• Sans ménagement, le brun fût jeté dans une cellule qui lui parut encore plus exigüe que lors de sa première incarcération. Sans doutes n'était-ce qu'une impression. Après tout, la fois précédente il n'avait pas encore obtenu l'autorisation de sortir de l'hôpital lorsqu'il y avait été traîné contre avis médical. Le choc entre la taille d'une des chambres blanches et aseptisées de St Mangouste et une cellule sombre et crasseuse d'Azkaban devait être moindre que celle entre un manoir et une cellule.
     
    Enfin deux manoirs et demi, théoriquement.
     
    - J'espére que tu as profité de la vie, Nott.
     
    Partout autour de lui : des cellules vides ou alors habitées par des fous. Qu'est-ce que Theodore n'aurait pas donné pour avoir de nouveau Marcus Flint à ses côtés mais depuis le temps... depuis le temps son ancien camarade serpent ne devait plus avoir toute sa tête (l'avait-il simplement eut un jour ?). Enfin ça c'était s'il n'avait pas tout bonnement perdu la vie. Ce qui lui serit peut-être préférable au fond.
     
    C'est la boule au ventre que le brun alla s'installer dans un des coins à l'aspect le moins douteux. Il essayait de disparaître et de ne faire plus qu'un avec le noir. 
     
    On lui avait retiré ses vêtements et il avait dû revêtir l'uniforme réglementaire des prisonniers mangemorts. Détention provisoire. Présumé innocent jusqu'à preuve du contraire. Les conditions, pourtant, d'un coupable. 
     
    La chaînette de James, la gourmette offerte par Zacharias... tout lui avait été retiré au même titre que son pull ou ses chaussettes. Nu pied dans des chaussures qui filtraient l'air : le brun ne cessait de frissonner. Il n'était pas encore réhabitué au froid ambiant et ne voulait pas l'être ! 
     
    Il voulait sortir. Il voulait sortir parce que non il n'avait pas suffisamment profité. Il avait encore tellement à faire à l'extérieur ! Tellement à dire à ceux qu'il côtoyait.
     
    Sans s'en rendre compte, Theodore commença à jouer avec les chaînes qu'on lui avait passé au niveau des pieds. Celles à ses mains ne le gênait pas plus que ça même si elles étaient légèrement trop serrées... en revanche : ses chevilles souffraient le martyr !
     
    - Tu n'auras aucun passe droit cette fois, ricana un gardien en fermant la porte.
     
    oOo
     
    Theodore aurait aimé ne pas être celui qu'il était. Être comme Blaise, par exemple, qui avait su éviter la marque. S'il en avait lui aussi été capable alors rien de tout ceci n'aurait eu lieu. Jamais on ne l'aurait envoyé à Azkaban sous prétexte qu'il était mangemort puisqu'il ne l'aurait pas été.
     
    Il n'aurait pas non plus été attaqué par Carrow. N'aurait pas gagné la salle sur demande de cette manière et ne se serait pas réconcilié avec Zacharias.
     
    Ou peut-être que si... puisqu'il aurait été perçu par cet homme comme un traître à son sang. 
     
    A la place il l'avait reçu et le mal était fait. Bien moins imposant physiquement que Zabini, il n'avait en plus pas été capable de tenir tête à son père. Quand il était rentré chez lui à la fin de sa sixième année, lorsque James et Theophile s'étaient affrontés du regard : c'est à ce moment là que Nott Jr aurait dû faire son choix. S'affirmer face à ce vieil homme qui se disait être son paternel et suivre son précepteur.
     
    - Je trouve pas ça drôle, entendit le brun venant de la cellule de gauche. C'est même pas drôle du tout. Hey ! Depuis quand les gardiens ont de l'humour ?
     
    Le nouvel arrivant venait d'appeler l'homme qui avait fermé sa cellule mais ce dernier ne daigna pas se tourner. Alors le mangemort accorda toute son attention au sorcier à sa droite. Les yeux ronds, la bouche entrouverte, les bras serrant ses jambes, il était tourné vers Theodore et le contemplait : tout simplement.
     
    - Moi non plus. C'est pas drôle d'être ici, en fait.
     
