tranquilles même. Désertés de toute population, ils étaient plus tristes et plus misérables que jamais. Pire encore que lorsque ses habitants déambulaient entre leurs murs. Au moins avait-on alors l'impression qu'une certaine forme de vie existait toujours à Poudlard.

    Bon nombre de sorciers étaient allés trouver refuge dans le parc, au bord du lac. Ils essayaient, tant bien que mal, de se changer les idées : profiter du beau temps en compagnie de leur famille, de leurs amis était un moyen comme un autre de se vider l'esprit. Profiter de leur présence tant qu'ils étaient toujours là.

    Se forcer à sourire, à rire, à plaisanter. S'obliger à apprécier la vie. Donner l'illusion de. Faire comme si tout allait bien.

    Car tous étaient cloîtrés dans un petit monde d'illusions et de faux semblants. Dans un univers bien à eux, dans un pays où c'était à celui qui saurait le mieux dissimuler peine, peur et douleur.

    Stephen, lui, par contre, était à la recherche de Theodore. Lorsqu'il avait aperçu Zacharias installé au bord du lac en compagnie de Liam et quelques autres personnes qu'il n'avait pas cherché à identifier : l'ancien Serdaigle avait décidé de sauter sur l'occasion afin d'aller parler avec le Serpentard seul à seul... ce qui ne serait pas du luxe.

    Après avoir passé en revue tous les endroits où il avait cru que son ancien partenaire de cours était susceptible de se trouver (à savoir : la Grande Salle, la salle d'entraînement, les cachots, l'infirmerie, les cuisines et la bibliothèque), Cornfoot avait finit par se diriger vers la chambre qu'occupait Theodore lorsqu'il n'était pas au manoir Malefoy.

    En règle générale, il évitait soigneusement cette chambre lorsqu'il n'y avait que Smith qui s'y trouvait. Malgré tout, il savait que l'endroit pouvait être affreusement dérangé lorsqu'il n'y avait que le blaireau dans la pièce. A l'heure actuelle, pourtant, rien ne traînait... pas même une chaussette célibataire.

    Confortablement installé dans un fauteuil situé en face du lit qu'il occupait en temps normal, Theodore avait un coude posé sur l'accoudoir et sa tête reposait dans sa main. Sa jambe gauche était remontée contre lui et, sans réelles surprises pour Cornfoot, avait un livre sous le nez. Un peu plus encore et Stephen s'en serait voulu de le déranger... pour une fois que le serpent pouvait aspirer à un peu de tranquillité, loin des mangemorts et du bruit que faisait Zacharias.

    - Nott, appela-t-il cependant, ayant rapidement perdus ses quelques scrupules. On peut... parler ?

    Le second sorcier sortit, un bref instant seulement, le nez de son passionnant bouquin et fixa froidement le premier. Il avait difficilement réussit à virer Zacharias de la chambre afin de rester seul quelques heures afin de lire en paix... et voilà que cet imbécile de Serdaigle décidait de venir le déranger pour une obscure raison.

    Enfin... le connaissant ça allait certainement se rapporter, de près ou de loin, à Smith. Theodore serait prêt à mettre sa main à couper que le sujet de discussion serait celui qu'il craignait. Et c'était loin de l'enchanter.
    - Nous pouvons effectivement parler, confirma le brun, ne le regardant déjà plus. Mis à part si c'est pour te plaindre de Zacharias d'une manière ou d'une autre. Si telle était ton but... fais moi économiser du temps et prends la porte dès maintenant.

    L'ancien aigle hocha doucement la tête de droite à gauche, souhaitant ainsi faire comprendre à Nott qu'il se méprenait sur ses intentions et qu'il ne comptait pas faire demi-tour aussi vite. A la place, il s'installa tranquillement sur le bord du lit de Theodore qui fronça les sourcils en le voyant faire. Ce dernier ne devait pas se rendre compte d'à quel point il était facile deviner ses pensées rien qu'en le regardant... car en plus des sourcils, ses lèvres se pincèrent et son corps tout entier sembla se tendre et se tenir prêt à bondir pour le faire sortir.