    Vêtu d'un horrible uniforme dans lequel il flottait amplement (Nott avait pourtant réussit à avoir le plus petit modèle présent), il se disait que tous les prisonniers se devaient d'être de grands gaillards pleins de muscles... ce qu'il n'était absolument pas. Le brun tourna la tête en direction du sorcier dont il sentait le regard.
     
    Il écarquilla les yeux de stupéfaction en reconnaissant l'individu. C'était incroyable que Marcus soit encore en vie, capable de raisonner et en mesure de formuler des phrases cohérentes qui plus est. Incroyable.
     
    - Qu'est-ce que tu fous là, Notty-boy ? Lui demanda le plus âgé. Ca fait... comment tu peux être là alors que tu devrais pas être là ? Tu devrais être mort ! Tu... tu as reçu le baiser il y a déjà... quelques années. Non ?
    - J'l'ai pas reçu, murmura Theodore sans le quitter des yeux. On a su me faire sortir au dernier moment.
    - Smith, rit-il. Smith a réussi à te sauver ! Il est génial ce blaireau ! Peut-être parce qu'il est plus Serpentard que toi tu ne l'as jamais été et... ah bon sang mais t'es vivant Theodore ! C'est formidable et incroyable ça !
    - Je suis vivant et à Azkaban, siffla Nott, le regard noir. Je suis vivant ET à Azkaban ! Tu peux trouver ça incroyable puisque je devrais être mort mais c'est loin d'être formidable ! Très loin même ! Je pourrais être chez moi et non. NON ! Je suis ici ! JE SUIS ICI MARCUS ! ICI ! A Azkaban !
    - Et on pense que tu as fait quoi, cette fois ?
    - Accusé d'avoir tué Brian, encore. Accusé d'avoir tué Anthony. Accusé d'avoir tué Hermione et fait croire que c'est elle qui voulait me tuer... on me prend pour un gros taré en fait.
    - Hermione ? Granger ? Elle est morte, elle ?
    - En voulant me tuer.

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  • - Je ferais tout mon possible pour l'aider, promis John. Je vais essayer de suivre son dossier et : je t'assure que je ferais de mon mieux.
    - Si tu fais de ton mieux alors j'ai confiance, tenta de dire Zacharias d'un ton léger qui, pourtant, ne trompa pas son ami. 
     
    Lorsque Theodore s'était retrouvé en fauteuil suite à la folie meurtrière dont avait été prise Hermione et qui, ironiquement, lui avait coûté la vie : Zacharias était arrivé un soir chez John, la bouche en coeur et un énorme service à lui demander. Le blond voulait savoir si, lorsqu'il n'avait pas de cours théorique ou pratique, aller voir le brun et lui tenir compagnie le dérangerait.
     
    Dans un premier temps réticent, il avait fini par céder et accepter la folle requête de son ami. Il n'oubliait pas aussi facilement que Smith que Nott avait été un Serpentard et même LE Serpentard qui avait rendu Zacharias particulièrement agaçant pendant une longue période... mais il avait cédé.
     
    Après tout : Zacharias était aussi Zacharias que Theodore était Theodore. Ils avaient chacun une manière bien à eux d'obtenir ce qu'ils voulaient : mais celle-ci fonctionnait. 
     
    Quelques jours avaient suffit pour que cette corvée n'en soit plus une. Le vert et argent savait bien se faire apprécier et pouvait être d'une compagnie parfois plus agréable que celle de Zacharias.
     
    Cadwallader avait d'ailleurs vu que Justin, Ernie et Susan appréciaient eux aussi énormément le serpent. La dernière n'allait pas souvent le voir mais lorsqu'ils étaient à deux : plus rien d'autre semblait exister. Ils étaient dans leur monde. Un monde que Smith détestait, d'ailleurs.
     
    En revanche, Hannah n'avait jamais eu le moindre atome crochu avec le brun. Contrairement à ses camarades Poufsouffle, elle n'avait jamais pu comprendre ou même accepter qu'il n'était pas nécessairement comme les autres serpents. Tout comme elle n'était pas comme les autres blaireaux.
     
    Son fanatisme actuel pour la personne de Zacharias ne devait pas aider. La haine de la jeune fille pour le malheureux devait être alimentée par ce semblant d'amour à sens unique.
     
    - Sans lui... j'ai l'impression que... que je peux pas. De stagner. C'est comme... quand Justin met son truc de moldu sur pause et que l'image s'arrête jusqu'à ce qu'il relance. 
    - Là, par contre, tu perds ton côté chou et tu deviens un peu flippant...
     
    Alors que John était censé être encore en couple avec la jeune Abbot : celle-ci avait eu le sentiment d'être mise sur le côté au profit du reptile. C'est cet éloignement, inexistant pour Cadwallader, qui avait causé leur rupture. 
     
    Peu de temps après, Smith commençait à se plaindre d'Hannah. Elle n'avait plus d'yeux que pour le blond qui, lui, ne voyait en elle qu'une ancienne amie ou un sortilège de glue perpétuelle en l'occurence. Seul Theodore l'intéressait.
     
    Finalement, le futur auror en viendrait presque à plaindre son ex-petite-amie. Presque.
     
    - Je sais, marmonna Zacharias avant de changer de sujet. Est-ce que tu sais ce qu'il aura à... à supporter là-bas ? Enfin oui tu le sais... forcément. C'est ton boulot de savoir. Tu ne m'as rien dit. Si tu ne m'as rien dit c'est que ça ne va pas me plaire donc... au fond : je pense que ça me mine autant le moral que si j'avais été au courant de ce qu'il aurait à supporter. 
    - Smithy, n'oublie pas de respirer quand tu parles, sourit tristement Cadwallader. Oui je sais quelles seront ses conditions de détention. Et oui je pense que te mettre au courant serait une mavaise idée.
     
    Son voisin commença à se prendre la tête entre les mains. Ses épaules tressaillaient. Quelques sanglots se faisaient entendre. Deux ou trois larmes commençaient à couler.
     
    - Mais dans la mesure où tu peux trouver la réponse dans des manuels tout public : si tu tiens vraiment à le savoir sache que je suis là.
    - J'ai peur de savoir. J'ai peur de ce qu'on lui fera endurer. J'ai peur de... de ne pas être capable de l'aider une seconde fois. 
     
    John hocha simplement la tête. Il se doutait qu'il recevrait une réponse de ce genre. Zacharias tiraillé entre son envie de savoir pour se représenter Theodore comme il fallait... et sa crainte de s'imaginer le brun dans une situation peu enviable.
     
    - Je me sens pas capable de... de tout recommencer. Ses nuits blanches, ses cauchemars, son silence, ses peurs, son incapacité à manger correctement, ses doutes, ses blessures, énuméra le blond. Il était détruit... Teddy était détruit et le revoir comme ça... je supporterais pas, John.
    - Cette fois tu n'es pas seul. La dernière fois tu ne t'es pas reposé sur Neville et... Hermione. Mais... aujourd'hui tu as Drago, Justin, Susan, Ernie, Harry, Neville et moi. On est là pour toi et on sera là pour lui.
    - Malefoy ? Là pour moi ? Se moqua Zacharias.
    - D'après ce que j'ai appris : quand Theo a sauté... il était bien là pour toi.
     
    Le blond hocha la tête sans pour autant lever les yeux. A quoi bon ? Que verrait-il à part le regard emplit de pitié de son ami.
     
    - Alors... tu veux savoir ?
    - Pas maintenant. Là je... je veux garder quelques heures encore l'image de Ted endormi et serrant mon oreiller contre lui.
    - Tu sais : Justin a des photos plutôt réussie de vous deux.
    - Combien de fois il a pu nous faire chier, lui, avec son appareil.

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  • - Attends un peu, ordonna soudain John. Il a reçu une lettre. Theodore a reçu une lettre, l'avait vu en prémonition ou je sais pas trop comment ça s'appelle.
    - Ahein, confirma le blond en levant les yeux vers lui.
    - Merlin ! Mais pourquoi vous ne me l'avez pas dit, s'indigna le premier. Pourquoi vous ne me l'avez pas dit ! J'aurais pu essayer de faire quelque chose.
     
    Cela faisait maintenant quelques heures que Smith et Cadwallader avaient cessés de parler de l'arrestation de Theodore... mais le second venait tout juste de remettre sur le tapis ce sujet fort déplaisant se rendant compte de ce que son ami lui avait dit un peu plus tôt.
     