    Néanmoins, sur le coup, il n'émit aucunes protestation.

    Stephen laissa s'écouler quelques minutes avant d'enfin reprendre la parole. Il espérait, au fond, que le Serpentard lui aurait posé une question afin de savoir de quoi il en retournait... et dans l'espoir qu'il ne quitte plus vite la chambre : mais il n'en fit rien. Pendant ces quelques instants de silence, Cornfoot recommença à regarder la chambre, s'attardant un peu plus sur ce qu'elle contenait.

    Lorsqu'il était de surveillance, il lui arrivait fréquemment de détailler les pièces où les sorciers dormaient. Ces endroits lui permettaient d'en apprendre davantage sur leurs occupants. Alors qu'une personne pouvait mentir sur ses intentions, sur ses sentiments et sur ses pensées, il était bien plus difficile de faire mentir une pièce. De tout dissimuler.

    Le lit du premier était, sans réelles surprises, parfaitement fait tandis que les draps du second étaient en boule sur le matelas. Cela correspondait à l'idée qu'on se faisait de ces deux là. Un Theodore qui n'appréciait pas le désordre et un Zacharias qui laissait ses affaires en plan. Il trouvait étrange que le premier n'ait pas décidé de refaire le lit du second... mais soit. Pourquoi pas.

    Sur la table de chevet du serpent se trouvait une quantité impressionnante de petites fioles. La majorité était pleine, mais certaines d'entre elles semblaient être entamées. Celle de Smith, en revanche, regorgeait d'objets en tout genre... allant de fausses baguettes en réglisses aux restes de bougies totalement fondues, en passant bien évidemment par des bandages toujours soigneusement enroulés.

    - Comment peux-tu supporter Smith ? Questionna-t-il finalement, fuyant le regard de son interlocuteur.
    - Cornfoot, il me semblait t'avoir dit que, commença à siffler Theodore. Fou le camp !
    - Non non ! Se hâta à dire le premier. C'est simplement que... c'est juste de la curiosité, j't'assure. Vous êtes tellement différents... Votre entente dépasse la logique.

    L'ancien Serpentard plaça un morceau de parchemin dans l'épais livre qui était toujours sur ses genoux. Sans doutes aurait-il réussit à retenir sa page sans cela, mais il préférait rester prudent. Une fois ceci fait, il le ferma enfin, mais le garda sur ses genoux. Son regard était rivé sur le sorcier qui était toujours assit sur son lit et qui donnait l'impression de ne pas vouloir en bouger tant qu'il n'aurait pas reçu un minimum de réponses à ses questions.

    - Zacharias n'as pas toujours été comme ça, murmura Nott. Je sais pas si tu te souviens de lui quand on était encore étudiants mais... il était capable de sourire, de rire, de vivre à l'époque. Il était même capable de faire confiance, c'est dire.
    - Il te fait confiance, rappela l'autre. Si c'est pas de la confiance, j'sais pas ce que c'est.
    - Sans doutes, accepta le premier. Sans doutes mais... il faisait plus facilement confiance que maintenant c'est ça que je voulais dire. Trop facilement confiance car certaines personnes ne la méritaient pas. C'est là que se trouve le nœud du problème. C'est ça qui l'a... changé.

    Assit bien droit sur le lit, Cornfoot n'interrompit pas Theodore. Pas pour l'instant. Il préférait que le serpent aille un peu plus loin dans ses explications avant de reprendre la parole pour faire ses remarques.

    - Zach n'a pas un mauvais fond, il se protège simplement par peur de souffrir de nouveau. C'est une chose qu'on a coutume de nous reprocher, à nous autres, Serpentard, mais c'est une chose que l'on fait tous, y compris les Gryffondor... y compris toi, se permit-il de dire, un petit sourire moqueur sur le coin des lèvres. Tout le monde se protège, même si tous n'en sont pas conscient.

    Stephen ne semblait pas convaincu et ne s'en cacha pas.