    Toujours installé sur le canapé, Zacharias s'était plongé dans un roman que son "presque auror" d'ami lui avait mit su les genoux afin de l'occuper et lui permettre de penser un peu à autre chose qu'à son petit ami derrière les barreaux. De l'autre côté, John s'était déjà lancé à la recherche d'un moyen d'accélérer la libération de son ami. C'est pourquoi de temps en temps il posait des questions au premier... auxquelles celui-ci s'empressait de répondre.
     
    - Zach... j'aurais pu essayer.
     
    D'après ce que Smith lui-même avait pu lui dire même s'il n'en était pas tout à fait certain : John avait conclu, à regret, que Theodore serait considéré comme mangemort même s'il n'était qu'en détention provisoire. Il avait connaissance de toutes les difficultées que le brun aurait à traverser.
     
    Cadwallader avait apprit à connaître le serpent, il avait même apprit à l'apprécier autrement que de loin pour sa faculté presque innée qui lui permettait de calmer Zacharias (ou de le faire complètement sortir de ses gonds, ça aussi il s'en souvenait... au début de leur quatrième année : la pire rentrée de sa vie). Il doutait que Nott puisse tenir aussi longtemps que la première fois. Il était non seulement plus faible à cause des dernières années qui ne lui avaient pas fait le moindre cadeau mais ses conditions de détentions seraient également bien plus difficiles. Les détraqueurs n'auraient pas beaucoup à faire pour le tuer.
     
    Theodore, si fier et tellement bien capable de le cacher, était encore faible physiquement et psychologiquement. 
    Theodore pouvait très bien ne plus être d'ici un mois... voire peut-être moins.
     
    - Tu n'aurais rien pu faire, marmonna le blond qui avait posé son livre. A part nous donner de faux espoirs et les faux espoirs c'est pire que tout.
    - Mais ça reste de l'espoir, murmura John en prenant la tasse de café que tendait l'elfe du brun pour la donner à son ami. Tiens prend ça, Zach... et merci Dips.
     
    Les deux blaireaux se regardaient. Cadwallader voulait rassurer son ami mais ne voyait pas comment s'y prendre. QUe pouvait-il faire ? Que pouvait-il dire ? La situation était tellement précaire et la suite serait probablement pire.
     
    - C'est Theodore.
    - C'est Theodore, confirma le plus grand des deux. Il fait tout pour me faire croire le contraire mais je sais qu'il est encore faible. Il n'est pas totalement remit de sa première incarcération. Il n'est pas totalement remit des je-ne-sais-combien de tentatives de meurtre auxquelles il a dû faire face. Sa jambe ! Tu crois que je ne vois pas qu'il a encore mal ? Et il aura sans doutes toujours mal... mais il est trop fier, trop con pour me le dire !
     
    Au début, John s'était vraiment demandé pourquoi Zacharias semblait être aussi fasciné par ce grand serpent, toujours seul. Il avait à tord pensé que c'était pour embêter Ernie, embêter un Serpentard et se faire remarquer par la même occasion. Il l'avait poursuivi et harcelé jusqu'à s'en faire un ami. Le premier vrai ami du blond... mais il était aussi le premier vrai ami du brun. Ils s'étaient bien trouvés et se complétaient à l'époque.
     
    Quand Theodore s'était lié d'amitié avec Blaise, ils s'étaient éloignés jusqu'à se disputer et ne plus s'adresser la parole pendant plus de trois ans. Ce n'est que lorsque le Serpentard avait été amené dans la salle sur demande grièvement blessé que tout avait reprit presque comme avant. Les quelques années de froids semblaient, étrangement, ne pas avoir existées... voire même les avaient davantage soudés. Tous avaient alors pu voir, et non plus seulement John, que Theodore pouvait calmer le blond sans même s'en apercevoir.
     
    Tout s'était ensuite accéléré. Après la bataille finale, d'où le serpent avait failli ne pas en revenir, il avait passé quelques semaines à St Mangouste avant d'être, trop rapidement, traîné en prison. Son ami avait su le faire libérer et depuis : ils ne s'étaient jamais vraiment quittés. Eloignés oui, parfois, quelques jours ou un mois mais c'était tout. Ils étaient comme attirés l'un par l'autre tels deux aimants.
     
    Deux aimants à ennuis.
     
    - Il me manque déjà, souffla le blond, le nez dans sa tasse de café. Il n'est parti que depuis ce matin et pourtant il me manque déjà. Pathétique.
    - C'est parce que tu ignores quand tu le reverras... tu n'es pas pathétique, Zach. C'est plutôt mignon.
    - Mignon ? Répéta le premier. C'est tout sauf mignon ! C'est effrayant ! Je suis un drogué, John.
    - Un drogué abominablement... chou, alors.
     
    Comment Zacharias vivrait-il l'absence de son serpent ?
    Si jamais celui-ci n'en revenait pas, que feraient-ils ?
    Cadwallader savait qu'il ne fallait pas penser ainsi et s'imaginer le pire mais : Theodore était Theodore et il était bien difficile, pour ne pas dire impossible, de ne pas s'en faire pour lui.

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  • Après avoir acquiescé, Goldstein poussa plus doucement que jamais le prisonnier vers l'avant. Du doigt, il lui désigna le bout du couloir et laissa Theodore avancer à son rythme. L'auror ne proposa pas son aide, mais le serpent ne s'en formalisa pas bien trop heureux qu'il était de ne pas devoir forcer sur son membre douloureux.
     
    Pour se rendre à la si effrayante prison pour sorciers, ils n'avaient d'autres choix que de transplaner jusqu'à un petit quai de bois. Là-bas, une barque devait normalement être affretée et les attendre. Seul le jeune Nott montera à son bord et c'est à ce momet là qu'il serait officiellement considéré comme prisonnier d'Azkaban... et en détention provisoire pendant l'enquête qui était faite.
     
    - Comment tu te sens ? Demanda gentiment Goldstein sans transplaner et invitant le plus jeune à s'adosser un peu. 
    - On a toujours pas élevé les pitiponks ensemble vous savez, répondit le plus jeune dans le fol espoir que cette réplique dissimule ses nombreuses craintes. Vous pensez que je pourrais en élever un jour ?
    - Nott, soupira le premier en levant les yeux au ciel. Si tu n'as rien à te reprocher : de quoi as-tu si peur ?
    - De la justice. De votre justice.
     
    Comme il avait déjà pu le dire à son vis-à-vis, Theodore connaissait, un peu malgré lui, la justice de son monde et n'avait pas beaucoup d'espoir. Ce que le capitaine avait pu lui apprendre au sujet de ses conditions d'incarcération lui avait bien fait comprendre sa survie était des plus incertaine. 
     
    Ajoutez à cela sa première expérience du milieu carcéral et ce tête à tête inexistant avec l'objectivité des siens... et il était amplement compréhensible d'avoir un serpent inquiet.
     
    - Cadwadarell, répéta l'auror afin de ne pas se tromper de destinataire et, surtout, faire un peu traîner les choses pour Theodore.
    - Cadwallader, le corrigea aussitôt le prisonnier. Il est en stage pratique dans votre service depuis trois mois. Vous avez déjà dû le voir, le croiser et peut-être même travailler avec lui.
    - Ah mais oui, c'est John !
    - John Cadwallader, il y a des chances que Cadwallader soit son nom et John son prénom, oui.
    - T'es vraiment un mec du genre chiant, Nott. Tu sais ça ?
     
    Pour toute réponse, il eut droit à un serpent qui tombait. Jusque là adossé contre un des murs de la zone de transplanage de l'étage, Theodore n'avait rien laissé paraître sur son état. L'auror s'était douté de rien et s'en inquiéta... même s'il ne le dirait pas.
     
    "- Essaye de faire vite, souffla-t-on au jeune sorcier. Qu'on nous renvoie rapidement en cellule.
    - T'es pas obligé de faire tout ça, murmura le brun. S'ils l'apprennent... je veux pas qu'ils s'en prennent à toi en plus de s'en prendre à moi.
     