    - Tu dois te souvenir, j'espère, de John Cadwallader...
    - C'était un Poufsouffle, non ? Répondit l'aigle sans voir l'intérêt de la question. Il s'est fait tuer y a deux ans... ou un truc comme ça.

    Le serpent confirma ce que venait de dire son ancien camarade. Un sourire triste sur le visage, on eut pu croire qu'il était en train de se replonger dans un souvenir particulièrement douloureux. Ce qui était le cas. John avait été un ami de Zacharias. John avait été son ami.

    - Megan Jones, reprit Theodore, la voix tremblotante. Zach et elle... ils étaient proches, vraiment proches. Tout comme John et Zach, ou Zach et moi, ajouta-t-il pensif. Mais il l'a tué. Il a dû tuer une de ses plus anciennes amies dans un acte de légitime défense.
    - Quel rapport avec Cadmallader ?
    - John Cadwallader, le corrigea le premier plus agressif qu'il ne l'aurait voulu. Avant d'essayer de tuer Zach, elle s'en est prise à lui. Il n'a pas eu la chance d'en réchapper, lui. Zach a eu du mal à supporter ces deux pertes successives.

    A présent, vert et bleu se regardaient. Muets.

    - Il fait des cauchemars. Il a peur que quelqu'un, à l'intérieur du château, ne vienne le tuer dans son sommeil. C'est à ça que servent les bougies, que servent les baguettes... il espère qu'ainsi il aura le temps de se défendre. Tu pourrais savoir tout ça, Stephen, si tu n'étais pas aussi occupé à le détester, lui reprocha-t-il. Tu pourrais savoir ça si tu faisais ton boulot pendant tes gardes... et si tu daignais passer dans cette chambre même en mon absence.
    - Nous avons tous nos démons, commença à voix basse le second. Des choses horribles sur la conscience, des choses dont nous ne sommes absolument pas fiers et que jamais nous ne saurons oublier et encore moins nous pardonner. Et pourtant, sommes-nous tous devenus comme lui ? A repousser et se méfier de tout le monde !
    - Nous avons tous une approche différente des événements, Cornfoot. J'aimerais voir comment tu réagirais si vos rôles étaient inversés... si tu avais dû tuer une personne qui t'étais chère.

    Stephen se leva enfin du lit sur lequel il était resté assit tout du long. Il fit quelques pas en direction de l'ancien Serpent, qui fût un de ses partenaires de cours. Ce dernier ne se méfia pas, ne voyant là rien d'anormal, et resta sur son fauteuil à fixer son locuteur.

    -  Il ne s'est jamais vraiment remit de la mort de John et de la trahison de Megan... il a peur d'être de nouveau déçu par ses proches et les garde donc éloignés... tu ferais pareil. J'en suis convaincu.

    Il pensait n'avoir rien à craindre du comportement du Serdaigle jusqu'à ce que celui-ci ne lui attrape le poignet et ne remonte, de force, sa manche. La marque des ténèbres qui s'y trouvait apparut alors.

    - Maintenant permet moi de te poser une autre question, murmura-t-il à son oreille. Comment se fait-il que ce soit toi qui ait la confiance de Smith... alors que tout le monde sait que tu es marqué. Comment peut-il te faire confiance et te supporter sachant que tu es un des leurs ?
    - Ce n'est pas le moment, Cornfoot, cracha Theodore en se dégageant de sa prise et rabaissant sa manche. C'est pas le moment pour ce genre de conneries, bon sang !

    Le Serdaigle essaya de lui reprendre le bras afin de le confronter à ce qu'il était avant d'être membre de l'Ordre ; mais sa victime l'évita de justesse et le fusilla du regard.

    - Je veux savoir si je peux te faire confiance. Savoir si ON peut te faire confiance. Savoir comment certains peuvent te faire confiance.
    - Va demander à Severus, siffla Nott. Il sera ravi de te répondre, j'en suis certain. Maintenant dégage si tu ne veux pas que je te dégage moi-même.


    2 commentaires