    Theodore ne pouvait voir celui à qui il s'adressait. Celui qui l'aidait. Celui à qui il ne voulait pas qu'il arrive malheur. Il entendait sa voix, il savait qu'elle ne lui était pas inconnue mais ne pouvait l'identifier.
     
    - Au moins je ne serais plus obligé de manger cette bouffe absolument dégueulasse qu'on nous donne ici et que j'oserais même pas donner à mon elfe de maison en guise de punition. Je sais pas si tu te souviens d'à quel point c'est répugnant ? Bah maintenant : c'est pire."
     
    Le serpent était en train de rouvrir les yeux. Un peu perdu, il regarda autour de lui. Il semblait à la recherche de quelque chose... ou de quelqu'un.
     
    - Smith ? Proposa Goldstein. Il n'est pas là.
    - Je sais, marmonna le second dans sa barbe. Il sera plus jamais là.
     
    L'auror le fixait, l'air désolé. Sans rien ajouter, il se redressa et aida Theodore à faire de même. Cette fois : hors de question qu'il le lâche. Il était tombé une fois c'était suffisant.
     
    - Ca t'arrive souvent ce genre de petites chutes ? Finit-il pourtant par demander une fois devant le quai mais avant qu'il ne passe le relai aux gardiens.
    - Quand mon "don" comme vous l'appelez se manifeste, grommela Theodore. Avant c'était plus simple et j'avais juste l'air ailleurs.
    - Qu'est-ce qui a changé ? Interrogea le premier en avançant lentement et se retrouvant face aux autres.
    - Je suis peut-être intelligent mais je ne suis pas Merlin non plus hein.
     
    Ce fût la dernière chose que pu dire le serpent tandis que les chaînes qui l'entravaient étaient en train de changer de mains. L'auror évitait, à présent, le regard de celui qu'il avait arrêté le matin même et celui-ci ne faisait rien pour l'y contraindre. Au contraire.
     
    Il avait beau espérer que le capitaine des aurors fasse quelque chose pour l'aider... il n'avait pourtant pas beaucoup d'espoir. Ses mots semblaient avoir eu un petit impact sur lui mais Theodore doutait que ça ne dure longtemps.
     
    De nouveau il lui faudrait placer toute sa confiance en Zacharias et Potter. Et John. John qui était peut-être le mieux placé. D'eux-tous, il était celui qui connaissait le mieux les lois en action dans leur pays. Il était celui qui saurait le mieux suivre son dossier. Il n'était peut-être pas encore spécialisé mais qu'importait. Avoir confiance en John ? Ca semblait possible.
     
    Il y avait aussi Drago, au fond. Lui aussi devait être capable de s'en sortir au niveau juridique... Il parierait plus facilement sur son ancien ennemi que sur Zacharias et Potter réunis.
     
    - Bonne chance, Nott.
    - De la chance ? Comme si j'en avais eu un jour...

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  • Les choses n'avaient pas énormément évoluées. Rien n'avait changé, au fond. Non pas que Theodore en soit réellement surprit après tout : son arrestation ne devait pas reposer sur la décision d'un seul homme qui n'avait pas encore été capable de faire le deuil de son fils unique. D'autres éléments déclencheurs devaient exister. Ils étaient là. Quelque part. Pas loin. 
     
    Mais où ?
     
    - Assied toi, Theodore, ordonna calmement Goldstein.
     
    Légèrement hésitant : le jeune serpent n'eut pourtant d'autres choix que d'obtempérer. C'était lui le prisonnier, apprès tout, et l'autre homme était l'auror. Ils n'étaient pas sur un pied d'égalité et le fils Nott semblait ne plus avoir le moindre droit. La justice magique était vraiment une drôle de chose. 
     
    Tout le monde disait qu'elle existait... mais personne ne croyait en elle.
     
    Et une fois qu'on y avait affaire : même son existence n'était plus qu'un souvenir.
     
    - N'ais pas peur, murmura le plus vieux en lui tirant la chaise. Détend toi.
    - C'est un peu facile de dire ça, grogna Theodore.
    - On m'avait dit que tu étais un gentil garçon, se moqua le premier. J'attend de voir ça.
    - Je suis gentil... mais pas avec les gens qui m'arrêtent sans raison, qui me frappent sans raison et qui me bassinent pendant des heures pour que j'avoue un crime que je n'ai pas commis : je suis désolé avec ça.
     
    Il ne regardait pas l'auror, mais le garçon qui était marqué aurait mit sa main à couper qu'un bref éclat de rire avait quitté sa bouche ! Rien que ça. Comme si la situation se prêtait à pareille réaction.
     
    - La tête, ordonna-t-il en attrapant son menton et le forçant à lever les yeux. Là, comme ça.
     
    Le voyant louchait, inquiet, sur la baguette que tenait son interlocuteur. Il se demandait ce que celui-ci allait bien pouvoir faire et en quoi son arme (puisqu'à l'heure actuelle elle ne servait bien qu'à ça) allait lui être utile. 
     
    Quelle ne fût sa stupéfaction lorsqu'il comprit que Goldstein était en train de soigner son visage. Il avait été le premier à frapper et celui qui l'avait le plus amoché avec ses coups à la fois nombreux et forts. Ce n'était pas la liberté tant attendue qu'on venait de lui donner... mais c'était déjà bien plus que tout ce qu'avait osé espérer Theodore. 
     
    - Merci, souffla-t-il en adressant un fin sourire reconnaissant. De... de m'avoir soigné.
    - Je ne suis pas méchant, se contenta l'auror. Les gardiens te fileront ton uniforme à ton arrivée ainsi que les chaînes. Les visites te seront interdites mais... 
     
    Le serpent se mordillait de nouveau la lèvre inférieure et ne quittait pas des yeux le second sorcier en pleine possession de ses mouvements. Il écoutait avec attention le traitement qui serait le sien pour une durée indéterminée... mais qu'il espérait la plus courte possible.
     
    - Je ne doute, cependant, pas un instant que tu réussiras à te débrouiller pour en avoir quand même.
    - Je...
    - Tu auras trois repas par jour normalement sauf si tu fais des tiennes bien entendu, poursuivit Goldstein sur sa lancée. Tu pourras également prendre une douche chaude par semaine, les autres seront froides. Vous êtes sous surveillance afin d'éviter les bagarres... elles sont également limitées, t'es pas non plus à l'hôtel : mais tu dois t'en douter.
    - Je, retenta le vert et argent. Je resterais combien de temps là-bas ?
    - Aussi longtemps que ne durera l'enquête, répondit le capitaine. Voire plus mais ça... ça dépendra du résultat de celle-ci, évidemment. 
     
    L'ancien prisonnier acquiesça. Il espérait que cette seconde incarcération ne serait pas aussi longue que la première. Non seulement les conditions étaient bien pires cette fois, mais les prisonniers étaient, eux aussi, plus effrayants encore que la fois précédente.
     
    - Tu seras également en compagnie presque constante des détraqueurs, ajouta Goldstein sans oser regarder l'autre. Si tu parviens à sortir... il faudra voir dans quel état tu seras.
     
    L'estomac noué, Theodore se força à hocher la tête afin de faire comprendre à son interlocuteur qu'il avait comprit ce qui venait de lui être annoncé. Parler, pour l'instant, lui semblait impossible.
     
    - Les objets qui ne pourront être avec toi en cellule seront restitués à la personne de ton choix, reprit l'auror en comprenant le silence du prisonnier. Je présume que ce sera Smith puisqu'il se trouvait chez toi ce matin... et que je ne pense pas que ce soit inhabituel.
     
    Hésitant, Nott secoua pourtant négativement la tête. Il savait quels seraient les items qu'il avait sur lui et qu'il ne pourrait pas garder. C'était facile de le deviner : tout ce qu'il possédait actuellement... ne serait plus à lui d'ici une heure ou deux. Que ce soit sur lui ou dans ses poches : tout serait restitué à la personne de son choix.
     
    Il ne souhaitait pas que ce soit Zacharias. Il ne pouvait infliger ça au blond. Se trouver une fois face à l'auror Goldstein était amplement suffisant et le contraindre à vivre une seconde confrontation... c'était prendre le risque que le blaireau explose.
     
    - John Cadwallader, s'il-vous-plaît, murmura le serpent, espérant que Smith comprendrait son choix. C'est à lui que j'aimerais qu'on remette mes... affaires.

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